JusticePort-Gentil

Quand les gangs font la loi et les militaires prennent des congés payés

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Ah, Port-Gentil, la capitale économique du Gabon, où l’on s’attend à des week-ends tranquilles, à savourer du poisson grillé en bord de mer. Mais le vendredi 23 août 2024, les habitants ont eu droit à un autre genre de festin : une soirée de violence pure, offerte par une troupe de jeunes aux cagoules bien serrées et aux machettes bien aiguisées. Quarante amateurs de frissons ont décidé d’ajouter un peu de piquant au quotidien des Portgentillais en transformant la ville en zone de guerre.


La situation a atteint son apogée au quartier des Trois Métisses. Plus de 70 « ninjas des temps modernes » ont décidé de jouer à un jeu bien particulier : « qui braquera le plus de passants ce soir ? » Et le tout sans intervention immédiate de nos vaillants protecteurs en uniforme, bien sûr. On pourrait presque croire que les forces de l’ordre étaient en train de jouer à cache-cache avec les malfrats, sauf que cette fois, c’était la population qui se retrouvait à découvert, sans aucun soutien.

Les scènes décrites par les témoins ont tout d’une série B mal ficelée, mais malheureusement pour Christelle et tant d’autres, ce n’était pas de la fiction. « Ils nous ont pris nos sacs et nos téléphones, c’était effrayant », raconte-t-elle, encore sous le choc. Mais que font nos forces de l’ordre pendant ce temps-là ? C’est la question à un million de francs CFA que tout le monde se pose.

Imaginez un instant un monde où les forces de sécurité sont aussi réactives que l’estomac d’un Gabonais face à un plat de manioc mal cuit. Ah non, désolé, c’est la réalité d’Haïti que je viens de décrire. Un pays où les gangs ont pris le contrôle des rues, parce que les autorités ont décidé de faire la sieste au lieu de faire leur boulot. Le parallèle est tentant, mais terrifiant : Port-Gentil est-elle en train de devenir la nouvelle Haïti, où la loi est dictée par ceux qui crient le plus fort et frappent…

On est en droit de se demander si nos chers militaires, qui dirigent le pays d’une main de fer depuis le 30 août 2023, ont confondu les cahiers des charges. Diriger le pays, c’est aussi garantir la sécurité des citoyens, non ? Parce que si c’est pour laisser prospérer des gangs en plein cœur de la ville, autant leur confier les clés de la mairie et les laisser gérer le reste aussi. Peut-être que les Portgentillais seront mieux protégés sous la coupe de ces nouvelles autorités autoproclamées.

Les habitants n’ont plus d’autre choix que de se défendre eux-mêmes, une belle leçon de civisme en mode survie. Après tout, quand la police est aux abonnés absents, pourquoi ne pas s’improviser justicier de quartier ? On est peut-être en train de préparer une nouvelle génération de héros locaux, ceux qui, à force de coups, auront réussi là où les forces de sécurité ont échoué.

En attendant, Port-Gentil plonge dans une ambiance digne des meilleurs films d’horreur : les rues désertes, les portes et fenêtres verrouillées dès la tombée de la nuit, et ce sentiment oppressant que le prochain coup viendra sans prévenir. Le tout dans un silence assourdissant des autorités, comme si les appels à l’aide des citoyens ne traversaient plus les murs des bureaux climatisés.

Alors, chers militaires, chers policiers, chers gendarmes, si vous pouviez, entre deux siestes, penser à faire votre travail, ce serait apprécié. Parce qu’à ce rythme, Port-Gentil va finir par entrer dans l’histoire comme la première ville gabonaise à être dirigée par des gangs. Et ça, on s’en passerait bien.

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