Ika RosiraPort-Gentil

On n’est pas de la Colombia. – Ika Rosira

c'est

Oui, on va encore dire, la craqueuse nationale veut se la jouer en décalage avec la nouvelle vibe. J’assume. Je n’ai même pas encore TikTok, j’arrive au ralenti…
Mais sincèrement, pensez-vous qu’on doit toujours importer nos pensées, notre alimentation, notre langage, nos religions, doctrines, croyances et renier tout ce qui fait de nous, des personnes exceptionnelles, originaires d’un pays ultra-béni, l’actuel poumon de toute une planète?

Il paraît que la Colombia fait référence à une zone ou plutôt un groupe d’humains zombifiés de notre capitale pseudo-économique : Port-Gentil… je n’ai même pas de certitudes, vous voyez non ?

Après les tueries perpétrées récemment par des voyous de bas étages là-bas… C’est quelle manière de réagir ? Si ce n’est de banaliser la terreur, la violence et le banditisme ?

Oui nous sommes créatifs, oui, il y a toujours une nouvelle doc chaque jour, une nouvelle mode, un nouveau buzz pour secouer notre toile. Même ceux qui sont sur place, au pays, se demandent de quoi il s’agit quand on parle de La Colombia qui se répand sur la toile.

Arrêtez ça!

À l’heure où, notre Eden pays, traverse sa plus jolie et historique crise économique, énergétique et semble nostalgique du monopartisme et bien entendu, des beaux jours du kounabelisme, on a décidé de magnifier notre appétence pour la distraction

Peuple bantu, allergique à la paix, réactif et friand de divertissements, ne me juge pas, ne me condamne pas. Surtout pas parce que je m’offusque car j’aurais mille fois préféré qu’on remplace “Gabon” par “Bantuland” ou encore “Bongoland” par “Bomawood”…

Si, rebaptiser le Gabon par l’un des pays les plus violents d’Amérique du sud peut vous consoler et apaiser votre cœur, faites.

D’ailleurs ce n’est pas parce que je m’offusque que ça va changer le monde. Au contraire, ce sera juste une manière égoïste de conserver mon rôle de mouton noir, entourée de brebis égarables.

Au contraire, ça me donne vraiment l’occasion de ne pas laisser pourrir en moi, des mots qui hurlent pour vous rappeler que nous sommes : Le Gabon.

Selon la Banque Mondiale et la BAD (Banque Africaine de Développement), le Gabon est l’un des pays, les plus riches d’Afrique noire (oups on dit Afrique subsaharienne), tant par notre niveau d’éducation (~90% de taux d’alphabétisation), que par la richesse de nos terres.

Nous avons dans nos veines, le sosie hématologique du pays de Canaan, je prend la référence biblique des hébreux, car avec un verset, ou en mentionnant un concept 100% hébraïque, judaïque ou plus ou moins issus du christianisme (dont on nous a imposé les croyances pour mieux nous dresser et mieux spolier nos richesses jadis), les bomas du Gabon, même de la Colombia et tous les bantu, comprendront naturellement où je veux en venir.

Gabon et ses 9 provinces magistrales dont 10% du territoire sont occupés par les contemporains.

C’est en mettant en place une politique de conservation et de préservation de la nature, en laissant 90% de notre territoire à la biodiversité de notre flore et de notre faune.

C’est en interdisant le braconnage et la surexploitation de plusieurs autres espèces particulières végétales, aériennes, aquatiques et terrestres, que nous avons pris le rôle de Seigneur dans un monde où les pays manquent de plus en plus de terres arables pour nourrir leurs populations, le rôle d’avant-gardiste dans un univers contemporain où l’environnement est devenu un cheval de bataille…

Je répète, l’Amazonie brûle. Il reste le Gabon. Soyez fiers un peu de votre wé gué! Durant toute ma jeunesse, enfance et adolescence confondues, les gens de ma génération et de la génération antérieure, se prenaient, soit pour des blancs, soit pour des ricains…

Qui n’a pas entendu des phrases comme: “ne nous ramène pas un homme noir ou femme noire”, “la peau de l’avenir”, qui d’ailleurs, n’a pas connu le rappeur brillant d’origine bantu du Bénin qui se surnommait Alkainry (Je ne sais même pas comment ça s’écrit, bref).

Qui n’a pas rêvé de se prendre en photo près de la Tour Eiffel ou de la Statue de la Liberté au lieu de le faire sur notre légendaire et mystérieux Pont de lianes

Je pourrais prendre encore quelques minutes de ta vie pour t’expliquer les origines et les conséquences de nos incapacités à reconnaître nos richesses culturelles, historiques et même économiques… flemme.

On nous a tellement mis dans la tête que le pays est en crise que la désillusion a fait du mal à beaucoup, qui en découvrant que nos ricains nationaux avaient des milliards de Fcfa craquants à domicile… ont senti comme si, on leur avait poignardé le cœur et le cerveau.

À quel moment, on redeviendra fiers d’être Africains, Bantu et Boma?… C’est dans 25 ans que les noirs aimeront à nouveau être chocolat, les blancs; crème et les métis: caramel?

Les Ekang ne m’emmenez pas dans vos faux débats du style: nous, on n’est pas Bantu… je suis Ayandji et Anova, ça ne m’empêche pas d’être Bantu!

Rendez-vous au prochain buzz-bête, donc après-demain.

Votre Ika

N'oubliez pas que vous avez vous aussi la possibilité de nous envoyer vos textes pour encourager, dénoncer et sensibiliser. Envoyez vos contributions à l'adresse ungabonaisnormal@proton.me. On publie en anonyme, sauf mention contraire, et nos messageries sont ouvertes au besoin.