Tous les deux ou trois ans, ces audits mettent au jour un nombre croissant de cas : en 2018, on recensait environ 6 500 fonctionnaires fantômes ; ce chiffre a presque doublé pour atteindre 13 000 en 2023. Ce constat soulève la question de l’efficacité des mesures mises en place et de la pertinence de cette approche, qui, manifestement, ne permet pas de résoudre durablement le problème.
Sur les réseaux sociaux, des propositions émergent. Certains utilisateurs de X (anciennement Twitter), comme @bibilauture, suggèrent d’introduire le pointage régulier des agents, une méthode largement utilisée dans le secteur privé pour suivre la présence des employés et s’assurer de leur assiduité. Le pointage pourrait permettre d’instaurer un contrôle continu et de prévenir le retour de ces irrégularités entre deux audits. Cependant, pour être réellement efficace, cette solution nécessiterait une adhésion complète des responsables d’administration, ainsi qu’une stricte application des règles par tous.
Les défis à surmonter
L’introduction d’une méthode de pointage pourrait, certes, offrir une solution plus durable, mais elle se heurte à plusieurs obstacles. Premièrement, certains managers dans la fonction publique préviennent les agents absents à l’avance, leur permettant de signer des documents attestant de leur présence au poste. D’autres agents contournent leurs responsabilités en multipliant les arrêts maladie prolongés, systématiquement renouvelés, ce qui leur permet d’échapper à leurs obligations sans encourir de sanctions.
Vers une réforme plus efficace ?
Il devient essentiel de repenser les mécanismes de contrôle au sein de la fonction publique gabonaise. Si l’audit périodique apporte une vue d’ensemble à un instant T, il ne semble plus suffisant pour enrayer le phénomène des fonctionnaires fantômes. Des mesures complémentaires telles que le pointage et des sanctions systématiques pour les abus pourraient offrir des résultats plus probants. Mais au-delà de l’instauration de nouvelles règles, il s’agit d’instaurer une culture de responsabilité et d’intégrité au sein de l’administration. Un changement de mentalité appuyé par des dispositifs de contrôle modernes, comme le pointage biométrique, pourrait non seulement limiter les abus mais aussi renforcer la transparence et l’efficacité de l’administration gabonaise.
Se contenter d’audits répétitifs sans véritables suivis ou mesures correctives reviendrait à ignorer les failles du système. Face aux dérives actuelles, l’administration gabonaise doit envisager des solutions de fond pour instaurer un climat de confiance et d’intégrité dans la gestion de ses effectifs.
Il serait également pertinent d’impliquer davantage les managers dans le suivi quotidien des équipes, en les responsabilisant sur les performances de leurs services. En parallèle, une digitalisation des processus administratifs permettrait de simplifier la collecte des données sur les effectifs, facilitant ainsi la détection des anomalies. Pour garantir le succès de ces réformes, il est crucial d’engager un travail de sensibilisation auprès des agents, afin de renforcer une culture d’intégrité et de responsabilité.
Finalement, au-delà des solutions techniques, c’est une vision d’une administration transparente et intègre qu’il faut construire. Une administration qui prend à cœur l’efficience de ses services, où chaque agent se sent partie prenante d’une mission commune et nécessaire pour le développement du pays. C’est en adoptant cette vision d’un service public exemplaire et résolument tourné vers l’avenir que l’administration gabonaise pourra incarner le changement auquel aspire la nation. Sinon pour le moment, vous avez juste des maudits qui se complaisent à ne rien foutre et qui continuent de perpétuer l’idée selon laquelle on se la coule douce à la Fonction Publique.