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L’eau plus chère que la bière ? Nos influenceurs la…

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Les réseaux sociaux permettent aujourd’hui à chacun d’exprimer ses opinions, mais lorsque des influenceurs prennent la parole, leurs propos peuvent impacter des milliers, voire des millions de personnes. Récemment, une influenceuse a partagé l’idée que les Gabonais buvant de l’eau de la pompe « n’existent pas » et a affirmé que l’eau minérale coûtait plus cher que la bière au Gabon.

En plus d’être erronée, cette déclaration montre un manque de compréhension de la réalité quotidienne de nombreux Gabonais, pour qui l’eau de la pompe est une source essentielle. Ce type d’affirmation souligne également la responsabilité des influenceurs dans la diffusion d’informations précises et respectueuses.Contrairement à ce que cette influenceuse prétend, au Gabon, de nombreuses personnes dépendent de l’eau de la pompe pour leur consommation quotidienne.

Cela n’a rien à voir avec une question de choix ou de statut, mais plutôt avec la disponibilité et l’accessibilité de l’eau potable. Les infrastructures et les réseaux d’eau dans certaines régions du Gabon font que l’eau de la pompe est souvent le moyen le plus pratique, voire le seul, pour se procurer de l’eau. En réalité, considérer ces personnes comme « inexistantes » ou les dénigrer pour leur mode de vie est non seulement irrespectueux, mais également révélateur d’une méconnaissance des réalités locales.

Ensuite, l’argument selon lequel l’eau minérale serait plus coûteuse que la bière au Gabon est aussi discutable. Bien que le prix de certains produits puisse varier, l’eau minérale reste généralement plus accessible que des boissons alcoolisées en termes de prix, surtout si l’on considère les marques locales ou les options en grande quantité. De plus, même si l’eau de la pompe est gratuite ou peu coûteuse, elle répond avant tout à une nécessité. Boire l’eau de la pompe n’est pas une question de choix financier ou de mode de vie, mais bien un besoin vital qui n’est pas toujours couvert par des infrastructures suffisantes pour garantir de l’eau en bouteille ou filtrée.Les propos de cette influenceuse soulèvent aussi la question de la responsabilité sociale des influenceurs.

Étant donné leur large audience, ils ont un devoir de vérification avant de partager des informations, particulièrement lorsque celles-ci concernent des enjeux fondamentaux comme l’accès à l’eau. Les conditions de vie et les réalités économiques varient d’une région à l’autre, et ce que certains prennent pour acquis ne représente pas la vie de tous. Au lieu de porter des jugements ou de propager des stéréotypes, les influenceurs pourraient utiliser leur plateforme pour sensibiliser aux défis que rencontrent de nombreuses communautés, comme le manque d’accès à l’eau potable, la distribution des ressources ou la précarité des infrastructures.

De plus, les réseaux sociaux devraient encourager un esprit critique chez les abonnés, en incitant les gens à remettre en question ce qu’ils voient et entendent en ligne. L’eau potable est un besoin fondamental, et au Gabon, l’eau de la pompe représente pour beaucoup une source vitale d’hydratation. Ce choix n’est pas une marque de statut, mais plutôt une réponse aux circonstances, qui devraient être comprises et respectées.Pour conclure, cette situation nous rappelle l’importance de respecter la diversité des expériences et des réalités locales. Ignorer ou dévaloriser ceux qui consomment l’eau de la pompe, c’est passer à côté de la richesse de leurs vies et de leur capacité à s’adapter.

Le devoir des influenceurs est de sensibiliser, d’éduquer, et non de minimiser ou d’invisibiliser ceux qui vivent des réalités différentes. Une influence responsable consiste à élever les autres en prenant en compte leurs expériences, et non à imposer une vision unique de ce qui est « acceptable » ou « inacceptable ».

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