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Gabon, le pays en chantier.

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Depuis que les « militaires » sont à la tête de notre pays, on a vu plein d’éléphants blancs regagner soudainement en mélanine. Des chantiers naissent et renaissent ici et là, partout dans le pays. Il ne serait pas erroné de dire que le Gabon en général et sa capitale dans une plus petite portion, sont un chantier à ciel ouvert. 

« Chaque jour quand on dort, quand on se réveille il y a… » de nouvelles maquettes nouveaux bâtiments, la pose de la première pierre de X administration, la reprise des travaux de l’hôtel des affaires étrangères, des voies secondaires balisées ou fermées par des engins de terrassement et autres… Le Président de la Transition (parce que bien que je l’apprécie et que je le respecte, je n’aime pas trop dire « de la République ») n’a pas fini de faire des vas et viens dans Gabao. Entre les cérémonies de premières pierres et les inaugurations, le nouveau Général préféré des Gabonais a du travail et montre bien qu’il s’y atèle, au grand bonheur des populations, enfin, de quelques-unes…

Parce qu’un gabonais heureux ça n’existe pas vraiment, il a toujours quelque chose à redire et parfois, il faut admettre qu’il n’a pas totalement tort. On aime tous l’idée que le pays soit en réfection, qu’on veuille donner un nouveau visage à notre capitale et ses environs. Mais la présence d’autant de chantiers n’a pas que des avantages. On ne peut pas encore réellement s’en réjouir tant plusieurs d’entre eux ont des impacts immédiats, peu bénéfiques aux populations. Coupures d’électricité, déguerpissement des population, pénurie d’eau, inondation de zones qui jusque-là demeuraient sèches, perturbation du trafic…

En parlant de perturbation de trafic, AKA embouteillages, on a tous vu Owendo devenir le nouvel AKANDA depuis que MIKA Services travaille l’entrée de cette commune. Y entrer les jours de semaine ou en sortir le weekend devrait compter parmi les travaux d’Hercules tant c’est désormais compliqué.

En tant que Gabonaise Normale, j’ai souvent des discutions dites « des bars », durant l’une d’elle j’ai été confrontée au fameux « Ils ne peuvent pas faire ça la nuit ? » au sujet des travaux d’ACAE. Ça m’a fait penser à quelque chose… Qui sait réellement ce qu’implique le travail de nuit ? Cette solution dont trop de gens ignorent les contours.

Personnellement, pour avoir un petit peu lu le code du travail gabonais, je pense que c’est bon pour le plus grand nombre mais quand on sait comment les ouvriers de chantiers sont traités dans notre pays, je préfère me dire qu’on n’est pas prêt pour ça. Du salaire supplémentaire, parce que oui, le temps de travail de nuit dans une structure dont les activités ne sont pas de base exercées de nuit est considéré comme des heures supplémentaires et nécessite le paiement qui va avec.

Travailler la nuit réduirait les embouteillages, oui mais combien d’entre ces structures seraient disposées à respecter les conventions collectives applicables à leur secteur ? Qui veillerait à l’application de ces conventions ? En plus au Gabon, on n’est pas habitué aux activités nocturnes dans ce style… Tu vas te retrouver à bosser sur un chantier jusqu’à 5H du matin avec le vieux NZENGUE et apprendre qu’il est décédé la veille à 22H à NDENDE ?

MDR, plus sérieusement, avec l’éventualité que la fatigue et la distraction entrent en ligne de compte, ineffectivité des politiques de sécurité au travail, il y’a des risques supplémentaires qui viennent avec les horaires tardifs de travail. Je pense qu’il faut d’abords veiller à ce que les entités de surveillance des conditions de travail fassent leur travail avant de demander aux jeunes gabonais de venir se risquer à des travaux « pénibles » la nuit.

Je trouvais bon d’en parler ici, histoire de répondre à cette problématique pour une fois sans un verre de Castillo en main.

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