Rappelons-le : nos lois et principes fondamentaux ne sont pas des accessoires décoratifs. La Constitution gabonaise garantit à toute personne arrêtée un traitement digne, respectueux de la présomption d’innocence et des droits de l’homme. Alors pourquoi, dans certains cas, le parcours des présumés coupables ressemble-t-il davantage à un calvaire médiéval qu’à un processus judiciaire moderne ?
Peut-être avons-nous la mémoire sélective. D’un côté, on protège et on soigne ceux qui, bien qu’accusés de détournements de fonds ou de corruption à grande échelle, n’ont même pas un cheveu de travers. Certains, soupçonnés d’avoir fait disparaître des millions ou des milliards, bénéficieraient de cellules confortables, d’une assistance médicale de qualité, et même, selon les rumeurs, de régimes alimentaires sur mesure ! De l’autre, ceux qui se trouvent du mauvais côté du couvre-feu se retrouvent brutalisés et humiliés publiquement. Et je ne parle pas ici du pire des traitements ! RIP Karl.. N’y aurait-il pas une certaine ironie à traiter les « petits délinquants » plus sévèrement que ceux qui ont commis des délits économiques lourds de conséquences pour le pays ?
Et c’est là que réside le danger. En choisissant cette approche brutale et inégalitaire, les Forces de l’ordre risquent de renforcer un climat de méfiance entre les civils et les corps habillés. Restauration des Institutions ? Mon œil ! Chaque image de violence exercée sur des personnes arrêtées surtout pour des infractions mineures ne fait que creuser un fossé plus profond entre la population et ceux qui devraient la protéger. La police, à force de marteler son autorité par des méthodes musclées, finit par perdre sa légitimité aux yeux de ceux qu’elle est censée défendre.
La question est donc simple : la loi s’applique-t-elle à tous, ou seulement à certains ? Nos droits constitutionnels sont-ils des valeurs auxquelles nous croyons vraiment, ou des slogans sans substance ? Si la Constitution et la Charte de la Transition n’existent que pour la façade, alors il serait peut-être plus honnête de les ranger au placard. Mais si, au contraire, nous voulons un pays qui respecte les droits de tous, il est temps de s’interroger sur ces pratiques et d’insister pour que les Forces de l’ordre appliquent la loi sans discrimination.
Alors, la prochaine fois qu’un citoyen se retrouve entre les mains de la police, espérons qu’il soit traité selon les valeurs que notre pays proclame si fièrement. Parce qu’en fin de compte, respecter les droits de chacun, c’est le meilleur moyen de garantir la dignité et la paix dans notre société. Et par pitié Messieurs et Mesdames des Forces de Défense et de Sécurité, quand on vous rappelle le respect de nos droits, arrêtez de nous demander si on veut vous apprendre votre métier. On veut juste bénéficier du respect qui nous est dû.