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Un compliment, pas une déclaration : quand la courtoisie passe à la trappe

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Il est temps qu’on en parle. Oui, les interactions entre hommes et femmes peuvent parfois être plus compliquées qu’il n’y paraît. On ne niera pas que certaines expériences déplaisantes ou insistances maladroites ont de quoi rendre méfiant. Mais un phénomène commence à prendre de l’ampleur, un réflexe qui s’installe : celui de réagir avec froideur, voire avec une impolitesse à peine voilée, face à de simples compliments ou marques de courtoisie.

La question se pose : comment en sommes-nous arrivés là, au point où un « bravo » professionnel ou une remarque bienveillante sont souvent accueillis par un mur d’hostilité ?

Soyons clairs : ce n’est pas parce qu’on complimente quelqu’un ou qu’on exprime un intérêt sincère pour ce qu’il ou elle fait que l’on cherche à établir un jeu de séduction. Parfois, il s’agit simplement de reconnaître un travail bien fait, de manifester de l’admiration ou de construire une relation professionnelle saine, fondée sur le respect et l’appréciation mutuelle. Mais il est vrai qu’une frange de « dragueurs en série » complique la donne. Ces personnes, qui semblent incapables de distinguer un environnement professionnel d’un terrain de jeu amoureux, finissent par brouiller les cartes pour tous ceux qui ne cherchent rien d’autre qu’un échange respectueux. Oui, les gars, il est temps de se contenir. En adoptant ce comportement, vous donnez aux autres l’impression qu’un simple compliment cache toujours une intention. Vous ne faites pas qu’aggraver le problème, vous rendez tout compliment suspicieux.

D’un autre côté, on comprend aussi que certaines femmes aient fini par développer un réflexe de méfiance. On ne compte plus les anecdotes de collègues qui ne distinguent plus la frontière entre le professionnel et le personnel. La courtoisie s’efface trop souvent derrière des avances insistantes. Si l’expérience professionnelle s’accompagne de regards déplacés ou de sous-entendus lourds, il est logique qu’une réaction de méfiance devienne naturelle. Personne ne blâmera quelqu’un d’avoir les nerfs à fleur de peau si ses journées sont entachées de drague non sollicitée ou d’inconfort. 

Mais il y a aussi des moments où un simple sourire, un « merci » ou même une parole courtoise pourraient tout changer. On ne demande pas d’effacer les cicatrices d’un regard, ni d’oublier le poids des mauvaises expériences, mais d’apprendre à les gérer en gardant à l’esprit que tout échange n’est pas une déclaration. Quand un échange est clairement respectueux et professionnel, sortir les griffes n’est ni nécessaire ni justifié. Ce n’est pas parce qu’on vous félicite ou qu’on engage la conversation que l’on souhaite « autre chose ». 

Que ce soit d’un côté ceux qui multiplient les avances maladroites ou de l’autre ceux qui se murent dans la méfiance, nous avons tous notre part à jouer pour rétablir un équilibre. Parce qu’en fin de compte, la courtoisie ne coûte rien, elle nourrit les relations humaines et peut même ouvrir des portes, créer des opportunités et instaurer une atmosphère de travail sereine et respectueuse. Il serait peut-être temps pour les dragueurs de comprendre que l’espace professionnel n’est pas un terrain de chasse, et qu’une approche plus retenue ne ferait que mieux les servir. Pour ceux et celles qui se méfient à juste titre, sachez qu’il existe encore des gens capables de voir en vous autre chose que des intentions cachées.

Au fond, la courtoisie est ce qui nous relie les uns aux autres, elle est ce lien simple et naturel qui nous rappelle notre humanité. Cultivons-la avec bienveillance, et peut-être que les regards changeront, que les murs tomberont, et qu’un compliment restera juste cela : un compliment.

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