Imaginez : vous avez une grosse galère, les factures s’accumulent, le frigo sonne creux, et voilà qu’un « homme de Dieu » vous assure qu’une simple offrande peut changer votre vie. Leurs arguments ? Simples et convaincants : « Semer la graine aujourd’hui pour une récolte demain. » Mais attention, cette graine, elle est en CFA sonnant et trébuchant, s’il vous plaît ! Si ça, ce n’est pas un bon investissement pour eux, qui ne se gênent pas pour donner leurs « prédications » en costume trois-pièces et chaussures de créateur.
Ces pasteurs-là ne manquent pas de style : en voiture flambant neuve, avec une montre à plusieurs chiffres, ils prêchent la prospérité (surtout la leur). Leur business modèle est digne des plus grands stratèges. Leur terrain de chasse préféré ? Les personnes en quête de changement et les populations des quartiers populaires, et si tu es riche ? C’est même top. Chaque prière devient une promesse de mieux-vivre. Et on comprend vite que de la foi et de la carte bancaire, c’est la derniere qui les intéresse le plus. De petites démonstrations de miracles savamment orchestrées, des paroles enflammées, et hop ! Une nouvelle recrue convaincue que le « Dieu de l’argent » n’attend que quelques billets de plus pour exaucer les vœux.
Et puis, il y a le fameux rituel du « séminaire de délivrance« , où tout le monde se retrouve au stade ou dans un immense hangar. On y promet la guérison des maux (sans ordonnance), la richesse (sans salaire), et même la protection contre les ennemis invisibles (surtout ceux de la maison voisine, qui d’ailleurs, n’avaient rien demandé ou les grands-parents). Le billet d’entrée ? Payant, bien sûr ! Car qui veut recevoir doit savoir donner, selon leurs propres versets revisités. Et si c’est gratuit, sachez que c’est vous le produit. D’une façon ou d’une autre, vous allez payer.
À force de jouer les illusionnistes, certains faux pasteurs finissent par y croire eux-mêmes. Ils offrent des « kits de bénédiction« , des bracelets magiques, et même des « parfums d’onction » pour éloigner le mauvais sort. Mais gare à ceux qui auraient la mauvaise idée de ne pas y croire ou de poser trop de questions : « Vous doutez du Saint-Esprit ? », vous diront-ils d’un air outré.
Et puis, il y a ceux qui veulent être rémunérés pour leurs « services spirituels » comme un employé normal. Oui, vous avez bien lu ! Les pasteurs de cette génération n’ont plus peur de déclarer que leur vocation mérite un salaire de la part de leurs fidèles. Certains vont jusqu’à établir des tarifs pour leurs prières de délivrance et autres bénédictions, car après tout, « un ouvrier mérite son salaire », non ? C’est la nouvelle théologie de la finance divine, où « ce que vous donnez » détermine « ce que vous recevrez ».
Pendant ce temps, les fidèles qui peinent à joindre les deux bouts reçoivent souvent en retour des « prières de prospérité » et des sermons sur la patience. On leur dit d’attendre « la bénédiction qui vient », mais étrangement, celle-ci semble toujours s’arrêter du côté du pasteur, qui enchaîne les acquisitions matérielles et voyages luxueux. Et bien sûr, pour eux, hors de question d’aider financièrement leurs fidèles ; les bénédictions divines sont censées arriver directement du ciel, sans intermédiaire. Quant aux fidèles, on leur demande de redoubler de foi… et de générosité.
Mais il faut aussi parler des chrétiens qui espèrent tout d’une prière sans lever le petit doigt. Vous savez, ceux qui pensent qu’un jeûne intense ou une prière toute la nuit leur rapportera une promotion ou une grosse somme d’argent, sans jamais fournir le moindre effort. Ils ignorent ce bon vieil adage qui dit : « Aide-toi et le ciel t’aidera. » Dans leurs pensées, cela signifie prier très fort et attendre que l’argent tombe du ciel, sans CV, sans diplôme, et sans expérience. Et quand la bénédiction ne vient pas, ils accusent le « mauvais œil » ou encore les « sorciers du village » de bloquer leur percée.
On ne peut pas oublier les fameux pasteurs qui se posent en véritables pères de substitution. Ils vous diront quoi faire, comment gérer votre argent, et même quelles relations fréquenter. Dans certaines églises, les membres de la congrégation sont encouragés à rompre les liens avec leur famille, leurs amis, et toute personne qui pourrait voir leur pasteur d’un mauvais œil. « Daddy sait ce qui est bon pour vous« , répète-t-on, jusqu’à ce que la dépendance au pasteur soit totale. C’est ainsi qu’il peut introduire des règles, des contributions supplémentaires, et même des projets « spéciaux » où chaque membre doit se surpasser financièrement, même au prix de s’endetter.
Le plus drôle – si on peut en rire – c’est que ces pasteurs-là savent bien jouer sur les émotions, rendant la foi plus rentable qu’un business bien rodé. Mais au final, leur meilleur miracle reste la transformation de la naïveté en chèque… signé par les fidèles.
Suivez bien les signes. Si la bénédiction vous demande votre code PIN, méfiez-vous. Dieu ne passe pas par Mobile Money pour accomplir Ses miracles ! La foi, c’est bien. Mais si elle vous coûte toujours plus sans jamais rien vous rapporter (et surtout pas les valeurs qu’elle devrait), méfiez-vous. Un vrai « Daddy » vous aidera à grandir, pas à lui faire les poches. En bref, rappelez-vous : Dieu ne demande pas de ticket de caisse pour bénir ses enfants.