Ces derniers jours, beaucoup d’encre et de salive ont coulé au sujet du prix et des conditions d’accès à l’eau dans notre pays. Même si je ne suis pas d’accord avec plusieurs arguments énoncés, les discussions que ça a soulevées m’ont rappelé que ça fait des mois années que je n’ai plus d’eau chez moi que parce qu’une entreprise basée non loin de ma maison veut bien laisser les populations se ravitailler dans ses locaux, mais aussi parce que j’achète mes dix (10) litres d’eau, selon la marque et le lieu, entre 1600 FCFA et 2100 FCFA.
Ce n’est un secret pour personne, l’accès à l’eau dans ce pays est un gros problème. En vrai, la gabonaise normale que je suis ne comprend ni pourquoi, ni comment. Quand on sait que le territoire gabonais est à près de 10% recouvert d’eau douce, il est difficile de comprendre que nous subissions des pénuries d’eau et même d’électricité, tiens ! Vu qu’on se sert aussi des cours d’eau pour générer de l’électricité…
Comment avec notre forte pluviométrie, la présence de fleuves aussi longs que l’Ogooué (+1000km), la Nyanga (+600km) ou l’Ivindo (près de 500km), et l’importance de leurs « courants » on ne parvient pas à générer suffisamment d’électricité ne serait-ce que pour les principales grandes villes ? Comment avec tout ça et les eaux souterraines, la société censée assurer la fourniture en eau potable ne parvient pas à assumer ses fonctions ? Quel est le réel problème ? Le délai de traitement d’eau ? la vétusté des installations et modes opératoires ?
L’inexpérience ? La mauvaise gouvernance ? La paresse ? L’abondance d’eau douce dans un pays n’a-t-elle pas de réel impact sur sa capacité d’approvisionnement en eau potable ? ou bien, comme il semble que les gabonais soient fans de surconsommation, chacun a certainement deux-trois compteurs chez lui, rendant ainsi la tâche de l’exploitant trop rude malgré la petite population. Toutes ces interrogations trottent constamment mon esprit. « QUI pour répondre ??? » Récemment ça a vraiment été l’un de mes principaux sujets de réflexion.
Les délestages sont le seul service gratuit que nous offre la SEEG, on ne leur demande rien et on ne paie pas non plus pour ça ; pourtant ils ont été leur meilleur produit ces derniers mois… Cette gratuité ne semble pas s’étendre aux pénuries d’eau chez les gens qui ont des compteurs privés. Dites-vous que je me suis rendue dans une agence de la Dame Nattée pour me renseigner sur l’éventualité de déplacer mon compteur d’eau. La réponse ne m’a pas plus étonnée que le fait que bien que ça fasse près de six ans que je n’ai pas eu d’eau (au robinet), des factures de consommation se sont accumulées.
Je devrais plusieurs centaines de milles à la société sans n’avoir pas consommé un seul centilitre de son précieux liquide (dont les propriétés, odeur, couleur, gout, varient selon son humeur) depuis longtemps. J’ai voulu m’indigner, mais heureusement la dame qui m’a reçue a eu le bon comportement et m’a orientée vers un gestionnaire… Bref, le souci est en traitement mais vu les délais d’attente qui m’ont été donnés, je comprends que je suis loin d’être la seule dans ce cas.
Au final, qui consomme l’eau que nous envoie cette entreprise si nous, à qui elle la facture, n’en avons pas dans nos foyers ? Le Gouvernement n’a-t-il pas de droit de regard sur ce qui s’y passe ? Si oui, qu’est-ce qu’il en dit à part « Tu me les enlèves » ? Le traitement qu’elle inflige aux populations ne semble inquiéter personne, elle-même encore moins… La preuve en est que plusieurs semaines après que le discours de mise en garde du Président de la Transition soit devenu une Trend dont on rit à chaque occasion, les délestages, qui aux dires de la société, n’étaient censés durer que « jusqu’au retour des pluies » sont toujours de mise. Les pluies aussi diluviennes que celles de la grande saison des pluies qui s’abattent tous les soirs sur le pays ne sont sans doute pas celles que la SEEG attendait.
Au final, on prive encore et toujours les gabonais d’eau et d’électricité comme on veut, sans communication, sans avertissement. Et même quand ça nous permet dans une moindre mesure d’économiser, forcé, des « unités EDAN », c’est invivable.
– La Fière Trentenaire :*