La transition n’est pas une franche réussite, et selon moi, cela est en partie dû à un manque de prise de conscience de la population gabonaise quant à son rôle dans ce processus. Il aurait été essentiel que celle-ci participe activement et oriente la transition vers des objectifs plus concrets et une meilleure gouvernance.
Deux groupes majeurs se sont rapidement démarqués dans la population gabonaise durant cette transition : dʼune part, les partisans du « kounabélisme », et dʼautre part, les critiques exprimant une opposition non constructive, sans suggestions alternatives. Ces deux principaux pôles ont pour ma part réduit les chances de réussite pour cette transition politique cruciale.
En effet, Les kounabélistes, de par leur influence persistante sur la société et le système politique, représentent une force de résistance au changement. Cette faction, ancrée dans les habitudes sociales, continue de freiner lʼinstauration dʼune transition réellement constructive, bien que son influence ne soit pas nouvelle et soit largement intégrée aux réalités sociales du Gabon.
En revanche, les « experts de la critique non constructive » soulèvent un sentiment de déception plus marqué. Ce groupe, semblant plus éduqué et doté dʼune perspective souvent plus large que les kounabélistes, aurait pu contribuer à une meilleure orientation de la transition. Leur approche sʼest cependant concentrée sur des critiques sans propositions concrètes, même lorsque les 3, 4 mois après la prise de pouvoir des militaires lʼabsence dʼalternatives semblait manifeste.
Ce manque dʼengagement constructif est dʼautant plus regrettable que, pendant près de trois à quatre mois, il nʼy avait quasiment aucune voix dans les sphères sociales et politiques pour proposer une alternative au CTRI. En dépit de leur potentiel à apporter des idées novatrices, ces critiques ont finalement contribué à freiner le processus de transition en restant dans une posture de simple opposition inactive.
Ces personnes ont ainsi laissé un espace vide dans lequel dʼanciens membres de la majorité politique déchue ont pris position, se présentant comme une opposition au CTRI. Cette « opposition » a récupéré les failles et critiques relevées par les citoyens, les réorientant pour servir des intérêts personnels et politiques.
En refusant de sʼaffirmer pleinement et de soutenir leurs critiques par des actions concrètes, elles ont involontairement laissé le champ libre aux anciens serviteurs de la majorité déchue, qui se sont emparés de leurs constats pour se positionner comme une « opposition » au CTRI. Ce glissement a permis à ces opportunistes, ces profito-situanistes, de se présenter comme les porte-parole des failles de la transition, donnant ainsi une visibilité publique à leurs propres intérêts. Ce choix stratégique, bien que décevant, nous rappelle que, sans engagement clair et structuré, la transition reste vulnérable aux récupérations politiques.
Il est temps de tourner la page et de passer à une nouvelle ère dʼengagement politique au Gabon, portée par une génération consciente des enjeux et déterminée à agir pour le bien commun. Les jeunes leaders, animés par un désir de changement authentique, ont aujourdʼhui lʼopportunité de sʼorganiser, de créer des espaces de réflexion, et de mettre en œuvre des idées nouvelles qui répondent aux aspirations profondes de la population. En s’engageant dans un projet politique transparent et en misant sur la solidarité et lʼaction constructive, cette génération peut reconstruire la confiance et redonner espoir à un pays qui aspire à un véritable changement. Le Gabon a en lui les forces vives pour bâtir un avenir meilleur ; il suffit que chacun prenne sa part de responsabilité pour faire naître une société plus juste, durable, et prospère.
PS : En tant que citoyen Gabonais je me reconnais totalement dans ce texte. De plus le but de ce texte visait principalement à mettre en lumière la responsabilité du peuple gabonais face aux enjeux de la transition, tout en omettant délibérément la large part de responsabilité du CTRI dans le bilan mitigé de cette première année de transition.