Une cohabitation imposée, fruit des héritages de l’ancien régime et du manque de renouvellement des pratiques, maintient le Parti Démocratique Gabonais (PDG) au cœur de plusieurs institutions publiques, suscitant une certaine frustration chez les Gabonais.
Depuis la prise de pouvoir par le CTRI (Comité de Transition pour la Restauration de l’Intégrité), nombreux étaient ceux qui espéraient un profond renouvellement des structures étatiques et une rupture avec les pratiques passées. Cependant, le choix de maintenir certains membres du PDG dans des postes stratégiques laisse perplexe. Cette situation ne résulte pas seulement d’un choix politique, mais semble davantage traduire une réticence à démanteler un réseau établi. Aujourd’hui, ce qui aurait pu être un tournant pour le pays s’apparente plus à une continuité teintée de familiarité pour les citoyens, qui observent une transition inachevée et une stagnation des institutions.
Une campagne référendaire au goût de déjà-vu
Avec le référendum en vue, la campagne du « Oui » orchestrée par le CTRI rappelle étrangement les anciennes méthodes. Les stratégies employées, telles que la distribution de t-shirts, les concerts de rue improvisés et la désinformation auprès des électeurs, semblent issues des livres de stratégie de l’ancien régime. L’esprit de manipulation, qui sous-entend que voter « Non » serait un acte d’opposition envers le CTRI ou qu’un vote favorable garantirait des projets d’infrastructures, alimente les doutes sur les intentions réelles des dirigeants. Plutôt qu’une campagne transparente, les citoyens sont confrontés à un jeu d’ombre et de confusion, où la politique de l’ambiguïté semble triompher.
Ces pratiques, que l’on croyait révolues, sont révélatrices d’un certain immobilisme politique. L’utilisation des ressources publiques pour mobiliser un soutien populaire au profit d’une campagne révèle une approche qui n’a que peu évolué. Cette scène politique opaque donne l’impression d’un retour en arrière, une résurgence d’un passé politique qui refuse de céder la place.
Un conflit d’intérêt au cœur du CTRI ?
Pourquoi le CTRI, censé être l’organe de transition, tolère-t-il ces pratiques de l’ancien régime ? Les décisions de laisser certains vétérans du PDG occuper des postes de coordination ne semblent pas être dues au hasard. Ces figures, bien connues des Gabonais, sont souvent associées à des réseaux financiers solides, un levier d’influence non négligeable en période électorale. Ce maintien, voire cette intégration de membres aux finances avantageuses, ouvre la voie à des soupçons : le CTRI serait-il réellement intéressé à promouvoir la transparence, ou joue-t-il lui aussi le jeu des alliances tacites ?
Cette période référendaire, au lieu d’unifier le pays vers un avenir démocratique, semble plutôt révéler un Gabon tiraillé entre des influences passées et une transition politique aux airs de continuité. Les Gabonais aspirent à une véritable rupture, une gouvernance intègre et une administration au service des citoyens, sans arrière-pensée électorale.
Un défi perdu pour la restauration de l’intégrité ?
Le CTRI a aujourd’hui l’opportunité de redresser la barre et de faire de ce référendum un modèle de probité et de transparence. Cela nécessiterait toutefois un abandon des comportements du passé, en écartant les pratiques de manipulation et en engageant une réelle réorganisation des structures politiques. Le Gabon a besoin d’un message clair : la période de transition ne doit pas être un simple remaniement de façade, mais un véritable tournant vers un renouveau politique.
Pourtant, certains alliés du 30 août 2023, qui devaient incarner ce changement, tiennent aujourd’hui plus du boulet que de l’envol libérateur, empêchant le pays de s’élever vers une vision partagée de prospérité et de stabilité. Cette transition, qui aurait pu être un envol vers une gouvernance exemplaire, semble davantage alourdie par les vestiges d’un système ancien.
Ce référendum aurait pu être l’occasion pour le CTRI de prouver son engagement en faveur de la transparence et de l’intégrité, en instaurant une campagne authentique, respectueuse de l’intelligence et de la liberté des électeurs. Mais, à ce stade, il est difficile de ne pas penser qu’il est déjà trop tard pour espérer un changement en profondeur.