Mais il y a une autre forme de violence, plus discrète et sournoise, dont on parle moins : celle exercée par des enseignants eux-mêmes. Oui, les gardiens du savoir, les faiseurs de futures générations, les indiscutables « adultes » de la salle de classe… qui, au lieu d’inspirer, se transforment en tyrans du mépris. Et ça, ce n’est pas très pédagogique, convenons-en.
L’histoire du jour ? La dernière en date ? Ah, elle vaut son pesant de tragi-comédie : une jeune fille qui, après des humiliations répétées par son enseignant, tente de mettre fin à ses jours. Oui, vous avez bien lu : cette figure d’autorité dont la mission est de transmettre, d’encourager, de rassurer… a préféré user de sarcasme cruel pour « former » son élève. Mais pourquoi diable un enseignant ferait-il ça ? Quel est le plaisir sadique qui pousserait un adulte, supposé exemplaire, à humilier un enfant ? Est-ce là le grand secret de « l’art de l’enseignement » ? Ou est-ce simplement que certains cherchent à compenser une carrière « passionnelle » qu’ils auraient embrassée faute de mieux ? Car, rappelons-le, l’enseignement est, pour beaucoup, l’équivalent d’un ticket d’entrée pour la fonction publique, avec la promesse d’un salaire qui tombe, peu importe si l’enseignement est là ou… absent.
Imaginez : vous envoyez votre enfant à l’école, en pensant bien naïvement qu’il y trouvera des modèles de sagesse et de bienveillance. Puis, un beau jour, vous découvrez que votre gosse se traîne en maths, somnole en physique, et semble plus perdue qu’un poisson rouge dans un désert. Qu’est-ce qu’on se dit ? « Ah, la paresse ! Les jeunes de nos jours ! Pas d’efforts, pas de rigueur ! » Mais dans ce lieu qui devrait être sacré – soyons francs, il en reste si peu, c’est peut-être un adulte, ce même adulte censé éclairer son chemin, qui prend plaisir à l’écraser sous un sarcasme aussi fin qu’une planche de bois. Oui, ce professeur qui aurait dû, au pire, se contenter de rester banal dans son coin, et au mieux, trouver un brin de vocation pour sa mission, voilà qu’il devient le bourreau.
Alors évidemment, les autres élèves, grands imitateurs devant l’Éternel, se joignent à l’adulte pour « aider » un peu. C’est ainsi que naît le joyeux cycle du harcèlement, comme une petite roue infernale où chacun pousse son voisin avec la certitude de ne jamais être celui qui tombera. Et le résultat, c’est quoi ? Une étincelle d’anxiété, de dépression, et, dans les cas les plus extrêmes, le désir d’en finir pour de bon. Des souvenirs d’école qui devraient être faits de crayons et de livres, pas de larmes et de blessures invisibles.
Mais soyons honnêtes : heureusement, ils ne sont pas tous comme ça. Oui, il existe des enseignants fabuleux, ceux qui prennent ce travail à cœur et le transforment en mission de vie. Ceux qui, chaque jour, arrivent en classe avec le sourire, la patience et un sac de pédagogie prêt à être ouvert pour guider leurs élèves. Des professeurs qui, au lieu de briser des rêves, en construisent. Ceux qui donnent de l’élan à leurs élèves, jusqu’à les inspirer à suivre le même chemin et devenir, eux aussi, enseignants. Ces passionnés-là sont ceux dont on se souvient toute une vie. Ils sont les lumières du système, ceux qui réhaussent le niveau, qui créent de vraies passions et qui font que, parfois, un jeune se dit : « Moi aussi, un jour, je veux inspirer comme ça. »
Et si, nous parents, on passait à l’action ? Et si, au lieu d’applaudir un diplôme, on exigeait des enseignants qu’ils montrent un brin de pédagogie humaine, de cette délicieuse qualité qu’on appelle aussi… l’humanité ? C’est peut-être là qu’on atteindrait le vrai Graal de l’éducation.