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La malédiction du vol au Gabon : un fléau culturel ou une simple tradition bien ancrée ?

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Au Gabon, le vol dans les hautes sphères de la société semble être passé de crime à véritable art de vivre. Que ce soit dans la gestion d’entreprises publiques, des fonds sociaux, ou encore des ressources naturelles, les scandales se succèdent avec une régularité digne des saisons. Mais où s’arrête l’indignation et où commence la résignation ?

Prenons d’abord Gab’Oil, symbole national de la rente pétrolière, qui s’est transformé en gouffre financier. L’opacité dans la gestion des ressources pétrolières a toujours nourri des soupçons, mais chaque nouvelle équipe à sa tête semble rivaliser de créativité pour dilapider les caisses. Un proverbe local pourrait résumer la situation : « Le pétrole appartient à tous, mais les revenus, eux, se volatilisent mystérieusement. »

Plus récemment, la CNAMGS est venue nous rappeler que la corruption ne connaît pas de limites. Cette institution, supposée garantir l’accès aux soins, croule sous le poids des dettes. Les pharmaciens ont même menacé de ne plus servir les assurés, dénonçant des arriérés de paiement astronomiques. Ironie du sort, alors qu’on parle de moderniser et de privatiser sa gestion, les rapports révèlent que les fonds destinés aux soins finissent souvent dans les poches d’une poignée de privilégiés.

Et comment ne pas évoquer la SEEG, un autre bastion de malversations ? Ici, les détournements ne se limitent pas à une poignée de DG. Un scandale récent a révélé l’existence d’un vaste réseau impliquant des cadres et des prestataires privés, qui utilisaient des systèmes parallèles pour éditer des tickets frauduleux. Pendant ce temps, les consommateurs, déjà accablés par des factures exorbitantes, subissent les conséquences. Les responsables ? Certains sont en détention, mais le système reste à réformer. La SEEG symbolise bien que la corruption ne concerne pas seulement les hautes sphères, mais s’enracine dans toute la chaîne.

Ce qui est encore plus fascinant, c’est que ces auteurs de malversations ne sont pas perçus comme des parias par leurs concitoyens. Bien au contraire, ils deviennent des modèles ! Le Gabonais moyen rêve souvent de prendre leur place, non pas pour changer les choses, mais pour accéder à son tour à ce gâteau si savoureux qu’est l’argent public. Après tout, le vol semble être l’un des rares ascenseurs sociaux qui fonctionne au pays.

Quant aux sanctions ? Elles relèvent d’un imaginaire presque comique. Trop de gens sont pris en flagrant délit de détournement de fonds, mais au lieu de finir derrière les barreaux, on les « punit » en leur offrant des sinécures dans d’autres postes stratégiques. Et comme si cela ne suffisait pas, certains d’entre eux, avec des casiers judiciaires bien garnis, continuent d’être nommés à des responsabilités de premier ordre. On ne peut s’empêcher de se demander si le Gabon ne fonctionne pas sur une logique où le crime paie – et paie même très bien.

Je rappelle aussi que nous ne parlons pas ici de binationaux. Pendant longtemps, on a pointé du doigt les « étrangers » pour avoir conduit le pays à sa perte, mais ces scandales sont bien Made in Gabon. Il est grand temps de regarder la réalité en face : la malédiction du vol est une affaire nationale.

L’heure est-elle venue de briser ce cycle ? Ou doit-on simplement se résigner à ce que la culture du vol soit l’une des contributions les plus solides du Gabon au patrimoine mondial ? Une chose est certaine, l’humour noir reste notre ultime refuge face à cette tragédie bien réelle.

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