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Quand la justice abandonne ses filles et ses fils : le cri de douleur d’un Gabonais

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Aujourd’hui encore, une nouvelle déchirante est tombée, réveillant la colère et l’impuissance que tant de Gabonais ressentent face à l’injustice. Le tribunal de Karabük, en Turquie, a acquitté l’unique accusé du meurtre de Jeannah « Dina » Danys Dinabongho Ibouanga, cette jeune étudiante de 17 ans. Pour nous, Gabonais, c’est une blessure de plus, une preuve supplémentaire que nos vies semblent peser bien peu.

Dina, Michaela, Kech… Ce sont des noms qui nous hantent. Des noms que la justice semble vouloir effacer. Dina était partie chercher un avenir meilleur, Michaela voulait juste vivre, Kech était là, comme nous, espérant simplement exister. Mais tous ont été brisés, et nous restons, démunis, face à un mur de silence.

Dina, une jeunesse volée

Dina avait 17 ans. Elle était pleine de vie et de rêves. Mais une nuit de mars 2023, tout s’est arrêté. Retrouvée sans vie dans une rivière, après avoir été vue courant pieds nus dans les rues, probablement terrorisée. Et malgré les éléments troublants – des vidéos de surveillance, des messages de harcèlement –, rien n’a été fait pour lui rendre justice. Le tribunal a acquitté le seul accusé. Pourquoi ? Comment peut-on expliquer cela à sa famille, à ses proches, à nous tous ?

Michaela Dorothée Ngoua, une autre vie arrachée

En août 2023, c’était Michaela. 18 ans. Retrouvée morte près de l’échangeur de l’ancienne RTG, dénudée, abandonnée comme un vulgaire objet. Elle n’était qu’une jeune fille. Mais dans un Gabon où les disparitions non élucidées se multiplient, sa mort a été engloutie par le silence. Michaela, comme Dina, nous rappelle que nos filles sont abandonnées, que leurs cris restent sans écho.

Kech Eboro, un homme oublié

Puis il y a Kech. Un homme. Un fils, un frère, un ami. Retrouvé mort, lui aussi, dans des circonstances troubles. Et comme pour les autres, aucune réponse. Combien d’autres Kech, Michaela, Dina faudra-t-il avant que nous disions assez ?

Les Gabonais de l’étranger, des vies en sursis

Pour nous qui vivons à l’étranger, le combat est double. Nous quittons notre terre pour étudier, pour travailler, pour réver. Mais souvent, nous devenons des cibles. Dina était une jeune fille noire dans un pays étranger. Elle a été victime de harcèlement, de racisme, de violences. Combien d’autres Gabonais subissent des injustices sans que personne n’en parle ?

Le silence est complice. Ce silence qui entoure Dina, Michaela, Kech, et tant d’autres, est insupportable. Mais nous refusons de nous taire. Nous refusons d’oublier. Car oublier, ce serait leur faire violence une deuxième fois.

Pour Dina. Pour Michaela. Pour Kech. Et pour tous ceux que nous avons perdus. Nous ne vous oublierons jamais.

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