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Le mariage coutumier au Gabon : une tradition qui nous définit

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« Mariez-vous à la coutume. Si bien évidemment, vous respectez les traditions. Chez nous, si tu n’as pas doté une femme, il y a beaucoup de conséquences. ». Cette phrase résonne profondément dans nos réalités africaines et, plus précisément, dans la culture gabonaise.

Elle nous rappelle que le mariage coutumier n’est pas qu’une simple formalité. C’est une cérémonie riche en symboles, un pont entre les familles, et une véritable affirmation de notre identité culturelle.

Qu’est-ce que le mariage coutumier ?

Au Gabon, comme dans de nombreux pays africains, le mariage coutumier est un acte profondément enraciné dans nos traditions. Ce n’est pas qu’une simple rencontre festive entre deux familles : c’est un rituel qui scelle des alliances et qui confère au couple une légitimité aux yeux de la société et des ancêtres. Il repose principalement sur la dot, qui symbolise l’engagement et le respect de l’homme envers la famille de sa future épouse.

La valeur symbolique de la dot

La dot est souvent mal comprise ou mal interprétée, surtout à l’ère de la modernité. Certains la perçoivent comme une transaction financière ou une vente de la femme. En réalité, dans la culture gabonaise, elle est tout sauf cela. La dot est un symbole d’honneur et de reconnaissance. Elle témoigne de la capacité de l’homme à assumer ses responsabilités et à prendre soin de sa famille.

Ne pas doter une femme peut être perçu comme un manque de respect envers ses parents et ses ancêtres. Cela peut aussi entraîner des conséquences : l’homme peut se voir refuser certains droits, comme la reconnaissance officielle de ses enfants par la belle-famille ou l’accès à certains rituels, notamment en cas de décès. Après, certains veulent en faire un business, alors que de base, la dot servait à garantir un équilibre dans les unions. Par exemple, la dot d’une femme permettait souvent à son frère ou à un autre membre de la famille de se marier à son tour.

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Un mariage qui transcende les individus

Contrairement au mariage civil ou religieux, le mariage coutumier ne concerne pas seulement les époux. Il unit deux familles, deux clans, et parfois deux villages. Les cérémonies varient selon les ethnies (Fang, Myènè, Kota, Punu, etc.), mais elles partagent toutes le même objectif : renforcer les liens sociaux et assurer la cohésion entre les familles.

Chez les Fang, par exemple, la dot est accompagnée de rituels qui impliquent les ancêtres, afin de bénir l’union. Chez les Myènè, le mariage est souvent marqué par des chants et des danses qui célèbrent l’arrivée d’un nouveau membre dans la communauté. Ces pratiques rappellent que le mariage coutumier est un moment sacré qui dépasse les simples considérations matérielles.

L’aspect légal : encadrer la tradition

Au Gabon, le gouvernement reconnaît l’importance du mariage coutumier. Mais pour qu’il soit légalement reconnu, il doit être enregistré auprès des autorités civiles. Cet enregistrement garantit que les droits des époux sont protégés, notamment en cas de succession ou de litige. Le mariage coutumier au Gabon est encadré par la loi n°045/2020 du 22 décembre 2020, qui reconnaît légalement cette pratique traditionnelle. Cette législation abroge la loi n°20/63 du 31 mai 1963, qui interdisait la dot.

Selon la nouvelle loi, le mariage coutumier concerne uniquement les unions entre deux personnes de sexes différents, dont la femme est nécessairement gabonaise. La dot, élément central de ce type d’union, ne doit pas faire l’objet de spéculation, et son montant est plafonné à 1,5 million de francs CFA. Toutefois, les familles peuvent, si elles le souhaitent, convenir d’un montant inférieur.

En outre, pour éviter les abus, des lois ont été instaurées pour plafonner le montant des dots. Ces lois visent à préserver l’esprit originel du mariage coutumier, qui repose sur l’honneur et la symbolique, et non sur des exigences financières démesurées. Parce qu’on connaît nos familles, hein, il y en a pour qui la dot est devenue un véritable business. Si l’application de ces lois devient stricte, je vous assure, certaines familles vont protester fort, en disant : « Koh ma fille a fait l’école, elle vaut plus que ça ». Au pire, donnez ce que vous voulez, tant que c’est dans vos moyens. Honorez vos bodes.

Le mariage coutumier : un reflet de notre identité africaine

En tant qu’Africains, et plus encore en tant que Gabonais, le mariage coutumier est une part essentielle de notre identité. Dans un monde où la modernité tend parfois à effacer nos traditions, le respect de ces rituels nous permet de rester connectés à nos racines.

Cela ne signifie pas rejeter le mariage civil ou religieux. Ces formes d’union ont aussi leur importance. Mais il est essentiel de ne pas oublier que, pour nous, Africains, le mariage coutumier est le premier acte qui donne du sens à l’union. Il n’est pas question de modernité ou de passéisme, mais de respect des valeurs qui font de nous ce que nous sommes.

Se marier à la coutume, c’est bien plus qu’un geste symbolique. C’est une manière d’affirmer notre appartenance à une culture riche et unique. C’est honorer nos ancêtres, respecter nos familles, et bâtir des alliances solides.

Alors oui, marions-nous à la coutume, respectons les traditions. Et, tant qu’à faire, respectons aussi les lois, pour que l’héritage culturel ne se transforme pas en commerce familial. Parce qu’au Gabon, comme ailleurs en Afrique, ce geste n’est pas juste une formalité. C’est un acte de foi en notre héritage culturel, un pilier qui nous unit et qui nous définit.

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