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Les parents qui ne suivent pas l’éducation des enfants : l’école n’est pas le seul lieu d’éducation

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L’éducation, c’est avant tout une aventure collective. Mais trop souvent, cette responsabilité est confiée presque exclusivement à l’école. L’erreur est fréquente : penser que l’éducation se limite à des cours magistraux, à des leçons apprises par cœur, ou à des devoirs. 

Pourtant, avant que l’enfant franchisse les portes de l’école, il a déjà passé plusieurs années à apprendre chez lui, à travers ses parents.  Et ce qu’il apprend dans ce cocon familial, qu’on le veuille ou non, deviendra la base sur laquelle l’école tentera de bâtir. Alors, la question est simple : sur quoi les enseignants construisent-ils ? Une fondation solide ou un terrain instable ?  

L’école n’est pas une “usine à éducation”. Enfin, si mais pas comme on le pense.

Imaginez une salle de classe. 60 élèves, une enseignante surchargée, des programmes à finir dans des délais serrés. C’est une réalité, pas une caricature. Si en plus de tout cela, on attend de cette enseignante qu’elle inculque des valeurs comme le respect, la discipline ou la persévérance à un enfant qui ne les voit pas chez lui, la tâche devient herculéenne (et je ne parle pas d’Ob-lix, quoique, lui aussi il a la tête dure).  

Prenons un exemple concret : MAPANGOU, 8 ans, arrive à l’école sans ses affaires. À la maison, personne ne vérifie son cartable, personne ne lui demande si elle a fait ses devoirs. À l’école, l’enseignante la gronde gentiment. Mais MAPANGOU baisse les yeux, et on lit dans son regard : « À quoi bon ? Chez moi, personne ne s’en soucie. »

Le message est clair : l’école ne peut pas, à elle seule, compenser le vide laissé par une absence d’accompagnement parental. Elle est là pour enseigner, pas pour élever.Vos enfants vous regardent. Tout le temps. Ils vous regardent plus que vous ne l’imaginez, et ce qu’ils voient influence  profondément leur perception du monde. 

Prenons un scénario banal. Un père rentre à la maison après une longue journée. Fatigué, il allume la télé ou scrolle sur son téléphone, ignorant son fils qui essaie de lui montrer un dessin. Plus tard, il lui lance distraitement : « Tcha fait tes devoirs ? » Puis il retourne à ses occupations. Au pire, l’enfant dira non, et il va le gronder plutôt que de l’aider.

Maintenant, contrastons cela avec un autre père, tout aussi fatigué, mais qui décide de s’asseoir à côté de son fils. Ensemble, ils lisent une histoire ou s’attaquent à un problème de maths. Ils rient des erreurs, discutent, et passent un moment de qualité. L’enfant comprend que son père valorise son apprentissage, même si ce n’est pas parfait.  

Les enfants n’écoutent pas toujours ce qu’on dit, mais ils imitent toujours ce qu’on fait. Si vous montrez l’importance de l’apprentissage par vos actions, ils suivront votre exemple naturellement.  

La communication parent-école : un pont souvent négligé  

L’éducation est une danse entre deux partenaires : la famille et l’école. Pourtant, combien de parents prennent le temps de parler régulièrement avec les enseignants de leurs enfants ? Pour beaucoup, la réunion parents-profs est un passage obligé, souvent rempli de tensions ou d’excuses. Est-ce que vous allez même aux réunions ou vous envoyez encore d’autres enfants afin de faire acte de présence ? 

Ne soyez pas des parents maudits.

Mais imaginez la scène suivante : un parent rencontre le professeur de sa fille, NTSAME. L’enseignant commence : “NTSAME a beaucoup de potentiel, mais elle est distraite en classe.” Plutôt que de balayer la remarque, le parent pose des questions, cherche à comprendre, propose même des solutions. Ce dialogue montre à l’enfant qu’il est soutenu, à la fois par ses parents et ses enseignants.  

Les associations de parents d’élèves (APE) sont aussi une excellente opportunité, mais elles sont souvent boudées. (Bon après c’est aussi normal, eux leur taff c’est de parler d’argent, sauf cas exceptionnel). Pourtant, ces réunions permettent de mieux comprendre l’environnement scolaire et les défis auxquels votre enfant est confronté. S’impliquer, même un peu, montre à votre enfant que son éducation est une priorité et en vrai, ça devrait l’être.  

Tout ne se passe pas à l’école. Les activités extrascolaires jouent un rôle essentiel dans l’éducation globale d’un enfant. Imaginez une scène simple : un père accompagne sa fille à un entraînement de basket. Il l’encourage depuis les gradins, célèbre ses réussites et la réconforte après une défaite. Ce moment lui apprend bien plus que le sport : l’importance de l’effort, la gestion des échecs, et le soutien familial. Mais vous, il n’y a que le vin, les fesses et le mbaki.

Et ces activités ne doivent pas nécessairement être coûteuses ou sophistiquées. Une promenade en forêt peut devenir une leçon de sciences naturelles. Cuisiner ensemble peut transformer une recette en cours de maths (mesures et proportions !) ou en moment d’histoire (l’origine des plats). Et puis aussi, arrêter de parler à vos enfants comme à des débiles. Les bah toutoutou, Gnagnagna, il faut cesser ça.

Ces petites initiatives montrent à l’enfant qu’il est important pour vous, qu’apprendre dépasse les murs de l’école, et que la curiosité est un état d’esprit précieux et que ça ne vous agace pas.

Une éducation, deux piliers : l’école et la maison  

L’éducation ne peut reposer entièrement sur l’école. C’est un partenariat, où chaque partie a un rôle à jouer. L’école enseigne les savoirs académiques, mais la maison doit transmettre les valeurs, l’écoute, et l’accompagnement moral et émotionnel.  

Si vous voulez que votre enfant réussisse, soyez présent. Posez-lui des questions, aidez-le dans ses devoirs, montrez-lui l’exemple, et discutez avec ses enseignants. En faisant cela, vous ne l’aidez pas seulement à réussir à l’école, mais aussi dans la vie.  

Parce qu’au final, le plus beau cadeau que vous puissiez offrir à votre enfant, c’est de lui montrer qu’il compte. Et cela passe par des gestes simples, mais constants. L’éducation est un travail d’équipe, mais surtout, c’est un acte d’amour. Et encore une fois, NE SOYEZ PAS DES PARENTS MAUDITS.

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