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INA ou Le NOM chez les Myènè, 1ère partie

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Dans la tradition africaine, particulièrement chez les Myènè, le nom n’était pas donné de manière anodine. Un nom était souvent lourd de sens, avait une signification, renvoyait à une réalité, faisant de son détenteur le témoignage vivant d’une certaine réalité.

Quand une femme avait des difficultés à enfanter, l’enfant qui venait libérer ses entrailles du spectre de la stérilité portait un nom bien précis. Celui dont la mère était partie en lui donnant la vie portait le sien. Les enfants issus de la gémellité portaient les leurs, et influençaient même ceux des enfants qui les précédaient ou les suivaient.

Le nom était porteur d’une histoire. En donnant, par la pratique de l’homonymie, c’est une partie du détenteur originel et ce qu’il représente ou a représenté que l’on lègue au (futur) receveur ou détenteur du nom. C’est ainsi que les aînés étaient honorés, et par ce même procédé qu’ils survivaient à travers les générations. En laissant leurs noms parmi les vivants, ils s’inscrivaient dans l’immortalité du temps.

G’alonga (Autrefois), il n’était pas rare que celui qui donnait à sa fille, par exemple, le nom de sa mère, l’appelle maman. Si aujourd’hui ce phénomène qui perdure est devenu assez banal, à l’époque, il était impossible d’entendre un fils appeler sa propre fille par son nom (celui de sa mère). Il devait toujours l’habiller de « maman », « mama », « ama », « ngwè ». Dans les familles, les choses étaient similaires : une fois que l’on avait hérité du nom d’un ancien, chacun s’adressait au nouveau détenteur en utilisant les mots qu’il aurait utilisés pour le véritable possesseur du nom. S’il s’agissait d’un oncle, on appelait parfois le petit « tonton X » ou « Ombalo », etc. Pour contourner cela, le petit adoptait également le surnom ou petit nom du possesseur originel.

L’impact du nom est tel que, dans la spiritualité Ngwè Myènè, l’entité suprême, le créateur, Dieu, Ovanji Ntsé, celui qui fit toute chose, a un nom. Mais les hommes, créatures mortelles et infimes devant son infinité, ne sont pas dignes de l’écouter. Le vrai nom de Dieu dépasse l’entendement humain. Alors les hommes lui donnent des noms : on parlera d’Agnambiè, etc.

Le nom revêtait donc une importance capitale, au point où même la mort ne savait l’éteindre. D’ailleurs, il est dit que :

« La mort engloutit l’homme, elle n’engloutit pas son nom et sa réputation. »

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