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Pouvez-vous arrêter de parler au nom des Gabonais ?

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Il faudrait peut-être instaurer un permis pour parler au nom des Gabonais, parce qu’actuellement, c’est le grand n’importe quoi. À chaque nouvelle annonce politique, un groupe jaillit de nulle part, bras levés, voix tremblantes d’émotion, pour clamer que « les Gabonais soutiennent pleinement cette initiative ».

Quels Gabonais ? Ceux qui luttent pour remplir leurs marmites pendant que vous tressez des lauriers à des décisions qui ne changent rien à leur quotidien ?

On les voit souvent lors des causeries politiques, ces experts autoproclamés en « aspirations du peuple ». Ils prennent la parole avec une assurance qui force l’admiration et, surtout, le malaise : « Les jeunes de tel quartier sont derrière cette mesure ! », « La jeunesse de telle province adhère à cette vision ! ». Ah bon ? Ce sont bien ces mêmes jeunes qu’on voit râler sur les réseaux parce qu’ils attendent toujours que les promesses d’hier soient tenues ? Ceux qui cherchent du boulot pendant qu’on leur distribue des tee-shirts et des casquettes aux couleurs du parti ou du mouvement associatif du moment ?

On nous dit que la jeunesse soutient. Mais elle soutient quoi, au juste ? La énième inauguration d’un projet qui ne verra jamais le jour ? La réhabilitation annoncée d’une route qui se transforme en mirage à chaque saison des pluies ? Ou alors elle soutient, malgré elle, un système où elle est juste bonne à remplir les rangs des meetings en échange d’un billet froissé et d’une bière ?

Le plus inquiétant, c’est que ces faux porte-parole prospèrent justement parce que beaucoup de Gabonais ont décidé que la politique, ce n’est pas leur affaire. Résultat : pendant que les vrais concernés vivent les réalités du terrain, une poignée de gens s’improvisent messagers du peuple et vendent du rêve à ceux qui nous gouvernent. Et après, on s’étonne que les décisions prises ne correspondent jamais aux vrais besoins.

Soyons clairs : tant que nous laisserons ces individus parler en notre nom, nous serons les figurants d’un film dont ils écrivent le scénario. Le Gabon appartient à tout le monde, pas seulement à ceux qui savent bien lever la main dans les réunions pour dire ce que le pouvoir veut entendre. Si nous ne voulons plus être représentés par des marionnettes, il va falloir apprendre à tenir les ficelles nous-mêmes.

Alors, la prochaine fois qu’on vous dira que « les Gabonais soutiennent », demandez-vous si vous faisiez partie de la réunion. Et si la réponse est non, peut-être qu’il est temps de reprendre votre voix. Quand on ne surveille pas les cuisines du pouvoir, il ne faut pas s’étonner de ce qu’on nous sert dans l’assiette.

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