Oui, le patriarcat a beaucoup d’avantages lorsque l’on est un homme. Nous bénéficions de nombreux privilèges en comparaison avec les femmes. Ces avantages, bien que souvent contestés ou minimisés, restent bien réels.
Aujourd’hui encore, et la liste est loin d’être exhaustive :
• Nous avons, en moyenne, de meilleurs salaires.
• Nous accédons plus facilement aux postes à responsabilité.
• Nos erreurs sont souvent mieux tolérées, perçues comme des leçons d’apprentissage plutôt que comme des échecs.
• Notre autorité est rarement remise en question, que ce soit en entreprise ou dans le cadre familial.
• Nous sommes perçus comme plus compétents par défaut, même lorsque nous avons le même niveau d’expérience qu’une femme.
• Nous subissons moins de pression sociale sur notre apparence physique.
• Nous avons moins de risques d’être victimes de harcèlement sexuel ou de violences basées sur le genre.
Une fois que tout ceci est dit, attaquons l’envers du décor.
L’autre face du patriarcat : un carcan pour les hommes. Le patriarcat ne se limite pas à des privilèges. Il impose aussi des contraintes, des responsabilités et des attentes. L’homme que propose ce système a des devoirs bien définis, et le principal est de fournir.
Depuis des générations, l’ambition d’un homme est souvent résumée ainsi : apporter au foyer tout ce dont il a besoin pour fonctionner. Dans cette vision traditionnelle, on demande à une femme de s’occuper de la santé et du bien-être des enfants, tandis que l’homme doit subvenir aux besoins matériels de la famille. C’est lui qui doit rapporter l’argent, assurer la sécurité du foyer, être un pilier infaillible.
Cela peut sembler anodin, voire honorable, mais en réalité, cela met une pression énorme sur les épaules des hommes. Nous devons toujours être forts, ne jamais montrer de faiblesse. Un homme qui doute, qui échoue, qui montre des émotions comme la tristesse ou la peur est souvent perçu comme moins homme.
Le tabou des émotions masculines. Le patriarcat ne nous apprend pas à gérer nos émotions, il nous apprend à les refouler. Dès l’enfance, on nous dit des phrases comme :
• “Un garçon, ça ne pleure pas.”
• “Sois fort !”
• “Ne sois pas une fille.”
• “Un homme, ça encaisse.”
Ces petites phrases banales façonnent notre rapport aux émotions. Elles nous conditionnent à croire que ressentir et exprimer nos émotions est un signe de faiblesse. Résultat : nous grandissons en apprenant à cacher nos peurs, nos angoisses, nos douleurs.
Les conséquences sont désastreuses. Les hommes ont plus de mal à exprimer leurs sentiments, ce qui complique leurs relations amoureuses, familiales et amicales. Beaucoup souffrent en silence, incapables de demander de l’aide. Ce n’est pas un hasard si les hommes représentent la majorité des suicides dans le monde.
La pression de la réussite et du rôle de “protecteur”. Un autre poids que le patriarcat impose aux hommes est celui de la réussite. Nous devons être ambitieux, compétitifs, conquérants. Nous devons gagner : gagner de l’argent, gagner en pouvoir, gagner le respect des autres hommes.
L’échec n’est pas une option, car il remet en cause notre virilité. Cette obsession de la réussite professionnelle et financière pousse de nombreux hommes à sacrifier leur bien-être, leur santé mentale, leur famille. Un homme qui ne réussit pas est souvent perçu comme un “raté”. Il peut être méprisé par la société, moqué par ses pairs, voire dévalorisé par sa propre famille.
De plus, le patriarcat nous donne le rôle du protecteur. Cela signifie que, dans un couple hétérosexuel, nous sommes censés protéger notre compagne, défendre notre honneur, être forts physiquement et mentalement. Cela peut sembler noble, mais cela crée aussi un cadre rigide où nous ne pouvons pas être vulnérables.
Si une femme est agressée, on s’attend à ce que son compagnon réagisse, qu’il se batte. Un homme qui ne défend pas sa femme est perçu comme lâche. Cette pression pousse parfois à des comportements violents, à des démonstrations de force inutiles, simplement pour prouver qu’on est un “vrai homme”.
Les injonctions sur la sexualité masculine : Un autre aspect rarement abordé est la manière dont le patriarcat influence notre rapport à la sexualité. Depuis l’adolescence, on nous apprend que notre valeur en tant qu’homme est liée à notre performance sexuelle et à notre nombre de conquêtes.
Un homme qui a beaucoup de partenaires est admiré, tandis qu’une femme dans la même situation est souvent jugée. À l’inverse, un homme qui n’a pas de relations sexuelles est moqué, perçu comme “faible”, “pas assez viril”.
Cette pression crée un rapport malsain à la sexualité. Certains hommes ressentent le besoin de prouver leur virilité à travers des comportements dominateurs, voire toxiques. D’autres vivent dans l’angoisse de ne pas être “assez performants”.
Pire encore, le patriarcat laisse peu de place aux hommes qui ne rentrent pas dans cette norme hétérosexuelle et dominante. Les hommes homosexuels, bisexuels ou ceux qui ne se conforment pas aux stéréotypes masculins sont souvent marginalisés, moqués, voire agressés.
Comment sortir de ce modèle ? Face à tout cela, une question se pose : comment sortir de ce système qui, bien qu’il nous favorise en apparence, nous enferme aussi dans un rôle rigide et pesant ? La première étape est de prendre conscience de ces schémas. Comprendre que le patriarcat ne nuit pas seulement aux femmes, mais aussi aux hommes. Nous devons remettre en question les injonctions qui nous ont été imposées et apprendre à nous libérer des diktats de la masculinité toxique.
Ensuite, il est essentiel de valoriser d’autres modèles masculins. Être un homme ne devrait pas signifier être fort en toutes circonstances, cacher ses émotions, dominer ou accumuler des richesses. Nous devons encourager une masculinité plus libre, où la sensibilité, l’empathie et la vulnérabilité ne sont pas perçues comme des faiblesses.
Enfin, il faut repenser notre rapport aux femmes et aux autres hommes. Cela signifie écouter, apprendre, soutenir l’égalité des genres, non pas par charité, mais parce que c’est aussi notre libération qui est en jeu.
Le patriarcat n’est pas qu’un système qui avantage les hommes, c’est aussi un carcan qui nous enferme dans des rôles prédéfinis. Il nous offre des privilèges, mais nous impose aussi des devoirs écrasants. Être un homme, ce n’est pas seulement fournir, protéger ou dominer. C’est aussi ressentir, aimer, échouer, apprendre, évoluer. Je suis un homme, donc je ne dois pas… être prisonnier d’un modèle qui ne me correspond pas.