Tout d’abord, je pense qu’il est essentiel de préciser que le fait d’être une femme ou un homme ne confère pas une compréhension absolue des problématiques liées à son genre. Nos expériences personnelles, nos observations et même notre ressenti peuvent influencer notre vision des choses, mais ils ne constituent pas une vérité universelle.
Par exemple, toutes les femmes ne vivent pas leur relation amoureuse de la même manière, et toutes ne placent pas la même importance sur des éléments comme l’exclusivité ou la fidélité. C’est pourquoi un regard plus large, qui intègre différents points de vue et contextes, est toujours nécessaire avant de tirer une conclusion généralisée.
Ensuite, tu sembles attribuer le rejet de la polygamie à une sorte de compétition mal assumée entre les femmes. Pourtant, ce rejet ne repose pas uniquement sur une question d’ego ou de rivalité, mais sur des valeurs, des émotions et des choix de vie bien plus profonds. L’exclusivité dans un couple, qu’elle soit choisie ou imposée par une norme sociale, repose sur un besoin d’engagement mutuel qui n’a rien à voir avec une simple peur de la concurrence. La jalousie et l’exclusivité affective ne sont pas des caprices ou des preuves d’insécurité, mais des réalités humaines qui existent autant chez les hommes que chez les femmes.
Tu évoques aussi la fameuse phrase « C’est toi qui as la bague », souvent utilisée pour consoler une femme trompée. Certes, ce type de raisonnement existe, et il reflète une manière biaisée de percevoir la valeur d’un engagement. Mais faut-il pour autant en conclure que le problème vient uniquement du fait qu’une femme veut être « au-dessus » de l’autre ? Ce serait oublier que, dans beaucoup de cultures, le mariage est une institution qui apporte une forme de sécurité et de reconnaissance sociale, en particulier pour les femmes.
Dans certaines sociétés, être mariée signifie avoir une certaine stabilité économique, des droits juridiques, et une place reconnue au sein de la famille. C’est peut-être moins une question de domination qu’un besoin de préserver un statut social qui, historiquement, a longtemps été essentiel à la survie des femmes dans des structures patriarcales.
Par ailleurs, il me semble important de différencier infidélité et polygamie. L’infidélité repose sur la tromperie, la dissimulation, la rupture d’un accord implicite ou explicite entre deux partenaires. La polygamie, en revanche, lorsqu’elle est consentie par toutes les parties, repose sur un cadre établi et assumé. Ces deux réalités ne sont pas comparables.
Dire que les femmes acceptent l’infidélité tant qu’elles ont « la bague » revient à réduire un phénomène complexe à un simple enjeu de fierté. En réalité, les réactions des femmes face à l’infidélité varient énormément : certaines quittent leur conjoint, d’autres pardonnent par amour, par dépendance affective ou financière, d’autres encore l’acceptent mais le vivent douloureusement. On ne peut donc pas en faire une généralité.
Enfin, si l’on parle d’hypocrisie, on pourrait aussi évoquer celle des hommes qui prônent la polygamie lorsqu’elle les avantage, mais qui supportent difficilement l’idée d’une femme ayant plusieurs partenaires. Ce double standard est omniprésent dans beaucoup de sociétés où la polygamie est acceptée pour les hommes mais interdite pour les femmes. Il est donc légitime de se demander si l’argument du « rejet de la concurrence » ne serait pas, en réalité, un discours entretenu pour justifier une inégalité de traitement entre hommes et femmes.
En conclusion, je pense que le rejet de la polygamie ne repose pas uniquement sur une peur de la concurrence, mais sur une multitude de facteurs : des normes culturelles, des croyances personnelles, des émotions profondes et une certaine vision de l’engagement. Ce n’est pas un simple jeu de domination entre femmes, mais une question plus large qui touche à la liberté de choix et à la conception que chacun se fait de l’amour et du couple.