Envie d’un poste bien placé ? Sois un larbin.
Tu veux que tes compétences soient reconnues ? Sois un larbin.
Tu rêves de pouvoir ? D’influence ? De prestige ? Lèche plus, et encore plus.
C’est devenu un sport national et une religion
Autrefois, certains osaient encore parler de mérite, d’effort et de compétence. Aujourd’hui, ces dinosaures ont disparu, terrassés par les champions de la flagornerie. Le larbinisme est devenu un art, une discipline olympique, une religion d’État.
Tout bon citoyen sait qu’il faut honorer, glorifier et aduler le Chef. Le matin, on se réveille en chantant ses louanges. À midi, on rédige des hommages dithyrambiques. Le soir, on rêve de lui, en espérant qu’il nous remarque dans la foule de serviteurs prosternés.
Comment devient-on larbin certifié ?
C’est très simple. Il suffit d’observer et d’imiter certains modèles de réussite. Ceux qui, par une flexion bien placée de l’échine et une maîtrise impeccable du cirage de pompes, sont passés du statut d’anonyme à celui d’intouchable.
Quelques règles de base :
1. Ne jamais contredire le pouvoir en place – même quand il se contredit lui-même.
2. Applaudir tout et n’importe quoi – un discours vide ? Ovation ! Une décision absurde ? Standing ovation !
3. Dénoncer ceux qui doutent – un collègue trouve que le Chef exagère ? Signalement immédiat !
4. Faire preuve de créativité dans l’adulation – si tout le monde dit que le Chef est un visionnaire, sois celui qui affirme qu’il est un prophète descendu sur terre.
Derrière le décor festif de la Larbinie, il y a quelques effets secondaires mineurs.
Les vrais talents s’exilent ou dépérissent dans l’ombre. Les décisions absurdes deviennent monnaie courante, car personne n’ose dire “Chef, c’est peut-être une mauvaise idée…”.
Le pays s’enfonce, mais qu’importe ! Tant que les élites ont leur cour de flatteurs, tout va bien. Jusqu’au jour où le Chef tombe… et où tous ses larbins se cherchent un nouveau maître à servir.
Pourquoi ça continue ? Parce que les puissants adorent ça. Le culte de la personnalité, c’est leur carburant.
Ils aiment voir des foules chanter leur nom, lire des articles dithyrambiques, voir des statues érigées en leur honneur. Ils veulent être adorés, vénérés, et entourés de gens qui les confirment dans leur illusion de grandeur.
Et tant qu’il y aura des gens prêts à tout pour plaire au sommet, la Larbinie prospérera. Alors, tu veux réussir ? Tu connais la recette. Mais si un jour, la Larbinie décide de se libérer, elle devra apprendre un mot magique : dignité.