Parmi les raisons invraisemblables ayant entraîné le rejet des dossiers figurent, pour plusieurs d’entre eux, l’absence d’actes de naissance légalisés (faut-il rappeler qu’il s’agit d’une candidature présidentielle et que même pour une inscription au collège, on demande un acte de naissance légalisé ?), l’incapacité à justifier la caution de 30 millions de FCFA (finalement, les internautes gabonais avaient peut-être raison de demander à chaque nouvelle déclaration de candidature si la personne avait 30 millions), ou encore l’oubli risible de la lettre officielle de candidature (peut-être une stratégie révolutionnaire pour manifester leur « différence » ?). On a même eu une candidate qui n’a pas pu fournir des photos en noir et blanc. Seigneur, sommes-nous revenus à l’époque où seul le studio photo Troisième Œil était habilité à fournir des photos officielles et était fermé chaque fois qu’elle y passait ?
Parmi tous ces farceurs, la palme revient à deux candidats. Le premier, Pierre Claver Maganga Moussavou, parfaitement conscient d’avoir dépassé la limite d’âge, mais qui, visiblement nostalgique de ses multiples tentatives précédentes à la présidentielle, a décidé de tenter encore une fois sa chance. Il semble déterminé à se présenter tant qu’il sera en vie, histoire d’ajouter un peu d’humour dans une compétition qui manquait clairement de piquant.
Bruno Ben Moumbamba, quant à lui, remporte haut la main le prix spécial du dossier le plus vide jamais vu dans une candidature présidentielle : ni déclaration de candidature manuscrite, ni acte de mariage, ni certificat médical, ni photo d’identité, ni certificat de résidence, et bien sûr, encore moins la déclaration des biens. Que cherchait-il donc exactement ? Probablement assouvir un besoin quasi-pathologique d’être au cœur de l’attention publique, symptôme évident d’une recherche compulsive et désespérée de reconnaissance.
Enfin, le cas de Jean-Rémy Yama est particulièrement frustrant pour de nombreux Gabonais qui voyaient en lui le candidat capable de challenger sérieusement le Général-Président-Chef de tout. Oui, c’était plus difficile pour lui d’obtenir un acte de naissance de son père né en 1920, mais les règles n’ont pas été connues la semaine dernière. Si tu veux participer, tu fais le nécessaire, et si le temps d’obtention de la pièce est trop long, libère le spot et place-toi derrière quelqu’un qui aura un dossier en règle dans les temps.
Cependant, au-delà de l’aspect ridicule de ces candidatures farfelues, il serait injuste de ne pas souligner que le montant exorbitant de la caution et le délai particulièrement court pour constituer les dossiers ont probablement privé le Gabon de candidatures plus sérieuses. Si ces conditions avaient été plus raisonnables, qui sait, peut-être aurions-nous assisté à une élection présidentielle digne de ce nom, plutôt qu’à cette parade de prétendants en quête d’un instant fugace de célébrité.