Derrière chaque témoignage, il y a une douleur silencieuse, un traumatisme profond, une peur omniprésente. Être une femme dans une société patriarcale, c’est vivre avec l’angoisse permanente d’être une cible. Être un homme agressé, c’est affronter la honte et le scepticisme. Être un enfant victime, c’est parfois ne même pas comprendre ce qui se passe.
Je suis une femme
Je suis une femme et j’ai peur. Peur de marcher seule la nuit, peur de rentrer tard, peur des regards qui s’attardent trop longtemps, peur des mots qui dégoulinent d’intentions malsaines.
Je suis une femme et je vis dans un monde où mon corps est un champ de bataille. Dans les statistiques, je ne suis qu’un chiffre de plus. Une femme violée toutes les X minutes, une femme tuée par son compagnon, une femme harcelée au travail. Mais dans la vraie vie, je suis bien plus que cela : je suis une personne qui se crispe en entendant un pas derrière elle, qui baisse la tête quand un groupe d’hommes rit trop fort, qui garde ses clés entre les doigts comme des griffes en cas d’attaque.
Et que dire des oncles qui me connaissent depuis que je suis enfant et qui, aujourd’hui, m’invitent dans leur lit comme si c’était naturel ? Que dire des collègues qui glissent des allusions en plein open-space, des clients qui se croient tout permis, des supérieurs qui abusent de leur pouvoir ?
Et puis il y a le marché, le bus, la rue, où l’on me siffle comme un chien, où l’on me touche parfois comme si mon corps n’était qu’un objet en libre-service. Si je m’énerve, c’est moi la “mal-baisée”. Si je ne réagis pas, on pense que j’aime ça. Quoi que je fasse, c’est toujours moi le problème.
Je suis un homme
Je suis un homme et j’ai été agressé. Mais si je le dis, on rira. On me demandera pourquoi je n’ai pas aimé ça. On me dira que j’exagère, que ce n’est pas possible, qu’un homme ne peut pas être victime.
Je suis un homme et je sens la peur dans les regards des femmes lorsque je marche trop près derrière elles dans la rue. Alors je ralentis, je traverse, je fais semblant de ne pas exister. Parce qu’elles ne me connaissent pas, elles ne savent pas que je ne suis pas un danger. Elles ont juste peur, comme d’habitude.
Mais moi aussi, j’ai peur. Peur d’être considéré comme un violeur en puissance alors que je n’ai jamais levé la main sur une femme. Peur de me confier sur ce qui m’est arrivé et qu’on me tourne en ridicule. Peur de dire que, oui, un homme aussi peut être forcé, humilié, brisé.
Je suis un enfant
Je suis un enfant et je ne comprends pas ce qui m’arrive. Pourquoi tonton met sa main là ? Pourquoi cousine insiste pour qu’on “joue aux grands” ? Pourquoi tout le monde me dit d’embrasser cet adulte que je n’aime pas ?
On me dit de ne pas parler aux inconnus, mais c’est un proche qui me touche. On me dit que c’est normal, que je fabule, que je dois rester sage. Et moi, je me tais, je me referme, je me perds.
Et maintenant ?
Les agressions sexuelles ne sont pas qu’un “problème de femmes”, ni une honte à porter en silence. C’est une plaie qui gangrène nos sociétés, un fléau qui touche femmes, hommes et enfants.
Les chiffres sont terrifiants : des milliers de victimes chaque année, un nombre incalculable de cas qui ne seront jamais signalés. Pourquoi ? Parce que la honte écrase. Parce que la société minimise. Parce que les agresseurs sont rarement inquiétés.
Que faut-il faire ? Éduquer dès le plus jeune âge, briser les silences, écouter et croire les victimes. Former les forces de l’ordre à recueillir la parole sans jugement. Lutter contre la culture du viol, cette idée sournoise qui cherche toujours à excuser l’agresseur et culpabiliser la victime.
Il faut parler, dénoncer, protéger. Il faut surtout comprendre que les agressions sexuelles ne sont pas une fatalité, mais un combat que nous devons mener ensemble.