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La ponctualité au Gabon : une option, jamais une obligation ?

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Au Gabon, arriver en retard est souvent perçu comme un simple détail, un trait culturel presque attachant. « On est Gabonais » devient l’excuse passe-partout qui transforme un manque de respect en une norme sociale. Mais soyons sérieux : depuis quand la nationalité est une justification pour ne pas honorer la parole donnée ?

Le retard systématique n’est pas une fatalité, encore moins une fierté. C’est un poison insidieux qui gangrène aussi bien le monde du travail que la vie sociale et politique. Pourtant, ce fléau persiste, toléré par une société qui, au lieu d’exiger le respect des horaires, préfère s’adapter à l’indiscipline.

Un retard n’est pas qu’un simple retard. Chaque retard a des conséquences. Ce n’est pas juste « quelques minutes de perdues », mais un effet domino qui impacte tout un système.

Quand un médecin arrive une heure après son premier rendez-vous, c’est une salle d’attente bondée, des patients frustrés, une chaîne de retard qui s’accumule et un service de santé qui perd en efficacité.

Quand une réunion censée commencer à 9h débute à 11h parce que le « VIP » n’est pas encore arrivé, c’est du temps volé aux employés, un manque à gagner pour l’entreprise et une habitude qui s’ancre, légitimant le non-respect des engagements.

Quand un événement officiel commence deux heures après l’heure prévue sous prétexte que l’autorité attendue « se fait désirer », c’est un message clair : dans ce pays, le respect du temps est une faveur accordée selon le statut social.

Le manque d’excuses : arrogance ou insouciance ?

L’un des aspects les plus frustrants du retard chronique, c’est l’absence totale de reconnaissance du tort causé. Que ce soit un simple employé, un cadre ou même un ministre, arriver en retard ne devrait jamais être normalisé ni excusé par le « on est au Gabon ». Le minimum, c’est de reconnaître son erreur et de s’excuser. Mais combien le font sincèrement ? Combien comprennent que leur retard a dérangé, désorganisé, voire saboté le planning des autres ?

Et si un chef d’État peut attendre un autre chef d’État pour un sommet international, pourquoi un Gabonais lambda ne pourrait-il pas attendre une heure que son supérieur daigne arriver à une réunion interne ? La réponse est simple : parce que l’exemple vient d’en haut.

Il est temps d’arrêter de glorifier le retard et d’en faire un véritable problème de société. Les entreprises devraient sanctionner les retards répétés. Les institutions publiques devraient donner l’exemple. Et surtout, chaque Gabonais devrait comprendre que respecter l’heure, ce n’est pas être « trop sérieux » ou « trop européen », c’est juste faire preuve de considération pour les autres.

La vraie question, c’est donc : combien de temps encore allons-nous tolérer l’intolérable ?

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