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Le cercle du pouvoir : les chuchoteurs, les pions et les revenants

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La politique gabonaise est un théâtre où se jouent des drames bien connus, mais souvent mal compris. Si l’on se focalise sur le chef, on oublie qu’il n’est pas seul à la barre. Autour de lui, il y a ceux qui murmurent, ceux qui exécutent et ceux qui, après avoir été mis de côté, reviennent avec un discours révolutionnaire.

Les chuchoteurs : maîtres du jeu dans l’ombre

Derrière chaque décision présidentielle, il y a un cercle restreint d’individus qui influencent les orientations du pouvoir. Ce ne sont pas forcément des ministres ou des figures publiques, mais ce sont eux qui, en coulisses, tirent les ficelles. Ce sont eux qui soufflent des idées à l’oreille du chef, qui orientent ses choix, qui déterminent qui reste et qui saute.

Et personne ne les aime !

Pourquoi ? Parce qu’ils ne se battent pas pour le bien du pays, mais pour la préservation de leur propre influence. Leur devise : la fin justifie les moyens. Ils n’ont pas d’idéologie propre, si ce n’est celle qui leur permet de rester au sommet. Ce sont eux qui dressent le chef contre certains de ses alliés, qui manipulent les conflits internes pour garder la main. Et souvent, le chef finit par préférer leurs chuchotements aux cris du peuple.

Les pions jetables : loyaux, mais remplaçables

Ceux qui sont en première ligne du pouvoir, les ministres, les directeurs, les cadres du parti, ne sont en réalité que des pions. Ils reçoivent des ordres qu’ils ne contestent pas toujours, mais ils savent qu’ils ne sont pas intouchables. Leur destin dépend de l’humeur du chef et, surtout, des intérêts des chuchoteurs.

Dans l’histoire politique récente du Gabon, on a vu ces jeux d’influence mener à des tensions internes. Des figures qui pensaient être solidement ancrées dans le système ont été écartées sans ménagement. Certains, piqués dans leur orgueil, se sont alors transformés en opposants acharnés.

Les revenants : la revanche des frustrés

Le phénomène est récurrent. Ceux qui ont longtemps profité du système, mais qui ont fini par en être exclus, découvrent soudainement les vertus de la démocratie, de la transparence et du bien-être du peuple. Avant, ils étaient muets sur les abus du régime. Mais dès qu’ils perdent leurs privilèges, ils dénoncent l’injustice, l’autoritarisme et le clientélisme.

Beaucoup d’opposants ces dernières années ne sont en réalité que des exilés du pouvoir, frustrés d’avoir été mis de côté. Leur combat n’est pas toujours idéologique, mais souvent personnel : ils veulent récupérer leur place. C’est à ce moment-là qu’ils deviennent de fervents défenseurs du peuple et qu’ils veulent rompre avec l’ancien régime… auquel ils ont pourtant appartenu.

La responsabilité du chef : entre populisme et argent

Il serait injuste de ne blâmer que l’entourage. Le chef, lui aussi, a sa part de responsabilité.Ce qui a affaibli les dirigeants gabonais, ce n’est pas leur manque d’idées. Certains avaient même des ambitions réelles pour le pays. Mais à force d’écouter les mauvaises personnes, à force d’aimer les chuchotements plus que la vérité, ils ont perdu pied.

Ensuite, il y a l’attrait du populisme et de l’argent. Gouverner, ce n’est pas seulement plaire à la population en lançant des promesses grandiloquentes. C’est aussi prendre des décisions impopulaires, mais nécessaires. Beaucoup de chefs ont préféré les discours flatteurs aux réformes courageuses. Et c’est ainsi qu’ils se sont enfermés dans un cercle vicieux où l’argent et le pouvoir ont pris le pas sur le bien commun.

Un cycle sans fin ?

La politique gabonaise fonctionne comme une boucle. Les mêmes dynamiques se répètent : un chef s’entoure de chuchoteurs, écarte certains pions, voit des frustrés rejoindre l’opposition, puis finit par tomber à son tour.

Ce qui devait être un combat d’idées se transforme alors en une lutte d’influences, où l’objectif principal n’est pas d’améliorer le quotidien des citoyens, mais de contrôler les leviers du pouvoir. Pendant ce temps, le peuple, lui, reste spectateur d’un jeu qui ne change jamais vraiment les règles.

Mais est-ce une fatalité ? Faut-il accepter que la politique gabonaise soit condamnée à ce schéma immuable ? Rien n’est écrit d’avance. Si un jour l’intérêt collectif prend réellement le dessus sur les jeux d’ego et de pouvoir, alors peut-être que cette boucle pourra enfin être brisée. Mais pour cela, encore faut-il que ceux qui dirigent, comme ceux qui aspirent à diriger, aient le courage de choisir le peuple plutôt que leur propre survie politique.

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