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Êtes-vous sûrs que les choses vont changer au Gabon?

c'est

Moi, je n’y crois plus.

Il y a 20 ans, j’assistais à ma première campagne. Je n’avais pas encore l’âge de voter, mais j’observais curieusement l’effervescence autour de ces élections présidentielles de 2005, les « associations » qui se formaient pour réserver un « accueil chaleureux », des hymnes à la gloire des valeureux candidats et ce en toutes les langues  du Gabon, les médias qui relayaient les meetings de chacun tout en valorisant grandement le principal candidat – OBO à l’époque.

4 ans plus tard alors qu’OBO nous quittait en 2009 et que l’intérim de Mme Rogombe se terminait, un scrutin électoral imprévu s’est organisé. A cette époque, j’étais en pleine adolescence. Je ne votais toujours pas mais la campagne était un vrai moment de “groove”.  Il y avait des rassemblements partout dans les quartiers pour “s’inscrire” dans des associations de circonstance. La course aux gadgets, aux tee-shirts et aux  billets de “2.000 frs” était lancée! 

En 2016, c’était une atmosphère différente. Je voyais comment les gens venaient frapper aux portes pour supplier de rejoindre leur associations ou mouvements pour en gros “faire le nombre”.  J’avais atteint l’âge légale de vote mais je ne votais pas (soucis administratifs). Avec des personnalités de la majorité devenues désormais opposantes et un nombre important de candidats le choix aurait été difficiles. Mais de toutes façons je ne pense pas que mon vote aurait été pris en compte vu la tournure après résultats.

2023 on a eu droit à la totale ! Des votants qui se déportaient, des promesses toujours plus grandes, mais aussi et surtout les réseaux sociaux qui étaient la source d’informations par excellence. En vérité on pouvait voir à quel point les gabonais avaient hâte de changements.  J’ai assisté à 2ou 3 discours de campagne via les réseaux sociaux (flemme!) J’ai voté pour la première fois et ma voix m’a été volée. La suite on l’a connait tous.

2 ans après on est encore là à devoir faire un choix sur qui sera notre président. Les candidats sont connus.  J’aurai aimé dire qu’après le régime Bongo c’est la seule élection durant laquelle je pourrai voter et être entendu mais … non. Je suis confuse et réticente. Les candidats en liste ne m’inspirent aucune confiance. Le candidat dit favori a décidé de pendre comme héritage la façon de faire de ses prédécesseurs. Payer les futurs votants, faire danser les foules, organiser des situations gênantes (grève de la faim, remise de dons financier d’étudiants au candidat, discours parsemé de louanges, etc.), c’est le même procédé qui se répète, la même formule magique pour “gagner”.

Au fil des années, les candidats changent mais à notre plus grand désarroi, le constat reste le même à chaque fois.

Les foules habillés à l’effigie des candidats remplissent les stades et autres endroits populaires, les baffles pestent de partout diffusant les sons de campagnes,  les foules écoutent religieusement le message du candidat présent. Un discours ponctué d’interjections du public comme pour valider les dires de l’homme politique. Après chaque meeting terminé et après le candidat parti, des files se forment automatiquement pour la distribution des billets.

Globalement, le processus en période de campagne électorale est resté le même. Au vu de ce constat, peut-on espérer que notre pays connaîtra un véritable changement un jour ?

Dans ce cas, ai-je vraiment l’obligation de voter ?

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