Cette tendance est dans tous les domaines. Dans la politique, dans l’art, dans le sport, dans la gestion de l’Etat… On ne prend jamais exemple sur les meilleurs pour définir nos aspirations. On regarde nos pires échecs et on s’en sert comme baromètre pour mesurer nos succès qui ne le sont pas au final.
L’art de se satisfaire du peu : une habitude bien ancrée
Dans la politique, dans l’art, dans le sport, dans la vie professionnelle, et même dans les relations interpersonnelles, le contentement passif semble être devenu une valeur dominante. On ne cherche plus à s’inspirer des meilleurs, mais à s’éloigner juste assez de nos pires échecs pour s’auto-congratuler. Cette dynamique crée une société figée, qui confond stagnation et progrès véritable.
On doit élire un nouveau président ? Tant pis s’ il perpétue certaines pratiques douteuses du régime déchu, tant pis si il était le premier ministre hautain d’un ancien système malhonnête et corrompu… Au moins il a quand même fait çi ou ça, il a raison sur çi ou ça… On ne sait pas dire “non”. Parce que c’est quand même mieux qu’avant.
Et cette résignation ne touche pas que le domaine politique. Hein mesdames ? “Tous les hommes sont infidèles”, c’est rassurant de se le dire. C’est tellement plus facile d’être “au moins” la titulaire, que de chercher à viser haut en épousant un homme fidèle. Encore faudrait-il être conscient qu’on peut avoir mieux. On est fier d’un père pourvoyeur sans attache émotionnelle avec ses enfants. “Au moins il n’a pas nié la grossesse”, dit la jeune mère satisfaite d’être “au moins” féconde.
Le conformisme et la résignation, moteurs invisibles de la médiocrité
Entre conformisme, résignation, culture de la médiocrité, les concepts se choquent et s’entrechoquent pour donner le résultat médiocre auquel on a droit. On se satisfait et s’autocongratule en tant qu’intellectuel de donner une dimension de groove national à ce qui aurait pu faire de nous un exemple régional. Nous vivons dans un environnement où la médiocrité est non seulement tolérée, mais parfois valorisée comme preuve d’humilité ou de réalisme.
Quand tout le monde se contente de peu, personne ne vise haut. Ni nos dirigeants, ni nos institutions, ni même les citoyens. Pourquoi se dépasser quand le public ne le réclame pas ? La médiocrité ambiante a engendré un cercle vicieux : à force de n’attendre que le minimum, on décourage toute émulation vers le haut. L’initiative et le mérite sont trop peu valorisés. On voit des responsables accumuler honneurs et postes sans résultats tangibles, capitalisant sur un capital symbolique de titres ronflants plutôt que sur l’efficacité réelle. Un ministre d’une incompétence notoire est nommé à la présidence pour ne pas citer que ça.
Pas de principes forts : une société sans colonne vertébrale
Un autre symptôme de cette “culture” nauséabonde, c’est l’édulcoration progressive des principes. Les valeurs fondamentales ne tiennent plus lieu de repères. Le respect de la parole donnée, l’intégrité, la justice, la vérité — toutes ces notions sont devenues relatives, soumises aux circonstances, aux intérêts, ou au buzz du moment. On excuse tout, parce que « tout le monde le fait ». On tolère parce que « c’est comme ça ».
On admire l’opportunisme camouflé en pragmatisme. Il n’y a plus de socle moral solide. Et c’est peut-être là que le bât blesse le plus : sans principes clairs, on ne peut pas bâtir une société d’excellence. Et une société sans colonne vertébrale morale est une société qui s’effondre au moindre vent. C’est pourquoi la restauration des mentalités demeure une urgence.
Et si on osait l’excellence ?
“Au moins”, “quand même” sont devenus les slogans nationaux à la place du légendaire “on va encore faire comment?”. Ça nous aura pris plus de 60 ans pour faire ce pas de tortue. “Quand même”.
Je disais à un ami hier que je suis peut-être trop idéaliste. Cet environnement est un red flag géant pour nous autres qui rêvons grand, qui rêvons juste et qui rêvons d’excellence. A défaut de pouvoir transformer ce pays, j’espère semer la graine d’idéal chez vous mes dear lovers.
Et si vous êtes comme moi, peut-être qu’on contaminera un peu plus de monde. Ce serait le plus beau virus qui soit.
Allez, tchuss.
La P’tite Dame