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Tisser l’équilibre : Mars, Vénus et l’avenir du Gabon

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Quand je réfléchis à ce qui fait avancer les individus ou les nations, je vois deux forces distinctes, mais inséparables : une énergie d’action, de courage, de rupture, celle de Mars ; et une autre, plus douce, faite d’écoute, de lien et d’harmonie, celle de Vénus.

L’élan de la rupture

Ces deux dynamiques, loin de s’opposer, se nourrissent mutuellement. Leur équilibre, fragile et vivant, est au cœur de toute transformation durable, qu’il s’agisse de nos vies personnelles ou d’un pays comme le Gabon, où la victoire de Brice Oligui Nguema à l’élection présidentielle du 12 avril 2025 avec 94.85 % des voix, incarne ce défi.

Mars : la force en action

La victoire d’Oligui Nguema est un symbole puissant de l’énergie martienne. Après avoir renversé la dynastie Bongo en 2023, il a promis de redonner espoir à un Gabon riche en pétrole, mais où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. À Libreville, les célébrations dans les rues, relayées sur les réseaux sociaux, montraient une ferveur presque tangible : des klaxons, des danses, une vague d’enthousiasme pour un homme perçu comme un bâtisseur, prêt à secouer un système entier. Cette force – celle de trancher, de réformer, de construire – est essentielle. Elle porte l’ambition de nouvelles infrastructures, d’une économie diversifiée, d’un pays qui ne repose plus seulement sur l’or noir. C’est l’élan d’un peuple qui veut tourner la page.

Vénus : le souffle de l’unité

Mais cette énergie, aussi puissante soit-elle, ne suffit pas seule. Les critiques de l’opposition, comme celles d’Alain Claude Bilie-By-Nze, qui a dénoncé un scrutin opaque, rappellent une vérité : aucun changement ne dure s’il ignore les voix discordantes. Vénus, c’est cette capacité à écouter, à fédérer, à soigner les fractures d’une société marquée par des décennies d’inégalités. Le Gabon a besoin de réformes audacieuses, mais aussi de gestes qui touchent le quotidien : des écoles équipées, des hôpitaux fonctionnels, des opportunités pour une jeunesse qui rêve grand. Je pense à des initiatives comme les centres numériques, évoquées récemment dans des discussions sur l’accès à l’éducation. Ces projets, modestes en apparence, peuvent tisser des liens, donner aux jeunes de Port-Gentil ou de Franceville les outils pour se connecter au monde. C’est Vénus qui transforme une vision en un projet partagé.

Une navigation permanente

Cette idée d’équilibre résonne aussi dans ma propre expérience. J’ai souvent été tenté de foncer tête baissée, porté par une idée ou une ambition, en oubliant parfois de m’arrêter pour écouter ceux autour de moi. Une fois, dans un projet collectif, j’ai poussé pour imposer une direction qui me semblait évidente, mais j’ai vite vu les limites : sans l’adhésion des autres, le résultat manquait de vie. J’ai appris à mieux naviguer entre l’élan de l’action et la patience du dialogue. Au Gabon, cet équilibre est tout aussi crucial. Oligui Nguema a une chance historique, mais son succès dépendra de sa capacité à marier la force des réformes à l’attention portée aux besoins de tous. Les richesses du pays doivent irriguer les écoles, les villages, les espoirs de la jeunesse, et non se perdre dans les circuits d’une élite.

Ce qui me marque, c’est que cet équilibre n’est jamais acquis. C’est un mouvement, une danse entre deux forces qui se répondent. Pour le Gabon, comme pour chacun de nous, il s’agit d’apprendre à avancer avec audace tout en restant ancré dans l’écoute, de bâtir avec force tout en prenant soin des liens qui nous unissent. C’est peut-être dans cette tension, dans cet art de l’ajustement, que se dessine un avenir qui ne sacrifie ni l’ambition ni l’humanité.

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