GabonOpinionSanté

Et si on regardait autrement ?

c'est

Ce matin, je suis tombée sur un message publié à propos d’Emma’a. Un message de soutien, sincère, écrit par quelqu’un qui l’a toujours défendue. Mais au milieu des encouragements, une remarque sur son nouveau style vestimentaire : “Tu peux rester l’ancienne Emma’a… tu n’as pas besoin de tout ça.”

C’était bienveillant, je n’en doute pas. Mais ça m’a fait réfléchir.

On parle souvent d’Emma’a comme de l’artiste. On observe ses choix, on commente son apparence, on analyse sa direction. Mais on oublie parfois qu’avant tout, Emma’a est une jeune femme. Une personne entière, sensible, qui vit aussi avec ses propres doutes, ses blessures, ses souvenirs. Et peut-être, ses complexes.

Changer, ce n’est pas toujours une stratégie. Ce n’est pas forcément pour “faire parler”. Parfois, c’est juste une façon de se sentir un peu mieux. D’alléger quelque chose qu’on porte depuis longtemps, en silence.

Je me souviens, par exemple, de mes parents qui m’avaient surnommée “la boule”. C’était affectueux, je le sais bien. Mais ce surnom, il ouvrait la porte à toutes sortes de moqueries. Quand la famille venait à la maison, c’était : “Oh la boule ! Toujours aussi ronde !”, “La boule, tu as encore planqué la nourriture ?”, “Arrête de faire ta relou, la boule !”

Je souriais, bien sûr. Pour faire bonne figure. Pour ne pas créer de malaise. Mais au fond, ça piquait. Et cette petite douleur, je l’ai gardée en moi pendant des années, sans rien dire. J’ai appris à vivre avec. À me construire autour.

Alors aujourd’hui, quand je vois une femme faire le choix de changer quelque chose en elle – son corps, son style, son attitude – je ne me demande pas si c’est “utile” ou “nécessaire”. Je me demande si ça lui fait du bien. Si ça l’aide à se sentir plus légère, plus libre. Si c’est sa manière à elle de se réconcilier avec une version d’elle qu’elle a longtemps dû cacher, supporter ou taire.

Je parle d’Emma’a, mais en vérité, je parle de beaucoup d’entre nous. De toutes celles qui ont grandi en apprenant à sourire quand ça faisait mal. De celles qui ont été définies par un surnom, une blague, un commentaire, et qui ont mis du temps à se retrouver.

Parfois, quand on en a enfin les moyens, on décide de faire un pas vers soi. Pour se sentir mieux. Pas pour les autres. Juste pour soi. Et ça n’a rien à voir avec une image ou une carrière. C’est quelque chose de profondément personnel. Un apaisement. Un exorcisme, doux et nécessaire.

Alors, la prochaine fois, avant de commenter, même avec tendresse, essayons simplement de regarder autrement. Avec plus de douceur. Parce que l’important, ce n’est pas ce que les autres voient. C’est comment on se sent, quand on se regarde.

N'oubliez pas que vous avez vous aussi la possibilité de nous envoyer vos textes pour encourager, dénoncer et sensibiliser. Envoyez vos contributions à l'adresse ungabonaisnormal@proton.me. On publie en anonyme, sauf mention contraire, et nos messageries sont ouvertes au besoin.