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Le bal des prétendants aux nominations 

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Depuis l’annonce des résultats provisoires de la présidentielle du 12 avril 2025, on croyait la campagne terminée. Erreur. C’était juste la pause pub. Car en réalité, la vraie compétition vient tout juste de commencer : celle du grand bal des ambitions, des réseaux, des articles achetés à la sauvette et des posts Facebook aux relents de CV déguisé. Au Gabon, on ne vote plus, on postule.

Brice Clotaire Oligui Nguema a certes été élu avec 94,85 % des voix, mais ce qui occupe désormais certains esprits, ce n’est plus le taux de participation… c’est leur taux de visibilité. On assiste à une télé-réalité politique grandeur nature.Qui veut être nommé ?” serait un bon titre. Les candidats ? Ils sont partout. Ils s’aiment beaucoup. Et ils ont tous soudainement redécouvert leur passion brûlante pour le Gabon. Une passion qui, coïncidence incroyable, est née pile entre les résultats provisoires et la future annonce du nouveau gouvernement.

Au programme : selfies patriotiques en boubou bien repassé, montage vidéo façon documentaire Netflix, articles complaisants publiés à la chaîne (“selon plusieurs sources, il serait pressenti…”), directs Facebook pleins de sous-entendus, attaques passives-agressives entre personnes de même camp… Sans oublier les citations profondes de Mandela ou Che Guevara, balancées entre deux publicités sponsorisées sur Instagram. Car oui, l’amour du pays passe désormais par le bouton “promouvoir le post”.

Soyons clairs : ambition n’est pas un péché. Mais quand elle devient l’alpha et l’oméga de l’engagement, on frôle le ridicule. Vouloir servir, c’est noble. Supplier pour être vu, c’est pathétique. On confond visibilité et utilité, et surtout, on oublie une chose essentielle : on ne bâtit pas une nation comme on monte un plan de carrière.  

Le plus triste ? Certains finiront frustrés, oubliés, non nommés. Et au lieu de se retrousser les manches là où ils sont, ils tourneront casaque, crieront à l’injustice, à l’ingratitude. Parce que dans ce jeu, ce n’est jamais eux le problème, c’est toujours “le système”. Un système dont ils rêvaient pourtant d’être les rouages dorés.

Alors, petit rappel pour tout le monde : on peut aimer le Gabon sans occuper une fonction. On peut être une force de proposition sans micro, sans badge, sans chauffeur. Et surtout, on peut se taire, bosser, proposer, construire – loin des caméras, mais près du réel. Le vrai service ne demande pas toujours une nomination, mais toujours une implication.

En résumé : le pays n’est pas un podium. Ce n’est pas non plus un buffet à volonté où chacun vient prendre sa part. Le Gabon est un projet commun, pas une récompense individuelle. Alors à tous les “aspirants-nommés”, prenez une grande inspiration. Servez d’abord, on verra ensuite.

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