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Quand la dignité ne suffit pas

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Lorsque le CTRI a pris le pouvoir, une promesse a traversé les discours, les interviews, les espoirs : rendre leur dignité aux Gabonais. Pas de grandes utopies, pas de phrases creuses — un mot, un engagement. Dignité.

Et il faut être honnête : des choses bougent. Les routes s’améliorent, les bâtiments sortent de terre, les administrations semblent parfois mieux fonctionner. Il y a du mouvement, des efforts visibles. Et il serait malhonnête de faire comme si rien n’avait changé.

Mais la dignité ne s’évalue pas qu’au niveau de l’asphalte. Elle se mesure aussi au respect que l’on porte à ceux qu’on a blessés. À ceux que le pouvoir, même transitoire, a oubliés. Elle se jauge dans la capacité à reconnaître ses erreurs, à regarder les fautes en face, à ne pas les balayer d’un revers de phrase.

Alors lorsque la ministre déléguée à la Défense salue la « conduite irréprochable » des Forces de Défense et de Sécurité pendant la transition, il y a un malaise. Un malaise sourd, tenace. Une gêne partagée par tous ceux qui n’ont pas oublié.

Karl Stecy Akué Angoué, 30 ans, battu à mort pour une violation présumée du couvre-feu.
Les syndicalistes de la SEEG, arrêtés, humiliés, le crâne rasé à la lame.
Les journalistes de Gabon Media Time, placés en garde à vue, déshabillés, pour un article jugé dérangeant.
Johan Bounda, second maître, torturé à mort, brûlé au fer, dans les locaux du B2.

Des faits. Documentés. Connus. Reconnaissables. Et pourtant, effacés d’un revers de discours.

Les forces de sécurité ont un devoir. Celui de protéger. Pas d’opprimer. Celui de servir, pas de punir. Et ce devoir ne se mesure pas à l’instant présent seulement, mais à ce que l’on fait de son propre passé.

Saluer leur discipline, pourquoi pas. Mais l’appeler “irréprochable”, c’est insulter la mémoire de ceux qui ont payé de leur corps les dérives de la transition.

La dignité, la vraie, commence quand l’État a le courage de dire : là, nous avons failli. Et qu’il en tire des conséquences.

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