En plue de 15 ans, je n’ai jamais été convié à une élection d’un quelconque représentant de la diaspora. Et pourtant, je suis de près l’actualité gabonaise, y compris celle des Gabonais à l’étranger. Jamais — au grand jamais — je n’ai entendu parler d’un tel événement.
Je vous vois déjà sourire : « Il est vexé, il voulait sûrement le poste ! »
Loin de moi cette ambition.
Je suis déjà bien assez occupé pour endosser cette charge, si noble soit-elle.
Mais soyons sérieux : en tant que membre de la diaspora, je suis forcément concerné quand quelqu’un parle en mon nom. Et à ce titre, je ne comprends pas comment certaines personnes peuvent se retrouver à me représenter sans que je leur aie jamais donné quitus.
Quid de la démocratie ?
On parle souvent de représentativité, mais qui représente vraiment qui, et sur quelle base ?
Si la diaspora ne s’est pas concertée pour élire cette fameuse représentation, quel est le lien réel entre nous et ces personnes ?
En quoi leurs paroles, leurs revendications, leurs silences même, nous engagent-ils ?
Est-ce que nos voix — ou plutôt nos “voix fictives” — ne seraient pas, au fond, de simples accessoires de légitimation ?
Une foule invisible qu’on invoque pour donner du poids à des échanges précisément conçus sans elle ?
Car c’est peut-être ça, le vrai problème : on ne parle pas avec la diaspora, on parle à sa place.
Et dans le fond, ceux qui devraient être nos porte-voix deviennent souvent les porte-paroles d’un système qui ne nous consulte jamais, mais qui se félicite de nous avoir “écoutés”.
Alors, non, je ne me reconnais pas dans cette représentation “auto-proclamée”, sans légitimité, sans consultation, sans l’aval de la diaspora elle-même.
Et d’ailleurs, rappelons-le une bonne fois pour toutes : la diaspora gabonaise ne se limite pas à la France.
Elle est plurielle, éclatée, diverse dans ses réalités, ses parcours, ses combats.
On ne peut pas la résumer à quelques visages sortis d’on ne sait quel chapeau au gré d’une visite officielle ou d’un agenda politique.