Et franchement, en tant qu’entrepreneur local, j’apprécie.
C’est peut-être un nouveau souffle pour notre économie. Peut-être. Mais au moins, on va enfin dans la bonne direction.
Je me souviens encore, à mon arrivée dans l’administration, de ce qu’on me disait quand je parlais de dématérialisation :
« Hum… Jamais tu ne pourras faire ça, c’est le mangement de quelqu’un. »
Traduction : le désordre profite à quelqu’un.
Car digitaliser, c’est aussi suivre le circuit de l’argent. Automatiser. Laisser des traces. En clair, ça court-circuite les pratiques bien rodées de la corruption ordinaire.
Et ça, c’est gênant pour certains.
Le Gabon, mouroir des talents.
Il faut le dire clairement : cette digitalisation agit aussi comme une bouffée d’oxygène pour la santé mentale de nos développeurs.
Pendant trop longtemps, les “informaticiens” — pourtant formés au développement — ont été cantonnés à des tâches absurdes :
Faire de la lecture fonctionnelle sur des solutions achetées à prix d’or.
Remplacer des cartouches d’encre.
Oui, cinq ans d’études pour devenir prestataire de photocopieur ou assistant d’éditeur étranger.
Résultat : les compétences s’érodent, les vocations meurent, et ceux qui arrivent à exercer leur métier le font souvent sur des outils obsolètes, imposés par des logiques d’achat sans vision technique.
Alors oui, cette dynamique actuelle, si elle est sincère et structurée, pourrait enfin redonner de la valeur à nos talents — et éviter qu’ils continuent de fuir ou de se faner à petit feu.
Mais ne nous emballons pas trop vite.
Comme mentionné plus tôt, cette transition ne pourra réussir sans un accompagnement solide et de vraies formations.
Nos équipes doivent être mises à niveau sur les technologies actuelles, non seulement pour produire des solutions de qualité, mais aussi pour en limiter les risques.
Imaginez une application censée gérer les cartes nationales d’identité, mais construite sans les bases minimales de sécurité…
Ce serait une catastrophe.
Il faudra aussi des moyens techniques, humains et financiers, sans quoi cette belle ambition restera une vitrine vide — une de plus.
Tout ce que j’espère, c’est que cette énergie soit utilisée à bon escient.
Que ce ne soit pas une énième flamme qu’on souffle avant qu’elle ne prenne.
D’autres ont essayé… On a vu.
Mais restons confiants. Parce que cette fois, il y a peut-être une vraie chance d’écrire une nouvelle page.