GabonOpinion

Le Gabonais n’est pas paresseux, il manque d’initiative

c'est

« Le Gabonais est paresseux, le Gabonais est paresseux. »
C’est une phrase qu’on entend souvent, surtout de la bouche de nos pères. Comme si le Gabonais avait un poil dans la main, comme s’il était allergique à l’effort.

Je ne suis pas d’accord. Le Gabonais, de ce que j’ai vu, n’est pas paresseux. Il manque d’initiative, et ça fait toute la différence.

Je travaille dans le domaine de l’entrepreneuriat depuis un moment maintenant. Et j’en ai vu, des Gabonais motivés. Très volontaires. Pas toujours rigoureux, certes, mais prêts à bosser dur, à faire des horaires de malade, juste pour s’en sortir par eux-mêmes. Alors non, ce n’est pas de la paresse.

Le vrai problème, c’est qu’on n’est pas assez orientés solution.

Beaucoup de ceux avec qui j’ai collaboré attendent qu’on leur dise exactement quoi faire à chaque étape. Dès qu’un problème survient, ils s’arrêtent. Ils ne le contournent pas, ne cherchent pas, n’osent pas. Ils attendent que toi, celui qui a donné la mission, vienne avec une réponse.

Et quand tu reviens aux nouvelles, ils te disent : « Je n’ai pas pu avancer. » Pourquoi ? Parce qu’ils n’avaient pas d’ordinateur.
Mais pourquoi accepter une mission si tu sais que tu n’as pas les moyens ? Et surtout : pourquoi ne pas chercher une solution ? Utiliser ton téléphone. Emprunter un ordi. Trouver un moyen.

Ce n’est pas un manque de volonté. C’est un désapprentissage.

Et pourtant, dans notre culture, cette logique du contournement, de la débrouillardise, est ancestrale.

Je parle ici de l’adzap.
Pas d’une cosmogonie élitiste, pas d’un mythe réservé aux initiés. Non.
L’adzap, dans la tradition Fang
, c’est cet arbre immense que nos ancêtres ont rencontré lors de leur migration. Un obstacle colossal, trop large pour être contourné.
Alors ils ont creusé.

Pas pour fuir, mais pour avancer.
C’est ça, l’esprit de l’adzap : transformer la difficulté en passage.

Ce n’est donc pas dans notre essence d’attendre que les choses tombent du ciel. Cette passivité, ce réflexe d’abandon, c’est quelque chose qu’on a appris. Ou plutôt, qu’on a fini par intégrer, peut-être avec la colonisation, sûrement avec le capitalisme, qui pousse plus à consommer qu’à créer.

Et pourtant, loin de la vie du ngori — la gratuité, pour ceux qui parlent bilangum — il existe des possibilités. Plein. Pour ceux qui veulent bien s’en emparer.

Parce que le Gabonais n’est pas paresseux, justement.
Et lorsqu’il est compétent, il brille.
Ça, je peux vous l’assurer. Ça se voit.
On est peu nombreux, mais on est connus. Et on est reconnus.
Pour ceux qui arrivent à s’affranchir des apprentissages limitants, à se libérer de la posture d’attente, il y a de la lumière.

N'oubliez pas que vous avez vous aussi la possibilité de nous envoyer vos textes pour encourager, dénoncer et sensibiliser. Envoyez vos contributions à l'adresse ungabonaisnormal@proton.me. On publie en anonyme, sauf mention contraire, et nos messageries sont ouvertes au besoin.