Et le gouvernement s’étonne comme nous quand on a appris qu’Ali était en Angola
Mais en réalité, ce n’est pas un oubli. Ce n’est pas un bug. C’est un système. Rodé. Huilé. Et protégé.
Et là, dans une envolée bureaucratique, on nous annonce que cela viole l’article 71 du Code des marchés publics, qui limite cette procédure à… 15 %. Sincèrement ? Ils viennent de le découvrir ? Parce que nous, peuple, on pensait que les contrats étaient signés par le gouvernement lui-même, pas par une divinité invisible avec un tampon magique.
Derrière cette avalanche de gré à gré, il y a des PME locales de façade, souvent des sociétés-écrans montées à la va-vite par des proches de décideurs, des frères, des cousins, des épouses, parfois même le ministre lui-même. Résultat ? Des marchés attribués à soi-même, via des prête-noms, dans un jeu d’écriture aussi grossier qu’impuni.
Les conséquences sont visibles à l’œil nu : chantiers bâclés, routes en carton-pâte, écoles sans fenêtres, hôpitaux sans lits. Et pourtant, ces marchés ont tous reçu le feu vert… validé, paraphé, payé. Le miracle gabonais, c’est de réussir à transformer l’argent public en ruine certifiée.
Mais plus grave encore, c’est le silence complice des organes censés contrôler.
La Direction générale des marchés publics (DGMP) n’a-t-elle rien vu ? La Cour des comptes ? Muette. Et que dire du Contrôle budgétaire, dont l’un des logiciels censé bloquer automatiquement les dépassements de seuils en gré à gré a tout simplement été désactivé. Oui, désactivé. En interne. Par des instructions venues d’en haut. Comme ça, tout passe. Tout glisse.
Et maintenant, on nous parle de transparence, de sursaut, de moralisation ? Ces mots-là sont devenus des rideaux de fumée. Même les communicants doivent bailler en les écrivant.
Pendant ce temps, nous on slalome entre les nids-de-poule géants, on attend des infrastructures promises à coups de tambours et de caméras, on regarde nos impôts financer des pratiques qu’on aurait crues abolies. Et le plus fou ? C’est qu’on fait semblant d’être surpris.
Mais quand un gouvernement est surpris par les conséquences d’un système qu’il a lui-même mis en place, ce n’est pas une dérive. C’est une politique.
Alors il est temps de poser les vraies questions :
- Qui sont les bénéficiaires réels de ces marchés ?
- Combien de sociétés-écrans ont été montées entre 2020 et 2024?
- Pourquoi a-t-on désactivé les garde-fous techniques censés prévenir ces abus ?
- Et surtout : pourquoi rien ne bouge, même quand tout le monde sait ?
Parce qu’à ce rythme, le prochain Conseil des ministres nous annoncera avec consternation que “les caisses sont vides”, tout en jouant les étonnés. Comme nous, le jour où on a appris qu’Ali Bongo, Sylvia et Nourredin faisaient du tourisme médical à Luanda alors qu’on nous avait certifié quelques jours avant que les deux derniers cités étaient derrière les barreaux.