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« Non, souffrir en silence ne fait pas de vous un homme »

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« Ce n’est pas parce que vous restez froid que vous êtes forts. Ce n’est pas parce que vous souffrez en silence que vous êtes plus dignes. »

Depuis trop longtemps, beaucoup d’hommes s’enferment dans une posture de douleur silencieuse érigée en preuve ultime de virilité.

C’est un fantasme collectif tenace, souvent entretenu dès l’enfance : « Un homme, un vrai, ne pleure pas. », « Un homme ne parle pas de ses états d’âme. »

Et pourtant, cette posture n’a rien d’héroïque. Elle est destructrice, pas logique, elle est absurde.

« Le piège du martyr masculin »

Souffrir en silence n’est ni une preuve de force, ni un acte noble. C’est un mécanisme d’évitement, une fuite. Et si certains hommes restent englués dans cette logique sacrificielle, ce n’est pas par manque de solutions c’est par attachement au rôle du martyr.

Parce que oui, certains hommes aiment souffrir. Pas consciemment, bien sûr mais ils s’attachent à leur douleur comme à une identité et lorsque quelqu’un leur tend la main, ils répondent, « Je vais gérer, t’inquiète. »

Mais la vérité, c’est que l’on ne « gère » pas.On s’enfonce. On devient émotionnellement indisponible, irritable, parfois violent envers soi-même ou les autres.

« L’éducation ne peut plus servir d’alibi » « Tu ne peux pas comprendre, j’ai grandi dans une famille où on ne parlait pas. » « Dans mon éducation africaine, un homme ne se plaint pas. ».

C’est vrai, c’est une réalité. Mais ce n’est pas une excuse. Une fois adulte, on a le droit et le devoir de questionner ce qu’on a reçu, de choisir ce qu’on garde, et ce qu’on rejette comme le chante d’ailleurs si bien Tita Nzebi dans sa chanson « Sôle Moyi A Wè ».

À l’ère où la connaissance, la thérapie sont plus accessible, se complaire dans sa douleur est un choix. Et c’est là que le bât blesse car de nombreux hommes admettent ne pas aller bien mais ne font rien pour aller mieux. Ils savent qu’ils sont émotionnellement coupés, vides, instables, mais n’agissent pas.

Ils rationalisent leur inertie, ils se persuadent que demander de l’aide serait une faiblesse. Alors que c’est précisément le contraire.

« La logique masculine n’est pas celle qu’on croit »

On entend souvent que les hommes seraient « plus logiques » que les femmes, moins « trop émotionnels ». Mais quelle logique y a-t-il à souffrir en silence ? À refuser de consulter un psychologue alors qu’on se sent mal depuis des mois ? À rester dans un environnement toxique, des amitiés vides, une relation mortifère juste pour ne pas avoir à faire face à soi-même ?

La vraie logique est pourtant simple : Si je ne vais pas bien, je cherche à comprendre pourquoi ensuite je cherche de l’aide et je vais mieux. Refuser cela relève à mon sens d’une certaine immaturité émotionnelle. « La virilité ne devrait plus être un obstacle au soin ».

Nous devons impérativement revoir la vision qu’on a de « être un homme ». De toutes évidences, un homme ne se résume pas à sa capacité à encaisser. Non, un homme ne se mesure pas à sa froideur. Un homme, un vrai, c’est quelqu’un qui a le courage de faire face à sa douleur. C’est quelqu’un qui accepte de ne pas aller bien, qui accepte d’être vulnérable et agit en conséquence.

Parce que la vulnérabilité n’est pas une faiblesse. Accepter sa vulnérabilité c’est être lucide.« Arrêtons de glorifier l’autodestruction ». Votre souffrance ne fait pas de vous des héros. Elle ne vous rend pas plus profonds, ni plus respectables. Elle vous détruit et elle détruit ceux qui vous entourent.

Et si vous continuez de confondre absence d’émotion avec logique… Alors vous n’êtes pas « stoïque » mais simplement déconnectés et cette déconnexion, c’est de la peur.

« Ce n’est pas parce que vous n’agissez pas avec émotion que vous êtes logiques. Parfois, vous êtes juste dans le déni. »

Solomoni

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