Oui, il faut le dire clairement : ce sont les autorités elles-mêmes qui ont créé cette crise. Pas la pluie, pas le hasard, pas une quelconque urgence. Juste une politique sans âme, exécutée avec froideur. Des maisons rasées comme des châteaux de sable. Des vies piétinées sous prétexte d’aménagement. Et ensuite ? Rien. Pas une tente. Pas un toit. Pas même un mot.
Il aura fallu les vidéos sur les réseaux sociaux, les cris des sinistrés, la honte qui voyage plus vite que le mensonge, pour que le Palais Rénovation sorte de son sommeil. D’un coup, le président est sur le terrain. Il écoute. Il promet. Il joue l’humaniste en chef. Le 16 juin, réunion au sommet : ministres, sinistrés, technocrates. Tout ce beau monde se penche sur le cadavre social qu’il a lui-même tué.
Et nous voilà replongés dans le grand classique gabonais : la compassion après la claque.
On nous parle maintenant de « relogement », d’« indemnisation », d’« approche humaine ». C’est noble sur le papier. Mais dans la réalité, c’est un peu comme si un pyromane vous tendait une bouteille d’eau après avoir incendié votre maison. Avec le sourire.
« On ne nous a même pas dit de partir. On a juste vu arriver les machines. En quelques minutes, tout ce qu’on avait construit pendant 15 ans était à terre. Et aujourd’hui on vient nous demander de faire confiance ? », lâche Stéphanie, mère de trois enfants, encore choquée par la brutalité de l’opération.
Un comité de suivi a même été mis en place, dirigé par le vice-président Dr Séraphin Moundounga. Son rôle : s’assurer que les engagements soient respectés. Mais au Gabon, un comité, c’est souvent une salle climatisée, des per diem, et une très belle manière de laisser pourrir le dossier en paix.
Le vrai problème ici, ce n’est pas la communication tardive. C’est l’absence de planification. On agit d’abord, on pense ensuite. On détruit, puis on se demande où vont dormir les gens. On frappe, puis on se demande s’il fallait prévenir. Résultat : gestion de crise à l’envers, version rafistolage émotionnel et caméra bien cadrée.
Et pendant que le pouvoir essaie de rattraper sa propre faute, les familles, elles, attendent. Elles n’ont pas de comité. Pas de badge. Pas de micro. Juste leurs matelas posés à même le sol. Leur dignité empaquetée dans un sac plastique. Et leur colère, intacte.
Parce que les Gabonais ont compris une chose : ce n’est pas un oubli. C’est une négligence. Volontaire. Organisée. Injustifiable.
Alors non, ce n’est pas « mieux vaut tard que jamais ». C’est trop tard, et c’est votre faute.
Et cette fois, le peuple ne veut pas de promesses. Il veut des comptes.
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