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CEP 2025 : Bravo les enfants, maintenant… où va-t-on les mettre ?

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98,70 %. Presque un sans-faute. C’est officiel, nos enfants ont brillamment réussi le Certificat d’études primaires cette année. Une génération de petits génies. Ou, plus probablement, une génération qui s’apprête à découvrir ce que « surcharge scolaire » veut dire.

Les résultats sont tombés le mercredi 18 juin : 98,70 % de réussite au CEP pour 51 231 candidats.
Applaudissements. Maracana dans les quartiers, on danse la Ntcham et tout ça, ON GLACE LES YAOURTS.
Fierté légitime dans les familles.
Mais derrière les hourras, un petit souci se profile.
Un tout petit détail que personne n’ose vraiment aborder à voix haute :

Où allons-nous caser tout ce beau monde à la rentrée prochaine ?

Parce que oui, réussir le CEP, c’est bien. Avoir une place en 6e, c’est mieux.
Et là, on parle de plus de 50 000 nouveaux collégiens à accueillir dès septembre.
Des enfants bien vivants, avec des cartables, des rêves, des parents inquiets, et des enseignants déjà en burn-out sans même avoir vu la rentrée.

Les classes sardines, un classique made in système D

Chaque rentrée, on y a droit : des classes bondées, trois élèves par table, un seul enseignant pour deux salles, et la climatisation remplacée par l’éventail en cahier 200 pages.
Et cette année, avec un taux de réussite pareil, on s’oriente vers la version XXL du chaos.

Est-ce que les infrastructures ont suivi ? A-t-on construit de nouvelles salles ? Formé de nouveaux enseignants ?
Pas qu’on sache.
Les discours politiques rassurent, certes : « absorption progressive », « redéploiement intelligent », « optimisations », mais dans la vraie vie, ça sent plutôt le bricolage à chaud.

Parents et enseignants : les pompiers silencieux de l’école

Parce que quand le système craque, ce n’est ni un ministre ni un conseiller technique qui court avec un extincteur à la main.

Ce sont les enseignants.
Ceux qui font tenir des classes de 70 élèves avec une craie et un demi-tableau.
Ceux qu’on pousse à bout, qu’on ignore quand ils alertent, mais qui continuent, chaque jour, parce qu’ils aiment ce qu’ils font, ou parce qu’ils n’ont pas le choix.
Des pompiers sans casque, qui sauvent le système sans en avoir les moyens.

Et ce sont les parents.
Ceux qui se lèvent à 4h pour inscrire leur enfant. Qui dorment devant les portails, mendient une place, négocient avec le proviseur, supplient un « tonton du ministère ».
Ceux qui paient le matériel de toute une classe, quand l’État est aux abonnés absents.
Des pompiers en civil, qui éteignent les incendies à coups de sacrifices.

Ce système tient debout, non pas parce qu’il est bien pensé, mais parce que des gens ordinaires se battent pour éviter son effondrement.

Un succès qui risque de tourner au piège

Un taux de réussite aussi élevé, c’est une bonne nouvelle. Une victoire collective.
Mais à condition que la suite suive.
Sinon, on fait quoi ?
On félicite les enfants et on les renvoie chez eux faute de place ? On empile les élèves au fond des classes ? On sacrifie leur avenir sur l’autel du manque de prévoyance ?

Ce qu’il nous faut, ce ne sont pas des félicitations creuses, mais des salles, des bancs, des profs du concret.
Sinon, ce taux record ne sera qu’une illusion, une réussite à court terme, et un échec à long terme.

Alors, bravo les enfants. Maintenant, à l’État de faire ses devoirs.

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