Il existe une violence douce, sourde, quotidienne, qu’on ne reconnaît pas toujours : celle des jugements déguisés en conseils, des critiques masquées en « bienveillance », des regards qui pèsent sur les choix des autres, simplement parce qu’ils ne ressemblent pas aux vôtres.
Cette violence, on l’inflige au nom de la norme, du bon sens, de la « logique ». Mais en réalité, ce n’est souvent que de l’intolérance molle, de l’orgueil moral, et parfois même, de la jalousie mal camouflée.
Parce que oui, parfois, c’est juste votre ego qui parle
Quand vous critiquez un homme qui ne veut pas dépenser pour une femme, est-ce vraiment de la morale… ou une frustration de ne pas être l’objet de sa dépense ?
Quand vous regardez une femme vivre seule, libre, sans enfants, sans compromis, ce qui vous dérange… c’est son choix ? Ou votre incapacité à vous l’autoriser ?
Dans bien des cas, vous ne défendez pas une valeur, vous défendez votre inconfort personnel. Vous appelez ça « bon sens », mais c’est de la projection.
Non, la différence n’est pas une faute
Une femme décide d’être soumise. Un homme fait passer sa copine avant tout. Ce sont des adultes, consentants, engagés. Mais non : certains se croient légitimes pour venir les « réveiller », comme s’ils dormaient dans l’erreur.
Pourquoi ? Parce que dans votre monde, aimer, c’est se protéger, se méfier, se contrôler. Et donc, vous jugez ceux qui aiment autrement.
Mais ce que vous oubliez, c’est que la différence de choix n’est pas une erreur à corriger. C’est une liberté à respecter.
Ce que vous appelez « donner trop » ou « faire la victime », c’est souvent juste de l’humanité
Ces hommes qui aiment fort, que vous traitez de « maboule », de « chien fidèle »…
Ces femmes qui pleurent encore un proche perdu il y a cinq ans, que vous accusez de se complaire dans le drame…
Et si c’était vous qui étiez émotionnellement limités ?
Et si c’était votre incapacité à supporter la vulnérabilité de l’autre qui posait problème, pas leur manière d’aimer ou de souffrir ?
Afficher son couple, c’est encore interdit ?
C’est fascinant comme l’amour assumé dérange.
Un couple affiche son bonheur ? Il est forcément faux. Il se sépare ? Vous exultez.
Vous appelez ça du réalisme, mais c’est de l’aigreur pure, une jouissance malsaine devant la chute présumée des autres.
C’est de la sorcellerie émotionnelle. De l’envie déguisée en scepticisme.
Ce n’est pas votre vie. Ce n’est pas votre cadre. Ce n’est pas votre combat.
Tant que ces choix n’enfreignent aucune loi, ne vous privent d’aucun droit, ne vous coûtent rien…
Pourquoi voulez-vous à tout prix corriger, redresser, convertir ?
Ce besoin de commenter les choix des autres, c’est une forme de colonisation mentale.
Vous vous érigez en référence. Vous vous placez en hauteur, convaincus que votre manière de vivre est supérieure.
Mais vous n’êtes pas un modèle. Vous êtes juste un produit de votre culture, de vos peurs, de vos limites.
Et si vous vous occupiez de vous ?
Et si, au lieu de vous indigner de voir quelqu’un vivre différemment, vous vous demandiez pourquoi ça vous dérange autant ?
Et si, au lieu de traquer la « mauvaise décision » chez l’autre, vous faisiez le ménage dans vos propres contradictions ?
Et si, au lieu de juger la liberté des autres, vous essayiez d’élargir la vôtre ?
Conclusion : Le respect, ce n’est pas de tolérer ce qui vous ressemble. C’est d’accepter ce qui vous échappe.
La maturité ne consiste pas à corriger les autres, mais à comprendre que le monde n’est pas fait à votre image.
Vous n’auriez pas fait comme lui ? Comme elle ? Très bien. Mais cela ne veut pas dire qu’il ou elle a tort.
Le vrai progrès, ce n’est pas l’uniformité.
C’est la coexistence paisible des choix différents.