Le langage corporel du président gabonais était cohérent depuis le début, mais il préférait regarder l’interprète plutôt que son hôte, ce qui le mettait dans une posture inconfortable, la main sur le dossier de sa chaise et le regard perdu dans ses pensées. Il ne pouvait donc pas maintenir le contact visuel avec son hôte, pourtant nécessaire pour lui faire comprendre sa détermination. L’absence de contact visuel et l’absence de sourire ont été les plus grands défauts du président gabonais depuis son entrée en fonction.
Le fait est qu’il n’a pas appris ces bases au cours de ses deux dernières années de mandat.
Une autre erreur du président gabonais a été de conclure son discours en déclarant : « Vous êtes les bienvenus pour investir, sinon d’autres pays viendront à votre place. » Cette phrase est intimidante : le président aspire aux investissements américains et prétend que si vous n’investissez pas, d’autres investiront.
Aurait-il fallu prononcer cette phrase ? Les Russes, les Français et les Chinois ont investi ; leurs investissements ont-ils été fructueux pour le Gabon ? C’est ce qu’on appelle une piètre monnaie d’échange avec un fusil à la main. Trump en aurait gardé un goût amer. C’est pourquoi il a tenté de clore les discussions sans ménagement.
Enfin, tout en invitant les États-Unis à investir au Gabon, le président gabonais a, à tort, insisté sur le fait que « nous sommes riches ».
Cette affirmation répétée fera l’objet d’un autre article, je n’y reviendrai donc pas pour l’instant.
Mais que les lecteurs se demandent : quand affirmons-nous que nous sommes riches ? La prospérité est-elle un argument de poids devant le président américain ? Cela semblait puéril, et Trump n’aurait certainement pas été très impressionné par ce « nous sommes riches ».
La réalité est bien plus dure, notamment dans le contexte des pays d’Afrique de l’Ouest, où l’éducation primaire et les soins de santé primaires ne sont pas accessibles aux Africains à des prix abordables.
Les cinq économies de ces cinq pays sont lourdement endettées, et pourtant il a affirmé « nous sommes riches ».
Les Gabonais devraient se débarrasser au plus vite de leur obsession d’être riches. Vous n’êtes pas « riche », vous disposez d’une abondance de minéraux qui doivent être monétisés pour l’être.
Les Gabonais doivent accepter une dure réalité le plus tôt possible et œuvrer à s’émanciper de cette dure réalité.
Tout le monde sait que l’économie gabonaise est basée sur les importations ; même les boîtes d’allumettes sont importées, et pourtant il a prétendu être « riche ».
Le Gabon est riche alors que l’Union européenne s’est offert le luxe rare d’un taux de change fixe pour sa monnaie, soit 656 FCFA pour 1 euro.
L’économie entière repose sur des béquilles européennes et vous prétendez être « riche ».
Ce n’est rien d’autre qu’un manque d’appréciation de votre stature par rapport aux États-Unis.
La mauvaise gouvernance, l’absence de démocratie constitutionnelle et l’absence d’État de droit ne suffiront pas à convaincre le président américain de considérer ces pays comme « RICHES », même si leurs présidents recourent à cette litanie.
Votre hôte n’est pas censé diriger votre conduite. Vous devez vous comporter de manière naturelle, ce qui a plus de chances de l’impressionner que de copier votre hôte.
Cette démonstration effrontée de masculinité, associée à une image machiste, n’est ni obligatoire ni impressionnante pour le président américain.
Oui, chez lui, ces gestes peuvent plaire à quelques personnes en raison de leur complexe d’infériorité, mais un chef d’État devrait s’abstenir d’afficher un complexe d’infériorité en se présentant comme un machiste.
Le président Trump a toujours été très tiède, dépourvu de toute information préalable de ses conseillers.
De plus, il semble très méprisant envers tous ses invités, représentant leur souveraineté, alors que le président gabonais se promène dans sa capitale avec une casquette MAGA en compagnie de tous ses collègues du cabinet.
Tous ces gestes dénigrent le président gabonais, qui semble ravi de rencontrer un grand patron, alors qu’il est aussi président.
Mais… Henry Kissinger avait conseillé :
L’hostilité envers l’Amérique est dangereuse, mais l’amitié américaine est fatale.
Le président gabonais, qui se réjouit de sa visite aux États-Unis, devrait être mis au courant par ses conseillers de ce conseil plus sensé de Henry Kissinger.