Ce mot est lié à une figure historique : le Général Nasser, en Égypte, en 1956. À l’époque, le canal de Suez, vital pour le commerce mondial, était contrôlé par les puissances occidentales (Anglais et Français). Considérant l’impact direct sur la souveraineté économique et sociale de son pays, Nasser décida de reprendre ce canal des mains étrangères. Cet acte fort, au-delà de son enjeu économique, restaura la dignité et la souveraineté nationale de l’Égypte.
Partant de cet exemple de l’histoire, posons la question : ”Nationalisation” ou ”Gabon d’abord” ? Lequel correspond le mieux au contexte gabonais ? Et pourquoi ?
Le contexte actuel du Gabon laisse à désirer, principalement en raison du comportement de ses dirigeants.
La volonté de ”nationaliser” émane surtout de la classe moyenne, ignorée par les autorités, qui lutte pour survivre dans un pays où la réussite repose souvent sur le nom ou l’appartenance familiale. Cette classe possède pourtant les compétences et la motivation pour contribuer au développement national, mais ses espoirs sont régulièrement brisés par l’inaction ou l’indifférence des dirigeants.
Cette aspiration à la nationalisation ne vient pas d’une volonté collective alliant population et dirigeants, mais uniquement du peuple, lassé de voir de nombreux secteurs économiques occupés par des intérêts étrangers.
Les faits montrent que les dirigeants ne partagent pas l’élan de souveraineté porté par leur peuple. Après la grouille populaire qui s’est passée notamment, le cas de Lambaréné, leur réponse s’est limitée à un discours lu, sans mesures concrètes pour traduire cette volonté en actes. Or, la véritable nationalisation exige bien plus que des mots : elle demande des décisions fermes, des actions courageuses et, si nécessaire, des sanctions.
Pourquoi, alors, ce refus d’accompagner la population dans cette démarche ?
Raisons possibles de l’inaction :
- Calcul économique : Les bénéfices tirés de la présence d’étrangers dans certains secteurs seraient jugés plus importants que ceux générés par les nationaux.
- Tolérance intéressée aux infractions : Les étrangers sont souvent disposés à payer cher pour exercer en paix, ce qui alimente des recettes douanières et fiscales élevées, ainsi motivent les autorités à ériger un grand nombre de contrôles.
- Source de revenus : Qu’ils soient en situation régulière ou non, les étrangers constituent pour certaines administrations une manne financière précieuse, renforçant leur autonomie financière.
- Manque de confiance dans la population : Les dirigeants doutent de la capacité des Gabonais à s`investir sérieusement et durablement dans le développement d’activités locales.
Au vu de ces éléments, nous comprenons que le texte officiel lu par les autorités vise juste à apaiser le climat social et non à engager une véritable nationalisation. Ce comportement des autorités contribue beaucoup à l’inactivé des Gabonais, en freinant l’initiative nationale et maintient ces derniers dans une position défavorable face aux étrangers.
Dans ce contexte, le mot “nationalisation” paraît inadapté. Le slogan “Gabon d’abord” semble plus pertinent.
Un slogan plus réaliste : “Gabon d’abord”
Il s`agit de privilégier les compétences, les produits et les talents nationaux tout en encadrant l’apport étranger, par exemple, en fixant un ratio de 70 % de nationaux pour 30 % d’étrangers dans les différents secteurs.
Ce mode de fonctionnement pourrait satisfaire les deux parties: les dirigeants y rouveraient leur intérêt financier, et la population, sa souveraineté économique.
Mesures à adopter pour “‘Gabon d’abord”
⁃ Fiscalité avantageuse pour les nationaux : instaurer un régime fiscal plus léger que celui des étrangers afin de permettre aux entreprises locales d’éclore et de proposer des produits à des prix compétitifs.
Professionnalisation des secteurs clés (commerce, transport, etc.) : reconnaître ces activités comme des métiers à part entière, encourager la spécialisation et limiter les passages d’un secteur à un autre.
Controle strict de limmigration : revoir les conditions d’entrée sur le territoire pour prévenir l’insécurité et l’occupation excessive de certains secteurs.
Réforme financière : mettre en place des règles solides pour limiter le rapatriement massif des capitaux vers l’étranger.
En résumé, la nationalisation au sens strict suppose une volonté politique forte, ce qui, pour l’instant, fait défaut au Gabon. “Gabon d’abord”, en revanche, est un cap stratégique atteignable, conciliant les intérêts des dirigeants et Ceux du peuple.
L’économiste I.J.B
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Last modified: 21/08/2025