Après plus de 50 ans, on met fin à ce système où certaines disciplines pesaient plus lourd que la vérité dans un débat politique.
Jusqu’ici, si tu étais nul en maths, peu importait que tu sois un futur Molière en théâtre ou un Usain Bolt en sport : tu étais catalogué comme « élève en échec ». Résultat ? Plus d’un tiers des élèves gabonais redoublaient chaque année. Oui, 35 %. Comme si redoubler était une tradition nationale au même titre que le ndolé au Cameroun ou le thiéboudiène au Sénégal (qui, eux, affichent des taux bien plus bas).
L’Inspection générale a fini par reconnaître que ce système « surpondéré » décourageait plus qu’il ne motivait. Forcément : si deux matières font la loi et écrasent toutes les autres, difficile de se sentir valorisé quand ton talent est ailleurs. « Avec des coefficients égaux, les enfants vont développer leur vraie nature », explique Joachim Ondjila, inspecteur général. Traduction : on arrête de transformer les élèves en mini-mathématiciens ou mini-linguistes malgré eux.
Désormais, chaque matière sera sur un pied d’égalité. L’initiative s’inscrit dans la nouvelle méthode de l’Approche par compétences (APC), censée révéler les forces de chacun. L’idée est simple : valoriser autant l’histoire que les sciences, autant la musique que la physique. Parce que oui, savoir jouer du tam-tam ou analyser un poème, c’est aussi une compétence.
Les bénéfices attendus ?
- Moins d’élèves recalés à cause d’un seul « zéro en maths ».
- Une école plus juste, où tout le monde a sa chance (même ceux qui considèrent que la racine carrée est une plante).
- Et surtout, plus d’excuse pour zapper les matières dites « secondaires ».
Évidemment, certains râlent déjà : « Ça va rendre les enfants paresseux ! » Faux. Si toutes les matières comptent, toutes doivent être travaillées. C’est la fin du calcul malin : « je mise tout sur les maths et je dors en histoire ».
Le gouvernement vise une baisse de 15 % des redoublements dès cette année, et veut diviser par deux le taux d’ici 2026. Mais au-delà des chiffres, c’est tout un état d’esprit qui change : l’école gabonaise veut passer du mode « sélection par l’échec » au mode « accompagnement des talents ».
En clair, après 55 ans de « deux poids, deux mesures », le Gabon dit enfin : toutes les matières sont importantes. Même l’éducation artistique. Oui, même ça.
coefficients éducation gabon opinion société
Last modified: 07/09/2025