Auteur/autrice : Assoumou

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Et si on regardait autrement ?

Ce matin, je suis tombée sur un message publié à propos d’Emma’a. Un message de soutien, sincère, écrit par quelqu’un qui l’a toujours défendue. Mais au milieu des encouragements, une remarque sur son nouveau style vestimentaire : “Tu peux rester l’ancienne Emma’a… tu n’as pas besoin de tout ça.”

C’était bienveillant, je n’en doute pas. Mais ça m’a fait réfléchir.

On parle souvent d’Emma’a comme de l’artiste. On observe ses choix, on commente son apparence, on analyse sa direction. Mais on oublie parfois qu’avant tout, Emma’a est une jeune femme. Une personne entière, sensible, qui vit aussi avec ses propres doutes, ses blessures, ses souvenirs. Et peut-être, ses complexes.

Changer, ce n’est pas toujours une stratégie. Ce n’est pas forcément pour “faire parler”. Parfois, c’est juste une façon de se sentir un peu mieux. D’alléger quelque chose qu’on porte depuis longtemps, en silence.

Je me souviens, par exemple, de mes parents qui m’avaient surnommée “la boule”. C’était affectueux, je le sais bien. Mais ce surnom, il ouvrait la porte à toutes sortes de moqueries. Quand la famille venait à la maison, c’était : “Oh la boule ! Toujours aussi ronde !”, “La boule, tu as encore planqué la nourriture ?”, “Arrête de faire ta relou, la boule !”

Je souriais, bien sûr. Pour faire bonne figure. Pour ne pas créer de malaise. Mais au fond, ça piquait. Et cette petite douleur, je l’ai gardée en moi pendant des années, sans rien dire. J’ai appris à vivre avec. À me construire autour.

Alors aujourd’hui, quand je vois une femme faire le choix de changer quelque chose en elle – son corps, son style, son attitude – je ne me demande pas si c’est “utile” ou “nécessaire”. Je me demande si ça lui fait du bien. Si ça l’aide à se sentir plus légère, plus libre. Si c’est sa manière à elle de se réconcilier avec une version d’elle qu’elle a longtemps dû cacher, supporter ou taire.

Je parle d’Emma’a, mais en vérité, je parle de beaucoup d’entre nous. De toutes celles qui ont grandi en apprenant à sourire quand ça faisait mal. De celles qui ont été définies par un surnom, une blague, un commentaire, et qui ont mis du temps à se retrouver.

Parfois, quand on en a enfin les moyens, on décide de faire un pas vers soi. Pour se sentir mieux. Pas pour les autres. Juste pour soi. Et ça n’a rien à voir avec une image ou une carrière. C’est quelque chose de profondément personnel. Un apaisement. Un exorcisme, doux et nécessaire.

Alors, la prochaine fois, avant de commenter, même avec tendresse, essayons simplement de regarder autrement. Avec plus de douceur. Parce que l’important, ce n’est pas ce que les autres voient. C’est comment on se sent, quand on se regarde.

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Une mallette pleine de papiers

Je me suis récemment surpris à essayer de me souvenir des entrepreneurs que j’ai connus dans mon enfance. À vrai dire, il y en avait très peu. Très, très peu. Autour de moi, les modèles de réussite étaient clairs : obtenir un bon diplôme, intégrer la fonction publique ou une grande entreprise, et y faire carrière jusqu’à la retraite.

L’entrepreneuriat ? C’était un mot flou. Une idée un peu farfelue. Parfois même un synonyme d’échec.

Il faut comprendre le contexte. Le Gabon des années 80-90 baignait encore dans une relative opulence, soutenue par la manne pétrolière. Le pays offrait alors à une minorité des emplois stables, bien rémunérés, et surtout perçus comme des ascenseurs sociaux sûrs. Travailler à la SEEG, à la CNSS, ou au Trésor Public, c’était “réussir”. Dans l’imaginaire collectif, ce n’était pas seulement respectable, c’était rassurant. Quitter ces postes-là pour “se mettre à son compte”, c’était incompréhensible.

Je me souviens d’un ami de la famille. Il avait quitté un poste confortable à la SEEG – il était chef de service, ingénieur, cadre. Autant dire une valeur sûre. Il voulait “monter sa boîte”. Personne ne comprenait. À voix basse, certains le prenaient pour un fou, d’autres pour un flemmard qui ne voulait plus “se lever tôt pour aller bosser”.

Dans la famille, quelques oncles et tantes étaient “dans les affaires”. Mais on ne comprenait jamais vraiment ce qu’ils faisaient. Ils parlaient d’investissements, de “projets à venir”, de “rentrées d’argent” hypothétiques. Il y en avait un en particulier qui traînait toujours une mallette pleine de papiers. Il faisait le tour de la famille pour proposer d’investir dans son idée, sans que personne ne sache trop dans quoi il voulait vraiment se lancer. Pour les anciens, ce genre de profil n’était pas un entrepreneur, mais un rêveur, voire un parasite.

Et pourtant, derrière ces regards moqueurs ou méfiants, il y avait une autre réalité, beaucoup plus rude. Ces “entrepreneurs” tentaient d’exister dans un pays où le système ne leur laissait presque aucune chance. Il n’y avait ni structure d’accompagnement digne de ce nom, ni écosystème solide, encore moins de culture du risque ou de l’innovation. Il fallait se battre contre l’administration, la lenteur des processus, le manque de financements, et l’absence totale de reconnaissance sociale.

Aujourd’hui encore, malgré les discours sur “l’auto-emploi” et “la jeunesse entreprenante”, cette perception persiste. Être entrepreneur au Gabon, c’est souvent être regardé avec suspicion, comme si c’était un plan B pour ceux qui n’ont pas trouvé de “vrai travail”.

Mais peut-être que notre génération peut changer cette image. En racontant nos histoires. En valorisant nos parcours, nos réussites comme nos échecs. En montrant que ce qu’on appelle “l’entrepreneuriat” n’est pas une fuite, mais une construction – parfois chaotique, souvent solitaire, mais profondément nécessaire.

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ChatGPT, mon accélérateur de productivité

Depuis quelques semaines, j’ai intégré ChatGPT à mes tâches quotidiennes au travail. Mon employeur a pris une licence pro pour l’équipe, histoire de tester notre efficacité avec ce nouvel outil. Et franchement ? Disons-le clairement : si TikTok est un accélérateur de tendances, ChatGPT est un accélérateur de productivité.

Dit comme ça, on dirait presque une phrase toute faite. Mais ce que j’ai vécu ce week-end dépasse clairement ce genre de punchline.

Un samedi, un projet, zéro budget

Je suis développeur. Et c’est plus qu’un métier, c’est une vraie passion. Ce samedi, plutôt que de sortir (je suis fauché comme les blés), j’ai décidé d’apprendre quelque chose de nouveau. J’ai ouvert mon carnet à idées, et j’ai choisi un projet perso.

L’idée ? Créer un service à destination des Gabonais, voire des Africains… Mais j’en parlerai plus tard. Pour exploiter ce service, il me fallait une interface où les utilisateurs pourraient saisir leurs informations.

Petit souci : je sais faire du front, mais ce n’est pas ma spécialité. D’habitude, dans le cadre de mon activité en freelance, je fais appel à un expert pour ça. Mais là, j’ai voulu relever le défi moi-même.

Maquettes, code, et assistant IA

Je me suis souvenu d’un post vu sur Twitter (oui, Twitter, pas “X”) : quelqu’un montrait comment ChatGPT pouvait transformer une maquette en HTML/CSS. J’aurais pu aller sur Dribbble ou Pinterest, mais j’aime bien les challenges. Direction Figma.

Une heure plus tard, j’avais trois écrans designés. Et j’ai utilisé mon compte perso ChatGPT (pas la version Pro, hein), avec ses limitations. Je lui ai envoyé mes maquettes pour qu’il me les transforme en code.

Résultat ? En quelques secondes, j’avais un premier rendu fonctionnel. Bon, pas parfait — certains éléments étaient mal placés — mais 80% du travail était fait. J’ai corrigé ce qui clochait, puis renvoyé le code corrigé à ChatGPT pour qu’il s’appuie dessus pour les maquettes suivantes.

La deuxième vue ? Réalisée avec à peine deux ou trois ajustements à faire. La troisième ? Codée directement par ChatGPT à partir d’une description textuelle enrichie. Et là, j’ai carrément pu produire une dizaine de pages PHP/HTML/CSS/JS en une après-midi. Ce même travail m’aurait pris trois jours minimum sans aide.

Un cours à la demande

Mais ce n’est pas tout. Pendant que je lisais le code, je posais des questions à ChatGPT sur ses choix techniques. Il me répondait, me formaît. Je me suis même tapé un cours complet sur la propriété flex de CSS. Résultat : la maquette du dimanche, je l’ai codée entièrement seul, sans aide.

Quand travailler devient un kiff

En deux jours, j’ai monté tout le front de mon projet, sans galérer. J’ai appris. J’ai gagné du temps. J’ai progressé. Et le plus fou ? À la fin, ChatGPT m’a même listé les étapes restantes pour finaliser mon projet. C’était motivant. Presque trop : j’avais du mal à m’arrêter tant le travail avançait vite.

Conclusion ?

TikTok inspire, ChatGPT exécute. L’un te montre ce qui buzze. L’autre t’aide à concrétiser tes idées.

Et moi ? J’ai gagné un week-end, un projet qui avance à fond, et un sentiment de productivité que je n’avais pas ressenti depuis longtemps.

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GabonSociété

La gentillesse du voleur

Il existe une phrase qu’on entend souvent dans les milieux professionnels au Gabon : « Il était gentil. »
On parle ici d’un supérieur, d’un chef de service, d’un directeur… quelqu’un dont tout le monde sait qu’il détourne des fonds ou abuse de son pouvoir. Pourtant, on choisit de le défendre sur la base de ce qu’il “partageait” avec ses collaborateurs. Il donnait un peu, donc il était “gentil”.

Ce genre de remarque illustre un problème plus large : la normalisation de la corruption dans la société gabonaise. Au lieu d’être dénoncée, elle est parfois valorisée, tant qu’elle profite à ceux qui en parlent. C’est un symptôme d’un mal plus profond : la corruption n’est plus perçue comme un vol, mais comme une forme de générosité quand elle est redistribuée.

Une réalité présente, mais jamais confrontée

La corruption est omniprésente dans la vie quotidienne au Gabon. Mais elle est aussi profondément enfouie dans le silence collectif.
C’est l’éléphant dans la pièce : tout le monde la voit, tout le monde en souffre ou en profite, mais personne ne veut en parler. C’est devenu un fait acquis. Un rouage du quotidien.

Quand on évoque la corruption, on pense souvent aux responsables politiques, aux ministres ou aux directeurs d’administrations. Mais cela ne s’arrête pas là. Ce serait une erreur de croire qu’elle ne concerne que les élites. Au contraire, elle est aussi horizontale. Elle traverse toutes les couches sociales.

Des petits arrangements entre collègues, des dessous-de-table pour débloquer un dossier, un billet glissé pour accélérer une procédure, un étudiant qui paie pour obtenir une note : ce sont des pratiques courantes. Elles impliquent des citoyens ordinaires, qui, à leur niveau, participent au maintien du système.

Une culture du contournement

La corruption ne choque plus. Elle est intégrée.
Elle a même ses propres codes et son langage. On ne parle jamais de pot-de-vin ou de corruption. On dit plutôt qu’il faut “motiver quelqu’un”, “faire un geste”, “donner le coca”. Ce sont des expressions qui adoucissent la réalité, qui permettent de continuer sans trop se poser de questions.

Ce n’est pas seulement une façon de parler : c’est une manière de rendre acceptable l’inacceptable. En évitant les vrais mots, on évite de confronter la gravité des actes.

Et ce système devient vite la norme. On s’adapte, on apprend à faire “comme tout le monde”, et très vite, la corruption n’est plus une exception : c’est la condition nécessaire pour obtenir ce qui, en principe, devrait être un droit.

La banalisation du mal

Ce qui est encore plus préoccupant, c’est que cette réalité est justifiée au quotidien.
Par exemple, lorsqu’on apprend qu’un fonctionnaire s’est enrichi de manière suspecte, on entend souvent :
« Oui, mais au moins il a construit chez lui. »

Autrement dit, tant que l’argent volé a servi à bâtir une maison dans le quartier ou à organiser des funérailles pour les parents, cela rend le détournement plus acceptable. Comme si le fait de “partager” une partie des gains illicites suffisait à effacer la faute.
Ce renversement des valeurs est dangereux, car il installe l’idée que le vol peut être excusé, à condition qu’il soit “utile”.

Pire encore : les personnes enrichies par la corruption deviennent des modèles.
Elles sont respectées, valorisées, parfois même enviées. On ne regarde plus les moyens, on ne juge que le résultat.

Un système sans visages… mais avec des victimes

L’un des éléments qui expliquent la tolérance vis-à-vis de la corruption, c’est l’absence apparente de victimes.
Lorsqu’un billet est donné pour débloquer une situation, cela paraît anodin.
Mais les conséquences sont bien réelles.

Quand une retraite n’est pas versée, c’est un ancien qui souffre dans l’ombre.
Quand un hôpital ne dispose pas du matériel nécessaire, ce sont des vies qui sont perdues.
Quand un enseignant n’est pas payé, l’école se vide et l’avenir des enfants s’assombrit.
Quand un jeune ne trouve pas de travail faute de réseau, c’est toute une génération qu’on bloque.

Ces victimes ne sont pas toujours visibles, mais elles sont nombreuses.
Et chaque petit “coca”, chaque faveur échangée, participe à une mécanique qui produit ces injustices.

Une société guidée par l’argent

L’amour de l’argent, au Gabon, est tel qu’il devient une boussole sociale.
On pardonne tout à ceux qui en ont. On les admire. Même si cet argent est mal acquis.

Les gens veulent réussir, et la réussite est définie par le confort matériel.
Pas par l’intégrité, pas par la compétence.
Simplement par ce que l’on possède et ce que l’on peut afficher.

Ce glissement est lourd de conséquences : il empêche l’émergence de nouveaux modèles. Il décourage ceux qui veulent faire les choses correctement. Il alimente un climat de cynisme où l’idée de justice devient une blague.

La vraie question

Face à tout cela, une question s’impose :
Quel type de société voulons-nous construire ?

Une société où l’on s’en sort mieux en trichant ?
Une société où l’on protège les voleurs s’ils partagent un peu ?
Une société où la loi est secondaire, tant que l’on peut “arranger” ?

La corruption ne détruit pas seulement les institutions.
Elle détruit le lien de confiance entre les citoyens, et donc les fondations mêmes du vivre ensemble.
Elle rend les règles injustes. Elle pousse les gens à penser qu’il faut tricher pour survivre.

Tant que ce système sera toléré, encouragé, ou simplement ignoré, nous ne pourrons pas avancer.
Et ce ne sont pas les dirigeants seulement qu’il faudra pointer du doigt.
Ce sera chacun d’entre nous, dans nos choix, nos silences, nos petits arrangements.

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À 28 ans, moi…

À 28 ans, je bossais depuis deux ans. Et comme tout bon Gabonais avec une culture bien marquée, j’avais une idée en tête : profiter de la vie. Après toutes ces années d’études, de stress, de galères, il était temps de vivre. Enfin.

Tu sais, cette vie qu’on s’imagine ado ? Celle des rêves un peu flous, des clips de l’époque, des plans entre potes… Ouais, cette vie-là. Bon, revue à la baisse à cause des ligaments croisés et des réalités de l’âge adulte — mais le cœur y était.

Je n’étais pas riche. Mais clairement, j’étais plus riche qu’à 17 ans. Sans enfant, sans charge, rien. Juste moi, un salaire, et la liberté de choisir comment passer mon week-end et avec qui.
L’indépendance financière ? À l’époque, je pensais l’avoir atteinte. Aujourd’hui, je cherche une sugar mommy… comme quoi.

La vie était belle.

Et puis, des années plus tard, j’apprends le décès d’Aaron Boupendza. Ce jeune joueur pour lequel j’avais de la sympathie. Et je réalise un truc : les « bêtises » pour lesquelles il était si souvent pointé du doigt… ce n’était que son âge. Lui aussi, quelque part, essayait juste de profiter de la vie. Simplement.

Parce qu’à cet âge, après les nombreux sacrifices auxquels on est tous contraints, se relâcher un peu, kiffer, se laisser porter… c’est souvent nécessaire.
C’est mon avis, hein. Les plus sages ne comprendront pas. Et c’est pas grave.

Bref. La tristesse se fait ressentir en écrivant. Je vais m’arrêter là.

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GabonHommageSport

Hommage à Aaron Boupendza : l’attaquant des émotions

Il n’avait que 28 ans. Aaron Boupendza nous quitte, loin des siens, laissant derrière lui un vide immense et des souvenirs gravés dans la mémoire collective. Ce jeune homme, ce buteur instinctif, nous aura tout fait vivre : de l’euphorie à la frustration, de l’éclat de joie à la colère, et souvent… à l’admiration.

On se souvient tous de cette action. De cette phrase devenue culte : « Boupendza n’était pas hors-jeu ». On s’en souvient parce qu’elle résume bien ce qu’il était : imprévisible, fulgurant, souvent incompris. Mais aussi et surtout : décisif.

Sous le maillot des Panthères, il n’a jamais été un joueur anodin. Il attirait les regards, les critiques parfois, mais aussi les applaudissements. Il n’avait pas besoin de beaucoup pour marquer : une ouverture, un contre, une seconde d’inattention chez l’adversaire. Et tout à coup, il surgissait. Implacable.

Oui, il avait ce comportement que d’aucuns jugeaient difficile. Mais sur le terrain, il répondait présent. Dans le cœur des Gabonais, malgré les controverses, il était attendu. Et il impressionnait, souvent. Quand on lui donnait l’occasion, il la transformait.

Aujourd’hui, c’est une étoile du football gabonais qui s’éteint. Et c’est une génération entière qui perd l’un de ses symboles. Repose en paix, Aaron. Merci pour les émotions. Merci pour les buts. Merci d’avoir été là, à ta manière.

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GabonOpinionPrésidentielles2025

Le président de tous. Vraiment ?

Les élections sont désormais derrière nous. Le candidat Oligui est devenu Président de la République Gabonaise, élu avec un score écrasant. Un chiffre qui peut faire sourciller, mais qui, à bien regarder l’évolution de notre scène politique ces derniers mois, semble suivre une certaine logique.

Alors que sa famille politique célèbre — disons les choses comme elles sont —, certains citoyens se permettent de narguer ceux qui n’ont pas voté pour lui. Petite mise au point nécessaire : nous ne sommes pas dans une cour de récréation. Le choix d’un président nous engage tous, qu’on ait voté pour lui ou non. Le président est celui de tous les Gabonais.

Cela signifie que si son mandat est réussi, c’est nous tous qui en profiterons. Et s’il échoue, c’est nous tous qui en paierons le prix. Il est donc temps de dépasser les moqueries stériles et de rappeler une vérité démocratique fondamentale : être dans l’opposition ne fait pas de quelqu’un un ennemi du pays. L’opposition est une voix alternative, une contre-proposition, un garde-fou. Dans toute démocratie qui se respecte, elle est respectée — pas systématiquement dénigrée.

Mais au-delà des postures politiques, je n’ai qu’une seule crainte en ce début de mandat : que les droits et les libertés des Gabonais restent une fois de plus les grands oubliés.

On peut bien applaudir le surnom flamboyant de “Oligui le Bâtisseur”, destiné à marquer les esprits comme “Louis XIV, le Roi Soleil”, mais… qu’en est-il de la dignité humaine ? La vraie.
Celle qui permet un procès équitable.
Celle qui écarte réellement les corrompus.
Celle qui protège nos enfants des prédateurs.
Celle qui donne à chaque citoyen une place, une voix, une sécurité.

Oui, construire est nécessaire. Mais que valent des routes et des bâtiments si la justice reste silencieuse ? Si la peur persiste ? Si les blessures sociales s’élargissent ?

Le visible ne doit pas masquer l’essentiel.

Et ces questions que je me pose aujourd’hui, je les posais déjà il y a deux ans.
Elles sont restées, comme trop souvent dans notre histoire politique, sans réponse.

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GabonOpinionPrésidentielles2025

#Présidentielles2025 c’est fini !

J’écris ce message frustrée.
Je ne suis pas mauvaise perdante, mais après une campagne acharnée de 3 semaines, tout le monde connaissait clairement le favori de la course, ce n’est ni un secret ni une surprise qu’il ait remporté haut la main cette élection présidentielle.

Je ne suis pas mauvaise perdante, personnellement cette élection est le fruit d’une profonde manipulation du peuple gabonais et ce depuis le 30 Août. Durant ce coup d’État transformé plus tard en coup de libération, le Gabonais lambda avait gagné l’espoir que les choses changeraient. Mais hélas, le fait que notre héros se transforme en bourreau et rejoigne le parti dirigeant nous avait bien fait comprendre qu’il n’en était rien, que le Gabon n’était pas passé à une nouvelle ère, mais qu’il passait de main en main afin d’assurer une certaine continuité.

Je ne suis pas mauvaise perdante, je respecte le choix du plus grand nombre et j’admire le fait que cette élection se soit bien passée. C’est en effet, la toute première élection que je vis sous nos cieux sans connexion coupée, sans provisions à faire, etc.

Cependant, je me rends compte que mon pays ne changera jamais. Que les mentalités de mes concitoyens ne changeront pas. Que le kounabelisme a été à son apogée cette année et demeurera peu importe le chef à la tête. Je n’en veux pas à mes concitoyens, ces personnes qui hier étaient contre cette façon de penser, contre ce système et qui aujourd’hui font partie de ce mouvement-parti (RDB/PDG) et qui aujourd’hui crient victoire ; bien au contraire je leur adresse mes vives félicitations pour leur victoire.

Je ne leur en veux pas car je comprends qu’après des années de lutte contre un système corrompu, il y ait une envie de se reposer, de goûter au pain, au bonheur et aux plaisirs qu’il offre. D’appartenir enfin au camp des gagnants. Peut-être qu’un jour moi aussi je voudrais goûter à ce confort également… peut-être pas… je n’en sais rien.

Je ne veux pas être considérée comme une aigrie de l’opposition car ce n’est pas ce que je suis. Je sais juste ce que je ne veux pas pour mon pays, ni pour ma famille, ni pour moi. Je sais aussi qu’on est reparti dans une boucle de 7 années d’un système qui m’insupporte mais qu’on sera obligé de subir.

Comme je l’ai très souvent entendu et je pense qu’on est tous d’accord avec ça : “On a que les dirigeants que l’on mérite” et peut-être qu’on mérite tous notre nouveau président démocratiquement élu à ce jour.

La campagne électorale #Présidentielles2025 #ElectionsGabon2025 est finie. J’ai apprécié les discussions que j’ai eues avec mes proches ou avec mes concitoyens sur les réseaux sociaux. J’ai admiré découvrir de nouvelles figures politiques. Et bien évidemment je suis soulagée que cette campagne se termine enfin, qu’on puisse revenir à la vie normale et reprendre nos engagements là où on les avait laissés.

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Hier, j’ai voté.

Hier, c’était le jour J. Ce jour tant attendu après une Transition mi-figue mi-raisin, où l’on pouvait enfin choisir notre président dans une ambiance presque « normale ».

Je suis arrivé au bureau de vote, accueilli par des Gabonais de tout âge, souriants, nous indiquant la marche à suivre. Le retrait de ma carte d’électeur s’est fait sans encombre, sur simple présentation de mon passeport. Les assesseurs étaient clairs, précis, et l’atmosphère détendue. Et ça, franchement, ça n’a pas de prix.

Il y a encore quelques années, l’attente des résultats était synonyme d’angoisse. Il fallait s’organiser, surveiller le dépouillement, vérifier les PV, collecter les preuves… Pour démontrer une défaite que tout le monde constatait, mais que le système refusait de reconnaître. Cette fois-ci, quelque chose a changé. Un certain climat de confiance règne. Peut-être parce qu’on sait. Tu sais, je sais : le favori gagnera.

Je sais aussi que le candidat pour lequel j’ai voté n’a, objectivement, aucune chance de l’emporter. Mais j’espère que son score sera suffisamment significatif pour qu’il ose se représenter. Qu’il comprenne qu’il compte. Parfois, il ne s’agit pas de gagner. Il s’agit juste d’exister dans le débat. De s’imposer comme un challenger crédible. Et ça, c’est déjà beaucoup.

En ce jour, nous allons avoir un nouveau président légitime. Un chef d’État élu, qui nous gouvernera pendant au moins les sept années à venir. Comme à chaque élection, un nouvel espoir naît. Une attente collective, presque mystique : et si cette fois, c’était la bonne ?

Les Gabonais, en quête depuis si longtemps d’un homme providentiel, pensent-ils l’avoir trouvé en la personne du PR Brice Clotaire Oligui Nguema — au risque d’oublier que cette attente de surhomme elle-même mérite d’être interrogée ?

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Le Banquet des Illusions

Dans la grande savane, un événement grandiose se préparait : un banquet. Tous les animaux étaient invités, du plus petit au plus grand. La table était dressée sous l’ombre d’un baobab centenaire, et tout semblait parfait… ou presque.

Le Lion, chef de la savane, tout fier dans sa crinière dorée, occupait déjà la place d’honneur. “Ah ! Regardez-moi, je suis l’incarnation de la majesté”, pensait-il, tandis que ses admirateurs, principalement des gazelles un peu naïves, s’agenouillaient pour lui rendre hommage. Le Lion ronronnait de plaisir. Mais au fond de lui, une petite voix murmurait : “Est-ce que ces gazelles m’aiment vraiment, ou est-ce que c’est juste la peur qui les fait s’agenouiller ?”

Puis arriva l’Hyène. Ah, l’Hyène ! Il était le genre d’animal qu’on reconnaît à son rire strident et à son sourire aussi large que ses ambitions. Ancien allié du Lion, il n’était plus que l’ombre de lui-même, mais toujours aussi rusé. “Je suis tellement charmant, n’est-ce pas ?” se disait-il en s’approchant des invités. Avec sa belle langue de serpent, il susurrait des paroles sucrées à la Tortue, qui, elle, ne pouvait s’empêcher de lever un sourcil, incrédule. “Le Lion a vécu ses plus belles années, hein ? Peut-être qu’il est temps de confier le pouvoir à quelqu’un qui sait s’amuser… comme moi !” disait-il d’un ton enjôleur. La Tortue, un peu lassée, répondit simplement : “Oui, bien sûr… et pourquoi pas un jour une girafe à la tête de l’assemblée ?”

Les gazelles, dans leur naïveté charmante, ne comprenaient pas bien. Elles étaient trop occupées à admirer le Lion, à sauter joyeusement autour de lui, pour écouter les sages conseils de la Tortue. Après tout, qui a le temps de méditer sur la sagesse quand on peut gambader sous le soleil ?

Et puis… voilà qu’arrivent les rats. Ah, les rats ! Ces petits malins n’étaient pas invités, bien sûr, mais ils avaient un sens du timing à toute épreuve. Déguisés en zebres et en antilopes, ils se faufilèrent sous la table comme des ombres. “C’est bien mieux que le buffet du marché !” chuchotèrent-ils entre eux. Et, sans vergogne, ils commencèrent à se servir, sans jamais se soucier des regards accusateurs qui les ignoraient. Ils prenaient tout, se glissant à droite et à gauche. “S’il y a bien quelque chose qu’on peut apprendre des lions, c’est qu’il faut prendre ce qui est à ta portée”, pensa un rat, les dents pleines.

Le banquet, au départ si raffiné, se transforma en une scène de chaos organisé. Le Lion, trop occupé à se faire admirer, n’avait pas vu les rats dévorer ses réserves. L’Hyène, tout sourire, faisait des compliments à tout le monde, sauf au Lion, qui commençait à se demander si son trône n’était pas en danger. La Tortue, quant à elle, en avait assez de cette comédie. “Ah, quel spectacle !” soupira-t-elle. “Le vrai pouvoir réside dans le silence, pas dans la rapidité. Dommage que tout le monde soit trop occupé à courir après l’illusion.”

Finalement, lorsque les festivités touchèrent à leur fin, personne ne s’avoua qu’un certain nombre de plats avaient disparu mystérieusement. Les gazelles étaient toujours pleines d’admiration pour le Lion, mais quelques-unes avaient remarqué que le banquet avait perdu de son éclat. L’Hyène, lui, était déjà en train de planifier son prochain coup. Quant à la Tortue, elle repartit lentement, le sourire aux lèvres. Elle savait que la vraie leçon viendrait avec le temps.

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