Auteur/autrice : Assoumou

GabonSociété

Quand tenter de gagner sa vie nous fait la perdre…

Notre pays souffre et quand je dis « notre pays », je parle de ses habitants… Ceux qui n’ont ni eau, ni électricité, ni voirie, ni même du travail pour s’offrir une éducation décente, une alimentation variée, des loisirs ou le droit de rêver.

Ces dernières années, le Gabonais est longtemps resté en détention à domicile pour « préserver sa sécurité », tantôt contre des maladies meurtrières, tantôt contre d’éventuelles ripostes au coup de la « liberté » qui parce qu’ayant été « non sanglant » a pourtant été bien accueilli par ceux-ci. Les récents événements dans le monde de la politique me donnent plus l’impression que c’était pour que les plus rusés d’entre nos décisionnaires se remplissent davantage le ventre pendant que toi, moi et nos proches, nous battions pour trouver à manger, réaménager nos horaires de travail et autres. Quoi qu’il en soit, maintenant que nous sommes libres de nous mouvoir dans le pays et en dehors qu’importe l’heure et la raison, rien ne permet réellement que ce soit possible… Enfin, sauf les moyens de transport qui se multiplient en ville ; En plus des bus climatisés, taxis climatisés, taxis lambda, taxis bus, taxis clandestins (clando), on a désormais aussi des tuk tuk (ou touk touk je ne sais pas je suis Ghisir), bien urgents pour l’économie du pays… Bref, ce n’est pas le sujet aujourd’hui. On en parlera sans doute une autre fois.

Donc… Le Gabonais est un pacifiste qui ne demande pas grand-chose. Lorsqu’il quitte le « confort » de sa maison pour se mettre dans la rue c’est qu’un bouchon a été poussé trop profond dans sa gorge et qu’il s’en étouffe. Lorsqu’il réclame quelque chose à coup de manifestation, c’est que celle-ci lui est réellement due, qu’il s’agisse de bourse ou d’emploi, le gabonais a trop peur de la répression pour se risquer quand il a tort. Résultant, tout ce que le gabonais, bien qu’issu d’un pays aux richesses visibles variées, a pour lui ce sont les délestages, les embouteillages, les nids de poules, la privation et la rationalisation des denrées alimentaires et les métiers ingrats ou le chômage, à quoi s’ajoute désormais la probabilité de mourir sur son lieu de travail.

Je ne veux pas être censurée, mais j’ai envie de dire « M*rde, quelle m*rde et p*tain de m*rde, quel pays de m*rde… ». Voilà une fille, une mère de famille, une tante, une sœur, une amie qui sort de chez elle le matin, va faire un métier ingrat et ne rentre jamais parce que les conditions de travail IMPOSÉES par le Code du Travail (pourtant applicable à TOUTES les entreprises intervenant au Gabon) via le Décret N°01494 définissant les Règles Générales d’HSE Sur Les Lieux de Travail au Gabon, ne sont respectées que par les entreprises qui le choisissent et personne ne va tomber ?

[Si c’est long, relisez lentement, s’il vous plait… Il faut bien comprendre la partie là, c’est important pour la suite.]

Je ne sais pas combien d’entre vous se sont déjà rendus sur les chantiers et sites gérés par les entreprises asiatiques au Gabon, les chinoises en particulier. Je disais récemment qu’en majorité, ce sont des mouroirs connus de nos autorités. Pour y avoir fait plusieurs visites, on y voit l’inimaginable. Des latrines en guise de WC, des dortoirs surchargés, des postes à souder fixés près de cuves de stockage d’hydrocarbures, des cubitainers troués et sans bacs de rétention servant de récipients de stockage de produits chimiques, des employés travaillant sans équipements (de protection et autres outils de travail) adéquats, et j’en passe. Un enfer pour les âmes d’HSE.

En pareilles circonstances, comment espérer rentrer chez soi sans dommage immédiat ou une maladie professionnelle si non par la foi ?

Un employé ne devrait pas perdre la vie en tentant de la gagner ; Mais la faute à l’Etat !!! C’est lui qui se remplit les poches, du moins celles de ses dirigeants, sur la misère des gabonais normaux. Je suis révoltée qu’on se soucie plus de politique et de l’image du pays aux yeux du monde, que de la vie et du bien-être de ses citoyens. Que fait l’Inspection du Travail ? Quelles sont les missions de la Direction Générale de la Santé et Sécurité au Travail ? Pourquoi les entreprises dont la non-conformité aux textes de loi est palpable au quotidien continuent d’obtenir des permis d’exploiter dans notre bananeraie, Seigneur Jonas !!!??

Je suis choquée par l’égoïsme des gens à qui on a fait confiance par les urnes ou par un quelconque soutien jusqu’ici.

Toutes les vidéos et photos de la défunte qui tournent, la montrent dépourvue d’équipements de protection individuels. Excepté le masque anti-poussière et le gilet de haute visibilité (que je suis fatiguée, en tant qu’HSE de répéter aux gens qu’ils ne servent pas à protéger, mais à rendre davantage visible), Madame IBRAHIME (paix à son âme) n’a rien pour se protéger ; pas de chaussures de sécurité, pas de vêtements de travail, pas de casque, pas de lunettes de protection… RIEN de ce qui est OBLIGATOIRE par la loi (ni même les procédures internes quand on est une structure qui se respecte exerçant dans un pays qui se respecte) pour réaliser ses activités de manutention. Et dites-vous que ces images ont été prises lors d’un reportage pour un web média (mené par un créateur de contenu célèbre). Donc, alors que les entreprises, lorsqu’elles sont informées de l’arrivée des caméras dans leurs locaux, font en sorte de se rendre présentable devant elles, le HSE de cette structure s’est (sans doute) dit que ça ne serait pas trop insultant pour nos intelligences de ne rien changer de d’habitude.

Je parle du HSE même, entre temps, je connais ses réalités. Souvent muselés par les chefs d’entreprises, nos profils ne sont jugés utiles que lorsqu’il y a des audits et des contrôles. C’est pour ça que je le redis, LA FAUTE A L’ETAT, et aux entités qu’il crée pour défendre les droits des salariés et veiller à l’effectivité des devoirs des employeurs, qui ne vont sur les chantiers que pour se prendre leur enveloppe annuelle. Ceux-là même qui deviennent aveugles devant les risques et les non-conformités dès qu’on a porté des billets jusqu’à leurs yeux… QUEL PAYS DE M*RDE !

En vrai, on espère quoi ? Qu’est-ce qu’on n’a pas vu avec FOBERT ???? Les employés ont lancé une alerte dont la structure en charge du risque sanitaire et phytosanitaire s’est saisie, que s’est-il passé ensuite ? Licenciement de son Directeur Général ? « Pourquoi ? Mais pourquoi pas ? Je suis là, je ne comprends rien… ». De toutes façons, et je vais finir là, quand eux-mêmes vont pour les visites des sites, que portent-ils d’autre que leurs treillis, leurs deux pompons et leurs ensembles ABACOST ? Rien.

On n’est visiblement pas sorti de l’auberge. L’année dernière, un accident se produisait on shore et endeuillait des familles gabonaises, enquêtes demandées, grands discours, promesses, on est là, on va encore faire comment ? Cette fois encore, je suis désolée pour la famille, mais il semble qu’on va de nouveau se poser la question, ON VA ENCORE FAIRE COMMENT ?

La Fière Trentenaire :*

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CultureGabon

INA ou Le NOM chez les Myènè, 2ème partie

Nous restons toujours dans la thématique du nom, en abordant cette fois-ci la question du « prénom » chez nous.

De manière générale, les prénoms obéissent aux règles du temps et d’une certaine mode. Les prénoms comme Jean-Pierre, Marie Augustine, Philomène vous renverront directement, pour les gens de notre génération, aux années 30 à 70. Tandis que Lucas, David, Jessica, Grâce, sont assez commodes entre les années 80 et 90.

Aujourd’hui, entre les années 2010 et 2020, la tendance tangue vers quatre catégories de prénoms : à savoir, les beaux prénoms anglicisés, les prénoms français composés, les prénoms bibliques et leurs dérivés, et plus récemment les prénoms d’origine africaine. C’est ce dernier groupe qui nous intéresse. Si, pour certains parents, donner à leur enfant un prénom africain n’obéit à aucune volonté particulière, à part que le prénom choisi est joli, pour d’autres, donner à son enfant un prénom africain revêt une certaine signification. Par ce geste, ils revendiquent leur origine culturelle et la volonté de reconnecter leur progéniture à cette racine traditionnelle, qui tend aujourd’hui à disparaître.

C’est donc pour faire écho à cette volonté et cette demande de plus en plus croissante que nous avons recueilli ces quelques prénoms dans différents forums ethniques et linguistiques gabonais, afin d’offrir aux parents gabonais une ébauche de prénoms typiquement gabonais et leur traduction/signification.

Cependant, avant de livrer ladite liste des « prénoms » proprement dite, nous avons jugé opportun de revenir un tant soit peu sur ce qu’est le prénom chez nous et sa portée. Ce baragouin passera sûrement inaperçu, tant nombreux s’attèleront plus sur les prénoms que sur le charabia qui précède. Mais ceux qui s’y attarderont pourront y trouver des éléments assez intéressants. Et pourquoi pas, y trouver l’inspiration par rapport au futur prénom de leur(s) enfant(s). Il est à noter que nous nous appuyons sur la culture myènè, qui est la nôtre. Cependant, pour les autres ethnies, le fond pourrait être le même avec quelques variantes.

Dans la culture profonde myènè, le prénom n’existe pas (c’est dit). D’ailleurs, le nom de famille non plus ! Comme nous l’expliquions il y a quelque temps dans un article précédent, autrefois (galonga), les myènè ne portaient ni nom de famille, ni prénom. Chaque individu avait un nom unique, un nom qui lui est propre (un peu à la manière des personnages bibliques). Ce nom pouvait être un legs d’un parent vivant ou décédé, dans le cas des homonymes, ou un nom usuel donné en fonction des circonstances de la naissance (noms des jumeaux, noms après guérisons, premiers-nés, etc.), ou un nom donné par inspiration à la suite d’un événement donné. D’ailleurs, beaucoup de noms devenus communs sont nés de cette manière et ont été ensuite transmis par le système des homonymes autrefois, puis celui des « noms de famille » récemment.

Ainsi, les noms uniques qui étaient donc portés faisaient simultanément office de noms et de prénoms. D’ailleurs, si on en croit la définition du dictionnaire Larousse, pour qui « le prénom est un nom qui sert à différencier les individus d’une même famille », on peut déduire que les noms uniques portés autrefois avaient aussi le rôle du prénom.

À côté de ces noms, il y avait aussi des « petits noms » et des « Kombo ». Les petits noms ou noms de la maison avaient de nombreuses origines. Il pouvait s’agir du diminutif du nom, ou d’un dérivé, d’une phrase ou d’un fait qui nous est rattaché, d’un prénom affectif, etc. Le petit nom pouvait servir à appeler un individu sans citer le nom du patriarche ou de la matriarche dont il avait hérité le nom. Nous rappelons qu’à cette époque, il était quasi impossible pour un homme ayant donné à son enfant le nom de son père ou de sa mère de l’appeler directement par ce nom. Par respect, il l’appellera toujours « tata », « mama », ou utilisera le petit nom.
Le Kombo, quant à lui, est un nom initiatique.

Les prénoms tels qu’on les conçoit aujourd’hui rentrent chez les myènè avec les campagnes d’évangélisation. Lorsque nos ancêtres sont baptisés, les missionnaires leur donnent de nouveaux « noms », qui seront d’ailleurs connus sous l’appellation de « noms de baptême ». D’après les commis de l’évangile, à cette époque, il faut obligatoirement porter un nom/prénom de saint (qui deviendra d’emblée ton saint patron) pour pouvoir accéder au sacrement de renaissance. Ce qui est assez drôle, c’est que ces soi-disant saints, de leur vivant, n’avaient pas eu à porter le nom d’un saint (ou même un nom juif) pour vivre dans la sainteté et accéder au baptême.

Bref, par ce mécanisme, nombreux sont nos ascendants qui adopteront des noms de baptême qui deviendront leurs prénoms. En parallèle, avec l’administration coloniale et l’alphabétisation des populations, les déclarations de naissance, les Africains colonisés doivent désormais se conformer à ce système de « dénomination » comme chez eux : Nom + prénom. Les prénoms choisis seront essentiellement des prénoms français contemporains. Pour les noms, beaucoup de familles adjoindront au nom propre de l’enfant celui de son père, comme il est d’usage en Occident. C’est la naissance des noms de famille chez beaucoup de peuples africains.

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GabonSociété

« Moi au moins, on m’a honorée !!! ».

Dans un climat très politique, très frauduleux, très « choisis ton camp et choisis bien », je ne sais pas si je peux parler d’un fait social sans aucun lien avec l’actualité du moment. Je m’y risque, mais si ça tombe mal, vous vous en prendrez à celui qui m’en a donné l’idée.

Si vous êtes un Gabonais lambda, mais surtout si vous êtes une femme célibataire de plus de trente ans et que vous côtoyez des gens de notre pays, vous avez forcément déjà entendu cette phrase. Elle peut surgir dans des conversations conviviales, comme dans des échanges profonds ou même houleux. Je ne peux vous dire le nombre de fois que j’ai entendu ça, tellement c’est arrivé souvent.

Pour la petite histoire, récemment j’ai été conviée au mariage coutumier de la DG de la boîte qui m’emploie. Elle m’a assise à une table VIP, ce qui n’était pas le cas de mes autres collègues.
Je vous avoue que j’étais gênée parce que j’étais vraiment la seule de l’entreprise de ce côté de la salle et qu’en plus j’étais avec de parfaits inconnus. J’ai donc demandé à rejoindre l’équipe et je me suis déplacée. À peine assise, une de mes collègues me sort que je n’aurais pas dû me déplacer parce que, de toute façon, pour le mariage civil, nous ne serions pas assises ensemble. Les autres s’interrogent à haute voix pour savoir pourquoi. Elle leur répond :
« X et moi serons assises à la table des femmes mariées, parce que nous, on n’a pas beaucoup fait l’école mais on nous a quand même honorées. »

Je vous vois venir : NON, ce n’était pas pour charrier les célibataires de la table, c’était pour nous vexer, moi particulièrement. À mon niveau, peu fan de cette vision de l’ »honneur », c’est tombé dans l’oreille d’une sourde. Mais une de mes collègues présentes, qui vit en concubinage, l’a pris pour elle et s’est empressée de nous rappeler qu’elle vit avec quelqu’un qui est aussi invité au mariage…

Je crois que c’est ce jour-là que j’ai le plus détesté d’entendre ce fameux « on m’a honorée ». C’était si mal placé, grossier, méchant et tellement inutile. Genre, tous mes diplômes et mon expérience professionnelle ne vaudraient rien devant un acte de mariage ? Ou est-ce simplement mon célibat qui me relègue au rang de « rien », une fois que je suis devant une femme mariée ? La valeur d’une femme, qu’importe ses accomplissements, n’est-elle liée qu’à son statut marital ?

C’est si difficile à écrire et à concevoir, et pourtant c’est encore la façon de penser et le mantra de beaucoup de femmes de cette génération. Et c’est surtout celles qui n’ont que leur mariage (parfois boiteux, abusif et peu reluisant) pour se considérer comme valeureuses qui sortent ce joker à chaque fois qu’elles se sentent dépassées par d’autres. Celles qui n’ont pour but ultime que « changer de nom » et agiter une bague à la charge aussi lourde que celle de Frodon Sacquet. Bref…

La semaine dernière, j’échangeais avec ma mère qui disait vouloir assister au mariage de ses trois filles. Je lui ai exprimé ma réticence face au mariage. Je lui disais que j’en avais limite peur et que je ne m’imaginais donc jamais sauter le pas, en tout cas pas avant une bonne petite dizaine d’années et des poussières. Elle m’a répondu que :
« C’est un honneur pour une femme qu’un homme l’épouse. »
Mais aussi que « ça démontre à la famille de la femme l’attachement que l’homme porte pour leur fille. »

Je comprends tout ça et tous les autres arguments qu’elle et d’autres m’ont donnés. Je suis en couple, heureuse, et vraiment très à l’aise avec mon partenaire. Pourtant, l’amour qu’on se porte ne change pas ma façon de voir. Je comprends qu’après que je donne ces dernières informations, mon entourage peine à comprendre que je ne parvienne pas (encore) à m’imaginer mariée… À ce niveau, c’est peut-être phobique, qu’en sais-je ?

Du coup, je vous partage cinq raisons pour lesquelles je pense que cette vision selon laquelle le mariage est honorifique pour la femme est erronée.

1 – Quelqu’un disait que « c’est bien prétentieux d’apprendre la vie à celle qui la donne » et c’est tellement ça… J’aimerais comprendre comment un homme qui vous demande (avec parfois un genou à terre, la peur de sa vie et la larme à l’œil) de bien « bien vouloir » l’épouser, devient soudainement celui qui honore la personne qu’il a suppliée au début de ma phrase ? C’est toi qui agrées sa demande, c’est lui qui t’honore ? PUEUH !!! Le patriarcat !

Je ne veux pas rebeller les femmes, mais je pense que dans cette histoire, on nous a trop laissé croire que le mariage avantageait plus la femme que l’homme. À une époque, c’était peut-être vrai : la dot de l’homme (bien que symbolique) apportait parfois des solutions immédiates dans la famille de la mariée, qui se sentait « honorée » de donner leur fille en mariage à une famille « renommée, capable et valeureuse » (sachant forger, chasser, cultiver et/ou trouver des denrées rares…).

Aujourd’hui (c’est bête de le dire, mais…), je peux apporter autant qu’un homme sur la table, et pourtant toute la pression autour, je la porte à près de 70 % seule. S’il ne se sent pas honoré par ma présence, je ne veux pas qu’il m’honore. Je refuse votre vision dépassée et réductrice de la femme.

2 – Aujourd’hui le mariage ne vaut plus que pour les yeux des autres. Un homme va t’épouser et claquer des millions dans une dot ou une cérémonie extravagante, te promettre fidélité, et quelques jours plus tard, on le verra dragouiller tout ce qui a des seins et des fesses (même si c’est Mannequin Potelé [rires]) et te nier à tout va.

Le solennel est perdu, on se marie tous les deux, mais le match se joue à 6-8 parce que j’ai deux à trois amants et toi tu te tapes toutes mes copines. On vit pour le paraître, on est les partenaires parfaits devant les gens, mais sans complicité une fois seuls.

3 – J’ai peur de la pression. De ce que je vois au quotidien, je n’ai que des constats amers : le mariage ne nous garantit plus la stabilité émotionnelle d’antan. Tandis que nos mamans se mariaient pour s’assurer un équilibre, aujourd’hui, les hommes qui veulent des femmes comme elles (silencieuses, dévouées et apprêtées) refusent de se comporter comme les hommes qu’étaient leurs pères… Contrairement à nos mamans qui avaient à leurs pieds des garçons vaillants, respectueux, prêts à beaucoup de sacrifices pour leurs familles, on a droit à des « she-boys », des garçons princesses qui boudent, partagent l’addition et veulent être le centre de l’attention.

Les femmes sont trompées, abusées, maltraitées, négligées au nom de l’honneur, parce qu’on leur suggère que c’est à la femme de se sentir honorée d’être choisie par un homme. Que c’est à elle de faire fonctionner le mariage et que, s’il ne tient pas, c’est qu’elle n’a pas été un assez bon « panier percé ». Combien se sont vues être servies le plat de « tu voulais le mariage, non ? tu l’as eu. ». Combien ont confié des situations compliquées à leurs proches et n’ont eu que des « c’est ça le mariage, il faut supporter » en retour. Je ne veux pas me lancer dans un truc dont je serai la seule à subir les conséquences à cause de « l’âge » ou d’autres ?

4 – Le mariage ce n’Est pas pour les enfants… Je ne pense pas être assez mature pour y penser maintenant. Je ne me suis pas encore assez bien construite en tant que personne pour m’éviter de tolérer des infamies « parce que je suis mariée ».

Cet argument s’accorde au précédent. Lorsque j’ai parlé de l’échange avec ma mère sur Twitter, quelqu’un a dit « si je ne gagne pas, je ne joue pas », et c’est bien ça ma vision des choses. Je considère le mariage comme un pesant sacré. Quand je m’y lancerai, si ça arrive, ce sera comme c’est dit partout « jusqu’à ce que la mort nous sépare… ». Je connais trop bien mon inacceptation de l’échec. Je ne veux pas me retrouver à agir de manière inhumaine envers moi-même ou envers mon partenaire parce que j’ai peur d’être une divorcée. C’est pour ça que je veux prendre le temps pour être sûre que je serai une bonne épouse, une partenaire correcte et équilibrée, la seule qu’il voudra VRAIMENT pour le reste de sa vie.

5 – Le divorce coute cher et c’est la preuve palpable d’un échec qui peut suivre toute une vie. Je ne pense pas être assez mature pour y penser maintenant. Je ne me suis pas encore assez bien construite en tant que personne pour m’éviter de tolérer des infamies « parce que je suis mariée ».

Je suis de celles qui pensent qu’il vaut mieux ne s’être jamais mariée que d’avoir à subir un divorce, long, humiliant, en plus des honoraires des avocats et autres… Mes deux parents ont eu des divorces qui n’ont été prononcés qu’au bout de 3-4 ans… Décisions du juge, négociations, honoraires d’avocats, partenaire absent quand il devait être là… Les séparations ne te coûtent pas autant d’énergie.


Bref… j’aime l’amour et je trouve le mariage beau. Tellement beau que je veux faire ça bien… Aussi longtemps que je ne serai pas sûre d’y arriver, je resterai célibataire endurcie.

Quant à vous, mesdames les « honorées », et vous, les hommes qui mettez dans les têtes de ces dames qu’elles sont spéciales parce que mariées alors que vous leur êtes souvent infidèles, quand vous verrez une femme célibataire, au lieu d’imaginer tout de suite qu’elle n’a pas assez de valeur pour qu’on l’épouse, dites-vous bien qu’il est aussi possible qu’elle ne veuille pas se marier. Parce qu’en ce qui me concerne (par exemple), j’ai refusé des demandes bien sérieuses plus d’une fois. En gros, « ON ME DRAGUE !!! », et je suis sûre de n’être pas la seule dans ce cas-là.

Pour finir, en valorisant le mariage à ce point, vous occultez les réalités souvent sombres qui peuvent se cacher derrière les apparences. De nombreux mariages sont loin d’être idylliques et peuvent être sources de violences physiques, psychologiques ou économiques. C’est dommage qu’on doive encore rappeler aux gens que le statut matrimonial ne fait pas d’une personne une valeur plus qu’une autre.
J’ai un peu trop parlé aujourd’hui, mais bon…

La Fière Trentenaire :*

Je te dis tout

CultureGabon

INA ou Le NOM chez les Myènè, 1ère partie

Dans la tradition africaine, particulièrement chez les Myènè, le nom n’était pas donné de manière anodine. Un nom était souvent lourd de sens, avait une signification, renvoyait à une réalité, faisant de son détenteur le témoignage vivant d’une certaine réalité.

Quand une femme avait des difficultés à enfanter, l’enfant qui venait libérer ses entrailles du spectre de la stérilité portait un nom bien précis. Celui dont la mère était partie en lui donnant la vie portait le sien. Les enfants issus de la gémellité portaient les leurs, et influençaient même ceux des enfants qui les précédaient ou les suivaient.

Le nom était porteur d’une histoire. En donnant, par la pratique de l’homonymie, c’est une partie du détenteur originel et ce qu’il représente ou a représenté que l’on lègue au (futur) receveur ou détenteur du nom. C’est ainsi que les aînés étaient honorés, et par ce même procédé qu’ils survivaient à travers les générations. En laissant leurs noms parmi les vivants, ils s’inscrivaient dans l’immortalité du temps.

G’alonga (Autrefois), il n’était pas rare que celui qui donnait à sa fille, par exemple, le nom de sa mère, l’appelle maman. Si aujourd’hui ce phénomène qui perdure est devenu assez banal, à l’époque, il était impossible d’entendre un fils appeler sa propre fille par son nom (celui de sa mère). Il devait toujours l’habiller de « maman », « mama », « ama », « ngwè ». Dans les familles, les choses étaient similaires : une fois que l’on avait hérité du nom d’un ancien, chacun s’adressait au nouveau détenteur en utilisant les mots qu’il aurait utilisés pour le véritable possesseur du nom. S’il s’agissait d’un oncle, on appelait parfois le petit « tonton X » ou « Ombalo », etc. Pour contourner cela, le petit adoptait également le surnom ou petit nom du possesseur originel.

L’impact du nom est tel que, dans la spiritualité Ngwè Myènè, l’entité suprême, le créateur, Dieu, Ovanji Ntsé, celui qui fit toute chose, a un nom. Mais les hommes, créatures mortelles et infimes devant son infinité, ne sont pas dignes de l’écouter. Le vrai nom de Dieu dépasse l’entendement humain. Alors les hommes lui donnent des noms : on parlera d’Agnambiè, etc.

Le nom revêtait donc une importance capitale, au point où même la mort ne savait l’éteindre. D’ailleurs, il est dit que :

« La mort engloutit l’homme, elle n’engloutit pas son nom et sa réputation. »

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GabonOpinion

La Transition au Gabon, cet espoir de courte durée…

Au matin du 30 août 2023, presque tous les Gabonais se sont demandé si ce n’était pas un rêve. Tous s’interrogeaient : était-ce vraiment la fin du cauchemar Bongo/PDG ?

L’idylle aura duré deux mois, puis la réalité a repris ses droits. Cette transition, au vu de son casting, ressemblait presque à un échec annoncé : faire du neuf avec du vieux, aller de l’avant avec des personnes qui n’avaient peut-être pas les épaules…

Une chose est sûre : plus le temps passe, plus cette transition ressemble à un faux espoir. Le PDG, arborant un nouveau nom et de nouveaux habits, ne semble pourtant pas prêt à renoncer à ses privilèges.

Le parti a fait peau neuve, avec une nouvelle hiérarchie en interne et à la tête du pays. Il était temps, disent-ils, qu’une nouvelle équipe prenne la relève pour continuer le travail.

Cette continuité, qu’ils ont tenté de faire passer pour un changement, se révèle de plus en plus au grand jour. Les raisons évoquées pour justifier le coup d’État du 30 août sont les mêmes qui continuent d’enliser le pays dans la boue.

Le pouvoir et les richesses restent toujours la propriété d’un petit groupe. Le partage juste et équitable des ressources demeure une utopie. Le système éducatif reste défaillant. Loger dignement les Gabonais n’est toujours pas une priorité, les nourrir convenablement encore moins. Les jeunes, quant à eux, peinent à trouver un emploi, sauf s’ils acceptent d’intégrer un corps armé.

Ils avaient promis de redonner aux Gabonais leur dignité, mais, au final, ils continuent de les piétiner, sans gêne, sans honte et sans remords. C’est le Gabon d’hier, d’aujourd’hui, et, vu la tournure des choses, celui des sept prochaines années encore.

Je te dis tout

GabonOpinion

En vrai, Fermez-la !

Franchement, on en a marre. Oui, marre de ces gens qui, hier encore, se pavanaient dans les couloirs dorés du pouvoir, profitant des largesses de l’État pendant que le peuple croulait sous la misère. Marre de les voir aujourd’hui, à grands coups de postures indignées et de leçons de morale, se transformer en faux prophètes, en donneurs de leçons. Sérieusement, fermez-la.

Il faut être clair : les nouveaux dirigeants ne sont pas des anges. Ils ont déjà fait des conneries, et probablement, ils en feront encore. Mais reconnaissons-le : ils ont fait sauter un verrou. Une famille accrochée au pouvoir depuis plus de 50 ans, c’est terminé. Rien que pour ça, on peut espérer, on peut croire en une alternance. Alors, chers ex-privés de dessert, épargnez-nous vos discours pleins de cynisme et de mauvaise foi.

Le syndrome de Stockholm en politique

On dirait que certains souffrent d’un étrange syndrome : le syndrome de Stockholm politique. Ces individus, après avoir été les premiers à applaudir des deux mains les violences, les injustices et le pillage des caisses publiques, veulent maintenant nous faire croire qu’ils sont les champions de la vérité. Comment peut-on prendre au sérieux un mec qui, en 2016, a balayé les violences post-électorales d’un revers de main, en disant que « tout allait bien » ? Et aujourd’hui, il serait notre guide moral ? Non, merci.

Engagement, vraiment ?

Vous voulez parler d’engagement ? Parlons-en. Combien parmi vous ont levé le petit doigt pour voter, pour s’enrôler, pour porter un débat constructif ? Zéro. Mais vous êtes les premiers à aboyer sur les réseaux sociaux, à donner des leçons, à cracher sur ceux qui tentent de faire bouger les choses. Vous êtes les rois des retournements de veste : aujourd’hui, critiquer, demain, se faire nommer, et après-demain, oublier tout ce que vous dénonciez. C’est une farce, et vous en êtes les acteurs les moins drôles.

Les kounabelistes : champions du grand écart

Ah, les kounabelistes. Ces experts du « c’est pas bien, mais si on m’appelle, je viens quand même ». Vous êtes fatiguants. Vous qui changez de discours selon la direction du vent, arrêtez de vous prendre pour des modèles. Votre indignation sélective ne nous impressionne pas.

Ce n’est pas parce qu’on critique les anciens qu’on absout les nouveaux. Mais on a envie d’y croire. On a envie de penser qu’on peut construire quelque chose de différent. Alors, par pitié, arrêtez de nous prendre pour des idiots. Si votre seule ambition est de brosser dans le sens du poil ceux qui peuvent vous donner un poste, allez-y, mais faites-le en silence. Vous n’êtes ni des héros, ni des exemples.

En vrai, fermez-la.

Et encore, j’avais beaucoup à dire, mais la SEEG vient de me rappeler que le courant n’est pas à moi. Coupure nette, comme d’habitude. Voilà d’autres cons.

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ÉlectionsInternational

Révision des listes électorales : les Gabonais de l’étranger en attente, et le temps file !

Au Gabon, la révision des listes électorales a officiellement démarré le 2 janvier et doit s’achever le 31 janvier 2025. Mais pour les Gabonais résidant en France, c’est une autre histoire. Cinq jours après le lancement, l’ambassade du Gabon en France annonce enfin sur X (anciennement Twitter) que l’opération n’a toujours pas commencé. Résultat : frustration, incertitude et surtout, un sérieux retard à rattraper.

Une organisation qui laisse à désirer

Comment expliquer que l’opération, déjà annoncée depuis plus d’une semaine par le ministère de l’Intérieur, prenne du retard à l’étranger ? L’ambassade assure collaborer avec les autorités compétentes pour « finaliser les dispositions », mais en attendant, c’est la diaspora qui trinque. Chaque jour de retard, c’est un jour de moins pour s’inscrire ou mettre à jour ses informations. Et dans une campagne censée durer 30 jours, chaque jour compte.

Ce manque de réactivité pose une vraie question : nos autorités prennent-elles vraiment en compte l’importance du vote pour les Gabonais de l’étranger ? Ou bien est-ce qu’on considère, une fois de plus, que ceux qui sont loin peuvent attendre ? Peut-être aussi qu’on considère que nous sommes trop boudeurs donc mieux on ne vote pas ?.

Un tel retard, c’est pas seulement embêtant, c’est une véritable entrave au devoir citoyen. Beaucoup de Gabonais vivant en France ont des emplois du temps chargés et parfois des distances importantes à parcourir pour accéder aux centres d’enrôlement. Si la période d’inscription est raccourcie, certains risquent tout simplement de ne pas pouvoir s’enregistrer.

Ce qui est en jeu, c’est notre capacité, en tant que citoyens, à participer aux élections. Si on veut que tout le monde ait une chance de s’exprimer, il faut que des mesures soient prises dès maintenant :

Prolonger la période d’enrôlement en France ;
Renforcer la communication auprès des compatriotes ;
Et surtout, ouvrir rapidement les centres pour limiter les dégâts.

Préparez-vous malgré tout

En attendant que les choses bougent, on peut quand même se préparer. Pour éviter les mauvaises surprises le jour J, voici les documents à prévoir selon votre situation :

Pour les Gabonais d’origine : acte de naissance, jugement supplétif ou pièce d’identité valide (CNI ou passeport).

Pour ceux ayant acquis la nationalité : décret de nationalité, certificat d’authentification ou jugement de nationalité, et une pièce d’identité valide.

Pour les Gabonais nés à l’étranger : un acte de naissance délivré par une ambassade ou un acte transcrit à Libreville.

Si vous êtes déjà inscrit avec un Numéro d’Identification Personnel (NIP), il suffit de confirmer votre centre de vote. Les primo-électeurs ou ceux qui ont changé de résidence, eux, devront obligatoirement s’inscrire.

En conclusion : bougez-vous et poussez les autorités à agir

La révision des listes électorales n’est pas un détail : c’est un pilier de notre démocratie. Que vous soyez à Libreville ou à Paris, tout le monde doit avoir la chance de s’inscrire et de voter. Alors, en attendant que l’ambassade se réveille et que les centres ouvrent, préparez vos documents et soyez prêts à foncer.

Et pour nos autorités : il est encore temps de se rattraper. Mais faites vite, parce que la montre tourne, et le droit de vote, lui, n’attend pas.

Je te dis tout

GabonTransport

Décembre Orange : pour que la route ne devienne pas un cimetière

2 morts sur le champ, 3 ayant succombé des suites de leurs blessures et plusieurs blessés graves. Ce bilan glaçant résume le dernier accident tragique survenu à M’Fang, à l’entrée de Sogacel, à 8 km de Kango.

Trois véhicules impliqués, des circonstances encore floues, mais une certitude : l’incivisme routier a encore frappé. Ce drame s’inscrit sur la longue liste des accidents meurtriers qui endeuillent chaque année les routes gabonaises, notamment en cette période des fêtes.

Constat fait sur les années précédentes, la majorité des accidents de la route sont recensés entre novembre et décembre. Une période où la fête se mêle trop souvent à l’imprudence : alcool au volant, excès de vitesse, routes dégradées, fatigue des chauffeurs de poids lourds… les causes sont multiples mais les conséquences, toujours tragiques.

Décembre : mois de fête ou mois maudit ?
Chaque année, le mois de décembre semble marqué par une répétition de drames. Faut-il y voir une malédiction ? Peut-être. Mais si malédiction il y a, elle peut être levée, et cela commence par chacun de nous.

C’est dans cet esprit que l’ONG Sens Unique a lancé l’initiative #DécembreOrange. Une campagne de sensibilisation pour alerter et mobiliser autour d’une idée simple mais cruciale : ralentir pour protéger. Pourquoi l’orange ? Parce que cette couleur symbolise l’alerte et le ralentissement.

Pendant tout le mois de décembre, l’ONG invite tous les usagers de la route à adopter des comportements responsables. Chaque geste compte pour éviter un drame de plus.

Un message d’espoir : devenez un héros de la route
Le véritable héros, ce n’est pas celui qui intervient après un accident, mais celui qui prévient qu’il ne se produise. Adoptons ensemble ce credo : “Pour que décembre n’ait pas la couleur du sang, devenez le héros qui sauvera votre vie et celle des autres.”

Alors, en cette fin d’année, choisissez de célébrer la vie. Suivez-nous sur les réseaux sociaux, partagez ce message et engagez-vous pour que Décembre Orange ne soit plus synonyme de tragédie, mais d’espoir.

Bonne fête à tous et roulons prudemment !

Je te dis tout

GabonOpinionSanté

Les personnes handicapées physiques et cognitives, les rejetés de la société?

Il y a quelques mois, se faisait le recensement des personnes vivant avec un handicap.
J’y suis allée, après avoir consulté un professionnel de santé mentale pour me rassurer, car, sous d’autres cieux, je suis censée être prise en charge par l’État et recevoir des allocations. Ehhhh ! J’ai rêvé loin, oh !

J’y vais, je sens que, oh, on se moque même de moi, des professionnels qui sont censés me mettre en confiance.

Selon handicap.paris, une personne handicapée est une personne qui présente des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à sa pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres.
Il y a plus de handicapés au Gabon qu’on le pense.

Parlons des handicapés physiques, eux qui ont normalement besoin d’assistance physique et morale, ne reçoivent que 75 000 F par an ! Dans un pays où tu ne peux vraiment vivre avec cette somme par mois. Que sont-ils censés faire avec cette somme ? C’est pour manger de l’alloco ?
Nous sommes décidément les rejetés de la société, les gens qu’on ne calcule pas, ceux qui ne méritent pas plus d’attention que ça !

Je vais dire une chose choquante, mais j’aurais aimé être handicapée physique pour qu’on me prenne au sérieux, qu’on m’écoute, qu’on comprenne mes difficultés, mais hélas…

Bref, j’espère sincèrement que les choses iront mieux petit à petit, sinon, on va se battre pour ça. On n’aura pas d’autre choix.

Je te dis tout

GabonOpinion

Je me sens doublement volé

J’aurais pu écrire cet article plus tôt mais il aurait fallu alors que j’ai une boule de cristal pour voir ce que je ne voulais pas. J’ai été optimiste le 30 août 2023 et je n’ai aucun regret de l’avoir été. Aujourd’hui pourtant, un peu plus d’un an plus tard, c’est le coeur lourd que je me réveille en pensant à ce pays.

Je ne sais pas si vous vous rappelez de la campagne pour les élections présidentielles 2023. Les plaies qui n’avaient jamais été refermées plus béantes que jamais. Le PDG tout puissant et ses alliés qui narguaient un peuple en colère. Des menaces, des injures et parfois même des emprisonnements… Pas de mort cette fois-ci grâce au « coup de Libération » du CTRI. Voilà l’issue heureuse de décennies de gabegies financières, mauvaise gestion (appelée plus couramment détournements) et injustices dont souffraient les Gabonais. Nous étions libérés… DU PDG !!! Du moins c’est ce que nous pensions…

Seulement, l’Histoire ne s’arrête pas là et c’est là tout le problème. Si on remercie le CTRI d’avoir empêché l’accession au pouvoir par la tricherie, bain de sang en supplément, du PDG, comment et surtout pourquoi nous impose-t-il la survie de ce parti ?! Les voir m’a profondément bouleversé. Comme l’impression de voir son violeur dans la rue en train de draguer quelqu’un… Un profond dégoût. Un sentiment d’injustice… de trahison même. Comment peut-on imaginer que ceux qui, pendant tant d’années, ont profité des ressources du pays, des vies brisées et des rêves réduits en poussière, continuent de rôder autour de la scène politique, comme si de rien n’était ? La « Libération » qui nous avait été promise semble n’être qu’une illusion, un leurre bien ficelé pour apaiser temporairement notre colère.

Je me sens piégé dans une boucle sans fin. Une même poignée de personnes revient sans cesse, changeant de visages, de discours, mais portant en eux les mêmes germes d’arrogance et de mépris pour ce peuple qui aspire à vivre dignement. Le masque du « changement » est tombé, et ce que nous voyons aujourd’hui n’est autre qu’une perpétuation du système, maquillé de belles paroles et de promesses en l’air.

Et nous, que faisons-nous ? Nous continuons à espérer, à attendre un vrai changement qui n’arrive pas. Peut-être parce qu’au fond, nous n’avons jamais réellement brisé nos chaînes. Peut-être que le vrai combat, celui qui nous permettrait de nous libérer de cette emprise, reste encore à mener.

Alors oui, je me sens doublement volé. Volé de mon espoir, de ma foi en un avenir meilleur, mais aussi de cette promesse non tenue de voir enfin émerger un Gabon libéré, purgé de ses démons, ses perfides trompeurs.

Je te dis tout