Auteur/autrice : La Redac

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Daddy Issues chez les hommes : le tabou dont personne ne veut parler

« Le père absent : une plaie invisible dans la construction des hommes ». L’absence d’un père dans la vie d’un enfant n’est jamais anodine. Elle laisse des traces profondes, et parfois silencieuses. Elle influence l’équilibre émotionnel, la capacité à aimer, à s’aimer, à se positionner dans le monde.

Pourtant, lorsqu’on parle des conséquences de cette absence, le débat semble souvent tourner autour de l’impact sur les filles.
Comme si les garçons, eux, en sortaient indemnes.

« L’absence physique… et l’absence émotionnelle »

Il y a les pères qui sont partis, volontairement ou non.
Et il y a ceux qui sont là sans être là.
Présents physiquement, mais absents émotionnellement.
Ces pères-là parlent peu, écoutent moins voire pas du tout.
Leur silence, souvent perçu comme la norme virile, est en réalité une forme d’éloignement affectif qui conditionne leurs fils à faire de même.

« Les hommes antipathiques : l’héritage silencieux »

Qui sont ces hommes incapables de dire “je t’aime” à leur compagne, à leurs enfants, ou même à eux-mêmes ?
Ceux qui ravalent leurs larmes dans la salle de bain ou qui se perdent dans des aventures sans lendemain ?
Ces hommes-là ne sortent pas de nulle part.
Beaucoup sont les fils d’un vide, d’un modèle masculin absent, instable et défaillant.

On les voit parfois comme des coureurs de jupons, accros au sexe, mais derrière cette façade se cache souvent une quête désespérée de connexion.
Parce que dans une société qui a fait du sexe le seul espace acceptable d’intimité masculine, beaucoup finissent par confondre affection et performance.

Certains hommes ne savent recevoir de l’affection qu’à travers un contact physique sexuel, parce qu’ils n’ont jamais reçu de tendresse autrement.
Une étreinte, un regard, un mot doux ?
Trop vulnérable.
Trop féminin.
Trop dangereux.

« Une masculinité sous pression »

« Un homme ne pleure pas. »
« Un homme doit être fort. »
« Un vrai garçon ne montre pas ses émotions. »

Ces phrases, nous les avons tous entendues.
Elles se transmettent de génération en génération, comme des malédictions collectives ayant pour conséquence, une armée d’hommes qui saignent en silence.
Qui s’effondrent intérieurement en gardant un masque de maîtrise.

« Et les femmes dans tout ça ? »

Paradoxalement, beaucoup de femmes, elles aussi conditionnées, ont du mal à accueillir la vulnérabilité masculine.
L’homme fort, protecteur, pilier, c’est encore un fantasme collectif.
Alors quand un homme pleure, doute, ou se montre fragile, il arrive que cela crée un malaise, voire un rejet.
La vulnérabilité d’un homme est encore trop souvent perçue comme une faiblesse.

« Briser le silence, c’est guérir »

Il est temps de briser le mythe de l’homme invulnérable.
Un homme invulnérable, ça n’existe pas.
C’est un fantasme qui gangrène nos relations, notre société, notre santé mentale collective.

Oui, l’absence du père affecte aussi les hommes.
Ils sont parfois les conjoints, les frères ou les pères que vous regardez avec sévérité et jugement sans jamais comprendre ce qu’ils ont traversé.

Parler de ces réalités n’est pas une excuse pour leurs comportements dysfonctionnels.
Voyons plutôt ceci comme une tentative de comprendre, de réparer et de ne plus transmettre ces traumas aux générations suivantes.

Aux pères, soyez là, vraiment là.
Pas parfaits, pas tout-puissants mais présents.

Aux mères, encouragez vos fils à ressentir, à parler, à pleurer.

Aux femmes, soyez un espace sûr pour la vulnérabilité de vos maris, tout comme vous souhaitez qu’il soit un refuge pour la vôtre.

Aux hommes, vous avez le droit d’avoir mal, le droit d’en parler et surtout le droit de guérir.

Solomoni

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GabonOpinionPolitique

Les ministres caméléons : un jour ici, demain là-bas… mais jamais à leur place

Chez nous, au Gabon, y’a un phénomène qu’on connaît trop bien. C’est le “ministre multi-usage”. Un jour tu le vois ministre de l’Énergie, deux semaines après il est ministre de la Justice, et le mois suivant il atterrit à la Culture comme s’il avait fait théâtre au lycée. C’est comme s’il jouait à “pioche une carte, t’as gagné un ministère”. Sans diplôme adapté, sans formation, même sans boussole, il est là… ministre que douah.

Ces gens-là, c’est pas parce qu’ils sont experts dans quoi que ce soit qu’on les nomme. Non. C’est parce qu’ils sont fidèles, utiles politiquement ou juste disponibles, comme une chaise vide qu’on peut déplacer où on veut. Ils signent des décrets qu’ils ne comprennent même pas, posent la première pierre d’un projet qu’ils ne reverront jamais, et lancent des programmes qu’ils ne maîtrisent pas. Bref, ils sont là pour meubler.

Parfois même lors des interviews on pose une question à gauche, il répond à droite tu te demandes juste ce que la personne fout là en fait. Et nous on regarde ça depuis des années comme si c’était normal. Mais franchement, vous trouvez ça sérieux de faire passer quelqu’un de l’Économie à l’Éducation nationale sans même une petite formation accélérée ? Ou quelqu’un qui sort de nul part et BOUM direct ministre de l’industrie. Il comprend même d’abord quoi à ça ? Genre il découvre le secteur en même temps que nous. Il apprend sur le tas, pendant qu’il prend des décisions pour des millions de personnes. C’est grave !

Être ministre, c’est pas juste mettre la cravate et parler à la télé (encore que même les prises de parole sont souvent aval ezing). C’est prendre des décisions qui changent la vie des gens. C’est porter une vision, impulser des réformes. Mais comment tu réformes un truc que tu ne connais même pas ? On en arrive à des situations bizarres où ce sont les fonctionnaires du ministère qui doivent former le ministre fraîchement nommé. C’est eux qui expliquent, qui répètent, qui mâchent le travail pendant que monsieur ou madame apprend à faire la différence entre un budget d’investissement et un budget de fonctionnement. On dirait un stage d’intégration.

Résultat : les projets prennent du retard, les vraies priorités passent à la trappe, les réformes patinent. On dit que l’administration est continu hein mais il ya des dossiers qui doivent à chaque fois faire l’objet d’étude parce que la personne à la tête du ministère, NE CONNAÎT RIEN. Et pendant ce temps, les techniciens, les vrais, ceux qui connaissent le terrain, sont mis de côté. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas les bons contacts, ou qu’ils ne disent pas “oui chef” à tout.

En fait, tout ça montre un truc : ici, le pouvoir, c’est d’abord des calculs, des équilibres, des promesses entre amis. La compétence ? Elle arrive en dernier, quand il reste de la place. Et pourtant, gérer un pays, ce n’est pas comme organiser un anniversaire. Tu ne peux pas improviser avec la justice, la santé ou l’école des enfants. Ces trucs-là demandent des gens solides, qui savent ce qu’ils font. Pas des touristes institutionnels qui viennent faire coucou le temps d’un remaniement et qui plus tard mettront ça dans leur CV.

On doit vraiment changer cette manière de faire. Personne ne dit qu’il faut enlever toute la politique. Mais au moins, un peu de sérieux. Un pays qui veut avancer ne peut pas continuer à nommer des gens au hasard comme s’il tirait au sort. Les décisions prises impactent quand même tout le pays. Parce qu’à force de jouer avec les nominations, c’est nous, le peuple, qui payons l’addition. On en a marre de subir l’improvisation au sommet.

Maintenant, il faut choisir : soit on gère ce pays avec des gens compétents, soit on continue de le survoler comme un drone en panne.

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Gabon : 93,25 % des marchés publics attribués en gré à gré…

Vendredi 30 mai 2025, en Conseil des ministres, le gouvernement s’est dit « vivement préoccupé » par une révélation qui aurait dû provoquer un audit général depuis au moins trois législatures : 93,25 % des marchés publics ont été attribués en gré à gré, sans appel d’offres. Oui, tu lis bien : 93,25 %. C’est plus qu’un chiffre, c’est un aveu.

Et le gouvernement s’étonne comme nous quand on a appris qu’Ali était en Angola

Mais en réalité, ce n’est pas un oubli. Ce n’est pas un bug. C’est un système. Rodé. Huilé. Et protégé.

Et là, dans une envolée bureaucratique, on nous annonce que cela viole l’article 71 du Code des marchés publics, qui limite cette procédure à… 15 %. Sincèrement ? Ils viennent de le découvrir ? Parce que nous, peuple, on pensait que les contrats étaient signés par le gouvernement lui-même, pas par une divinité invisible avec un tampon magique.

Derrière cette avalanche de gré à gré, il y a des PME locales de façade, souvent des sociétés-écrans montées à la va-vite par des proches de décideurs, des frères, des cousins, des épouses, parfois même le ministre lui-même. Résultat ? Des marchés attribués à soi-même, via des prête-noms, dans un jeu d’écriture aussi grossier qu’impuni.

Les conséquences sont visibles à l’œil nu : chantiers bâclés, routes en carton-pâte, écoles sans fenêtres, hôpitaux sans lits. Et pourtant, ces marchés ont tous reçu le feu vert… validé, paraphé, payé. Le miracle gabonais, c’est de réussir à transformer l’argent public en ruine certifiée.

Mais plus grave encore, c’est le silence complice des organes censés contrôler.

La Direction générale des marchés publics (DGMP) n’a-t-elle rien vu ? La Cour des comptes ? Muette. Et que dire du Contrôle budgétaire, dont l’un des logiciels censé bloquer automatiquement les dépassements de seuils en gré à gré a tout simplement été désactivé. Oui, désactivé. En interne. Par des instructions venues d’en haut. Comme ça, tout passe. Tout glisse.

Et maintenant, on nous parle de transparence, de sursaut, de moralisation ? Ces mots-là sont devenus des rideaux de fumée. Même les communicants doivent bailler en les écrivant.

Pendant ce temps, nous on slalome entre les nids-de-poule géants, on attend des infrastructures promises à coups de tambours et de caméras, on regarde nos impôts financer des pratiques qu’on aurait crues abolies. Et le plus fou ? C’est qu’on fait semblant d’être surpris.

Mais quand un gouvernement est surpris par les conséquences d’un système qu’il a lui-même mis en place, ce n’est pas une dérive. C’est une politique.

Alors il est temps de poser les vraies questions :

  • Qui sont les bénéficiaires réels de ces marchés ?
  • Combien de sociétés-écrans ont été montées entre 2020 et 2024?
  • Pourquoi a-t-on désactivé les garde-fous techniques censés prévenir ces abus ?
  • Et surtout : pourquoi rien ne bouge, même quand tout le monde sait ?

Parce qu’à ce rythme, le prochain Conseil des ministres nous annoncera avec consternation que “les caisses sont vides”, tout en jouant les étonnés. Comme nous, le jour où on a appris qu’Ali Bongo, Sylvia et Nourredin faisaient du tourisme médical à Luanda alors qu’on nous avait certifié quelques jours avant que les deux derniers cités étaient derrière les barreaux.

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GabonOpinion

Hier, j’étais heureux.

Hier, c’était une journée plutôt normale, plutôt routinière. Je n’ai rien fait d’extraordinaire. Je me suis réveillé comme d’habitude. J’ai préparé mon petit café, comme toujours, puis je me suis installé devant mon ordinateur pour travailler. Évidemment, j’ai pris une douche entre les deux.

Et j’ai travaillé toute la journée. Entre deux tâches, j’ai échangé quelques messages avec la famille sur WhatsApp. Rien de plus.

Je ne suis pas allé sur les réseaux sociaux. Et cela a fait toute la différence.

À aucun moment de la journée, je n’ai eu l’occasion de m’indigner. À aucun moment, je n’ai vu passer une information déplaisante. À aucun moment, l’actualité ne m’a irrité. Aucun contact ne m’a interpellé sur un sujet susceptible de me fâcher ou de me troubler. Je suis resté dans mon coin, et j’ai savouré cette solitude choisie.

Ce que j’ai fait hier, c’est ce que j’aime faire : travailler.

Parce que lorsque je travaille, je réfléchis. Je conçois. Et dans cet exercice, je touche à ce que je considère comme un attribut divin : la créativité. C’est là que je m’épanouis.

Hier, j’étais heureux de pouvoir avancer à mon rythme. Pas pour remplir une obligation. Pas nécessairement pour gagner de l’argent. Je ne parle pas ici de mon emploi, mais d’un travail plus personnel, plus intime — celui qui me stimule. Celui dans lequel j’ai un objectif à atteindre. Et en progressant, palier après palier, j’accumulais de petites réussites.

Et cela m’a rendu heureux.

C’est ça, pour moi, la définition du bonheur : ces instants simples, suspendus, où l’on se retrouve face à soi-même, occupé à pratiquer ce qu’on aime — sans penser au reste.

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« Désolé les mecs…vos mères ne vous ont pas dit la vérité. »

Vous êtes nombreux à vous plaindre des femmes d’aujourd’hui. Trop indépendantes, difficiles à satisfaire, pas comme nos mères…
Et si justement, vos mères ne vous avaient pas tout dit ?

Et si ce modèle de femme silencieuse, dévouée, toujours présente et jamais conflictuelle que vous avez observé chez elles n’était pas tout à fait le reflet de la réalité ?

« Ce que vous avez vu VS ce que vous n’avez pas vu »

Peut-être avez-vous grandi dans une maison où votre père était le pilier visible, celui qui travaillait, qui décidait.
Votre mère, elle, s’occupait de la maison, des enfants, elle ne se plaignait pas du moins, pas devant vous.
Elle semblait tenir la maison sans jamais se plaindre.

Mais ce que vous n’avez pas vu, c’est que beaucoup de ces femmes souffraient en silence.
Elles n’avaient ni les moyens de partir ni l’espace pour exprimer leurs frustrations.
Elles enduraient des relations déséquilibrées parce qu’elles n’avaient pas d’autre choix.
Le divorce était stigmatisé et la dépendance financière à l’homme était totale.

Elles ne vous ont pas dit ce qu’elles vivaient vraiment. Pas parce qu’elles voulaient vous mentir, mais parce qu’elles vous aimaient et parce que dans leur esprit, protéger les enfants signifiait taire sa douleur.

Ce qu’elles ont dit à vos sœurs…

En revanche, à vos sœurs, vos mères ont parlé.
Elles leur ont dit d’étudier et de ne pas dépendre d’un homme.
Pourquoi ? Parce qu’elles savaient.
Parce qu’elles voulaient éviter à leurs filles de revivre ce qu’elles avaient traversé.

Elles ont transmis un héritage de prudence et d’autonomie à leurs filles.
Pas contre les hommes, mais contre un système qui avait fragilisé leur position.
Ce que vous interprétez aujourd’hui comme de l’insoumission ou de l’orgueil chez les femmes modernes est une armure transmise dans la majorité des cas par vos propres mères.
Ces filles dont vous vous plaignez sont les enfants de vos mères.
Ce changement de mindset généralisé chez les femmes ne peut donc pas être le fruit du hasard.

« Ce qu’on ne vous a pas appris »

Le problème, c’est que vous n’avez pas reçu la même éducation. On vous a laissé croire que l’amour d’une femme devait être inconditionnel, que l’homme est le chef de la maison, que fournir de l’argent suffisait.
On ne vous a pas appris à dialoguer, à partager le pouvoir, à accueillir une partenaire qui n’est pas là par nécessité, mais par choix.

Les conséquences sont claires, vous entrez dans des relations où vos attentes sont figées dans le passé.
Pendant ce temps, les femmes ont évolué.
Le choc est donc inévitable.

« Le vrai modèle, ce n’est pas la longévité du mariage, c’est sa qualité »

Dire que les mariages d’avant duraient plus longtemps ne veut rien dire si on ne parle pas des conditions dans lesquelles ils duraient.
Beaucoup de femmes restaient pour les enfants, par peur du jugement, par manque de ressources.
Ce n’était ni de l’amour ni le résultat d’une supposée meilleure éducation des femmes.
C’était souvent de la survie.

Aujourd’hui, les femmes peuvent partir si elles ne sont pas respectées. Et cela ne veut pas dire qu’elles sont capricieuses. Cela signifie qu’elles ont le choix que beaucoup de vos mères n’avaient pas.

« On fait quoi maintenant ?

Il ne s’agit pas de se culpabiliser ou de se sentir attaqué. Il s’agit de comprendre.
Comprendre que vous avez été élevés avec une version édulcorée de l’histoire.
Comprendre que si vous voulez vivre des relations épanouissantes dans le monde actuel, il faut désapprendre certaines choses et en apprendre de nouvelles, le respect mutuel, la remise en question, la gestion des émotions…

Vos mères vous ont aimés, mais elles ne vous ont pas toujours tout dit.
Ce n’est pas votre fautes mais aujourd’hui, c’est votre responsabilité de faire bouger les choses.

Solomoni.

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GabonOpinion

Le Gabonais n’est pas paresseux, il manque d’initiative

« Le Gabonais est paresseux, le Gabonais est paresseux. »
C’est une phrase qu’on entend souvent, surtout de la bouche de nos pères. Comme si le Gabonais avait un poil dans la main, comme s’il était allergique à l’effort.

Je ne suis pas d’accord. Le Gabonais, de ce que j’ai vu, n’est pas paresseux. Il manque d’initiative, et ça fait toute la différence.

Je travaille dans le domaine de l’entrepreneuriat depuis un moment maintenant. Et j’en ai vu, des Gabonais motivés. Très volontaires. Pas toujours rigoureux, certes, mais prêts à bosser dur, à faire des horaires de malade, juste pour s’en sortir par eux-mêmes. Alors non, ce n’est pas de la paresse.

Le vrai problème, c’est qu’on n’est pas assez orientés solution.

Beaucoup de ceux avec qui j’ai collaboré attendent qu’on leur dise exactement quoi faire à chaque étape. Dès qu’un problème survient, ils s’arrêtent. Ils ne le contournent pas, ne cherchent pas, n’osent pas. Ils attendent que toi, celui qui a donné la mission, vienne avec une réponse.

Et quand tu reviens aux nouvelles, ils te disent : « Je n’ai pas pu avancer. » Pourquoi ? Parce qu’ils n’avaient pas d’ordinateur.
Mais pourquoi accepter une mission si tu sais que tu n’as pas les moyens ? Et surtout : pourquoi ne pas chercher une solution ? Utiliser ton téléphone. Emprunter un ordi. Trouver un moyen.

Ce n’est pas un manque de volonté. C’est un désapprentissage.

Et pourtant, dans notre culture, cette logique du contournement, de la débrouillardise, est ancestrale.

Je parle ici de l’adzap.
Pas d’une cosmogonie élitiste, pas d’un mythe réservé aux initiés. Non.
L’adzap, dans la tradition Fang
, c’est cet arbre immense que nos ancêtres ont rencontré lors de leur migration. Un obstacle colossal, trop large pour être contourné.
Alors ils ont creusé.

Pas pour fuir, mais pour avancer.
C’est ça, l’esprit de l’adzap : transformer la difficulté en passage.

Ce n’est donc pas dans notre essence d’attendre que les choses tombent du ciel. Cette passivité, ce réflexe d’abandon, c’est quelque chose qu’on a appris. Ou plutôt, qu’on a fini par intégrer, peut-être avec la colonisation, sûrement avec le capitalisme, qui pousse plus à consommer qu’à créer.

Et pourtant, loin de la vie du ngori — la gratuité, pour ceux qui parlent bilangum — il existe des possibilités. Plein. Pour ceux qui veulent bien s’en emparer.

Parce que le Gabonais n’est pas paresseux, justement.
Et lorsqu’il est compétent, il brille.
Ça, je peux vous l’assurer. Ça se voit.
On est peu nombreux, mais on est connus. Et on est reconnus.
Pour ceux qui arrivent à s’affranchir des apprentissages limitants, à se libérer de la posture d’attente, il y a de la lumière.

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Une génération inculte ?

J’ai compris que notre génération avait un problème, depuis le jour où on a attaqué Tayc en l’accusant d’avoir écrit une chanson pour les gays… alors qu’il a simplement repris « Comme ils disent » de Charles Aznavour.

On n’a presque plus de culture musicale. Ni même sociale.

Allez faire un tour sur TikTok. Les jeunes filles et les jeunes hommes noirs parlent de quoi ?
« Est-ce que les femmes noires doivent porter des perruques ? »
« Les mères célibataires. »
« Comment prendre soin d’un homme. »

INAFFF !

Et là, on parle des Flammes, et tout le monde est choqué parce que les gens interrogés s’expriment mal ?
Mais oui. OUI.
Les gens ne se cultivent plus !

Souvenez-vous du dernier Guinzshow. Des adultes qui, en big 2025, ne savent même pas ce que signifie le mot misogynie !

Aujourd’hui, ça devient presque un miracle de croiser quelqu’un de notre génération qui est cultivé, et qui veut s’impliquer dans autre chose que des “chill”.
Limite, tu finis par croire que c’est toi le problème.

Le pire ? C’est que si on ouvre une bibliothèque, beaucoup viendront au début… oui, pour faire des photos aesthetic et des vlogs TikTok.
Et après ?
Plus rien.

Peut-être que j’abuse. Peut-être.
Mais franchement, il y a trop de lacunes dans notre génération.

Ma solution ?
Je n’en ai pas.
Je ne suis ni Light, ni Eren.

La seule vraie solution, ce serait que les gens recommencent à se cultiver.
Parce que le niveau est tellement bas actuellement… c’est abusé.

Et si ça continue comme ça, la génération d’après sera encore pire.
Et ce sera une catastrophe.

On veut bien faire bouger les choses, oui.
Mais le changement, c’est ça aussi.

Je te dis tout

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Une fois encore, le pangolin dans la sauce !Ou quand la naïveté collective devient un business modèle.

C’est devenu un phénomène récurrent ces dernières années. Profitant de la crédulité, de l’appât du gain et – soyons honnêtes – de la faim qui ronge nombre de nos concitoyens, les escrocs redoublent d’ingéniosité pour arriver à leurs fins.

Cette fois-ci ? Une affaire d’agriculture virtuelle.

Après BR Sarl et son coffre-fort virtuel, voilà qu’on nous sert un remix improbable entre Tamagotchi et culture de maïs. La plateforme Safety proposait aux gens d’acheter… des animaux virtuels. Oui, des poules, vaches et autres bestioles numériques censées rapporter de l’argent.

La première question que je me suis posée c’est : comment ?
bruit de criquets

Une question toute simple, basique. Et pourtant, selon les chiffres avancés par la plateforme, près de 150 000 personnes ne se la seraient pas posée. Bon, soyons francs : ce chiffre laisse sceptique. Mais en termes de stratégie marketing, il a parfaitement rempli sa mission — attirer les curieux, et faire croire que “tout le monde y gagne”.

Mais il faut bien le reconnaître : les arnaqueurs d’aujourd’hui ne font plus les choses à moitié.
Fini le temps des mails de princes nigérians mal traduits — place au packaging professionnel.
Ils dégainent désormais des documents pseudo-officiels, des PDF bien léchés, et surtout… des partenariats juteux avec des entreprises de la place.

Des entreprises qui, comme par magie, n’ont jamais entendu parler du projet.
Tiens donc !
bruit de gorge qui se racle dans les bureaux de communication

Désolé… mais je ne peux pas m’empêcher de rire en les voyant, encore une fois, défiler devant les caméras.
Cette bretelle de naïfs, l’air accablé, dénonçant haut et fort une arnaque “inattendue”.

Au début, promis, j’étais triste. J’avais même de l’empathie.
Mais au bout de la troisième arnaque, sérieusement… faut arrêter.

Je veux dire :
si ça a l’odeur du poulet, le goût du poulet, et que ça caquette comme un poulet… c’est peut-être du poulet, non ?

À un moment donné, comme pour tout le reste, ne soyons pas nos propres ennemis.
Utilisons nos cerveaux.

Sur ce… passez une bonne journée.

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Le paraître à Libreville – Norme pour une ascension certaine ou moyen d’échapper à son quotidien précaire

Je parle de Libreville car c’est ici où j’ai vu ce phénomène naitre, croitre et surtout persister. Le paraitre est le fait pour une personne de se montrer d’une certaine manière, parfois en contradiction avec sa véritable nature ou son être profond, dans le but de correspondre à une image sociale, à des attentes ou à un idéal.

Si dans certains cas, parader d’une certaine manière est l’attitude à avoir pour atteindre un objectif bien défini, il peut être un poison dans d’autres cas.

Le paraitre nécessaire

On est tous d’accord qu’atteindre une certaine position sociale nous impose de répondre à certaines attentes que ce soit au niveau physique – donc de l’apparence- et psychique – notamment en développant la confiance en soi, le charisme, la sérénité, etc. Le tout afin de correspondre à un idéal selon le groupe que l’on veut intégrer.  D’où le fameux “Fake it till you make it.” En français  “Fais semblant jusqu’à ce que tu y arrives.”

Dans ce sens, conjuguer les verbes “avoir l’air de” / “faire comme si” sont nécessaires voire urgents. Même si elles devraient avoir des limites…

Le paraitre toxique

“Sembler”, “passer pour” quelqu’un qui n’est pas soi jusqu’à ce que cette nouvelle attitude nous consume totalement (ou nous impose à nous endetter)… C’est la limite à ne clairement pas franchir !

Mais à Libreville, cette limite elle est franchie chaque jour et c’est terrible de voir comment les gens n’ont plus peur pour leur image, ni pour leur réputation. Comment il sont prêts à faire face à la justice au nom de l’apparence. Pire il a mis a mal au Gabon des notions sensées être importantes ou/et sacrées. Le concept de CEO/ entreprenariat est presque galvaudé aujourd’hui, la notion de couple et de bonheur ne se vivent pas forcément mais doivent se montrer et les réseaux sociaux sont devenus un endroit où règne mensonge et malhonnêteté.

Ce qui est dommage (ou pas) c’est que Libreville est une ville où presque tout le monde se connait, où quelqu’un connait forcément quelqu’un qui connait quelqu’un… et est prêt à partager la réalité de la vie de l’autre. Bref tout est mélangé.

Cependant, malgré ma position tranchée sur le sujet, je n’incrimine pas “les gens du paraitre” (qui suis-je pour le faire d’ailleurs?). Je peux comprendre que le paraitre peut être une façon de vivre (pour un court instant) des moments que l’on voudrait avoir au quotidien ou de montrer aux gens autour de nous que l’on vit bien… Mais à quel prix ? Est-ce que ça vaut vraiment le coût ? Peut-on empêcher de franchir la limite?

MissKa

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Le Gabon des Services : Trois piliers qui vacillent

Au Gabon, l’expérience des services est souvent une épreuve, une véritable odyssée où le client, loin d’être roi, se retrouve relégué au rang de simple figurant. Contraint de subir les caprices et les dysfonctionnements des prestataires, le gabonais normal ne sait jamais vraiment à qui rapporter les manquements qu’il subit.

Qu’il s’agisse d’entreprises privées, parapubliques ou d’entités étatiques, le constat est unanime : le non-respect de la clientèle est monnaie courante, et l’impunité semble régner en maître. Cette indifférence envers les usagers se manifeste à travers une panoplie de désagréments, allant de l’absence de ponctualité, à la négligence des consignes de sécurité les plus élémentaires, en passant par l’inexistence des « Services après-vente » ou « service client » et le comportement désagréable des opérateurs.

Pilier I : Le Client, l’éternel subissant.

On parle souvent du comportement des gens dans les Administrations (Ministères et Directions Générales), les Restaurants et les Compagnies Aériennes, mais je pense qu’on oublie trop souvent les « sauvageons » (si vous me le permettez) qui sont au Port-môle.

Je suis récemment partie en voyage professionnel à Port-Gentil. Mon assistante s’étant chargée de l’achat de mon billet de bateau, lorsque je l’ai reçu, j’ai remarqué l’heure de la convocation surlignée en jaune, 05h45. Soucieuse de ponctualité, parce que c’est une forme de respect envers moi-même et autrui, et surtout parce que j’espérais un enregistrement rapide et le choix d’une place stratégique, je me présente au port à 05h30, un dimanche matin. Je précise le jour de la semaine pour que vous mesuriez la rareté des moyens de transport à pareille heure.

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que le départ n’était en réalité planifié que pour 11h40. En gros, le billet avait été mal renseigné, bien qu’il comportait toutes les informations du trajet Libreville – Port-Gentil, il tenait compte des horaires du trajet Port-Gentil – Libreville. J’ai tenté de le faire constater aux agents présents de la compagnie qui m’ont répondu sur un ton bien « qu’en a-t-on à foutre ??? » bien « tu gaz !!! » qu’en fait « vous auriez dû savoir qu’aucun bateau ne part de Libreville à l’heure-là. »… J’ai ravalé ma colère en attendant de pouvoir embarquer.

Mais l’absurdité ne s’arrête pas là. Non seulement l’heure du billet était erronée, mais le navire n’est arrivé au Port de Libreville qu’à 14h47. L’embarquement s’est fait une quinzaine de minutes plus tard. Ce sont donc des heures d’attente vaines, une journée sans rien manger pour éviter le mal de mer et une matinée entière sacrifiée pour un bateau qui, après un premier voyage, n’a visiblement subi aucun contrôle avant d’entamer le second.

Cette anecdote est un exemple criant du mépris pour le temps et le confort du client, transformant un simple déplacement facturé au prix d’une âme, en une épreuve de patience et d’incertitude.

En parlant du prix d’une âme, je veux comprendre… A l’époque on pouvait aller à Port-Gentil avec des billets allant de 17000 à 25000 FCFA, puis la COVID-19 a frappé et les prix ont flambé jusqu’à 40-50000 FCFA parce que les places étaient limitées, on a accepté. Mais depuis que le phénomène COVID-19 est fini là, les prix ne reviennent plus à 25000 ??? Sachant que les navires vieillissent, que les contrôles sont zappés et qu’on ne peut pour la plupart du temps jamais demander de remboursement ??? Bref !

Pilier II : L’Etat, le policier endormi.

Au-delà de la frustration engendrée par ces retards et ces informations erronées, mon expérience met en lumière une problématique bien plus grave : le survol des consignes de sécurité.

Je vous rassure, aucun incident n’a été répertorié, mon voyage a été long mais s’est bien achevé. Mais la « déformation professionnelle » m’oblige à m’interroger… Comment un bateau voué au transport de personnes peut-il effectuer un deuxième voyage sans subir de réels contrôles après le premier ? Le contrôle d’un navire consiste-t-il simplement à cocher les cases d’une checklist monotone ou peut-il être effectué correctement en moins d’une quinzaine de minutes ? Ou est-ce que ce contrôle n’est pas nécessaire vu qu’il n’est effectué qu’en interne et qu’aucune structure externe n’a de droit de regard dessus ? Mais, bon il fallait rattraper le retard, donc, on peut survoler la feuille de contrôle, mba ???

Cette négligence flagrante soulève de sérieuses interrogations quant à la maintenance des équipements, la vérification des normes de sécurité et la qualification du personnel, mais encore et surtout l’inactivité, l’impuissance ou le manque d’implication d’entités telles que l’OPRAG ou la Marine Marchande. Dans un contexte où les activités économiques priment souvent sur la sécurité des personnes, les conséquences peuvent être dramatiques.

Le scandale d’Esther Miracle résonne encore douloureusement dans les mémoires gabonaises. Ce drame, qui a coûté la vie à de nombreux passagers, est une illustration tragique des dangers inhérents à ce laxisme ambiant. Il a révélé au grand jour les défaillances systémiques en matière de sécurité maritime, de l’état des embarcations à la surcharge, en passant par l’absence de gilets de sauvetage ou leur obsolescence. L’indignation publique qui a suivi n’a malheureusement pas toujours suffi à instaurer des changements durables et radicaux dans les pratiques. L’Etat dort !

Pilier III : Le Fournisseur de Services, l’arrogant intouchable.

Les fournisseurs de Services jouent souvent sur l’état de somnolence des entités étatiques censées les superviser. Cette impunité encourage la médiocrité des services et perpétue un cycle de frustration et de mécontentement.

Les prestataires de tous bords, toutes activités confondues, semblent opérer dans une zone de non-droit où la responsabilité est diluée et les recours, quasi inexistants. Mais un facteur aggravant majeur dans le contexte gabonais est l’omniprésence du monopole, ou du quasi-monopole, dans des secteurs vitaux.

Cette absence de concurrence anesthésie toute incitation à l’amélioration de la qualité. Pourquoi s’efforcer d’offrir un service irréprochable quand le client n’a pas d’autre choix ? Prenons des exemples concrets qui parlent à tous les Gabonais :

  • Les coupures d’électricité et d’eau sont monnaie courante, parfois sans préavis ni explication. Les factures, elles, continuent d’arriver, souvent salées, même en cas de service défaillant. Le client, captif, ne peut pas se tourner vers un autre fournisseur, et les réclamations se heurtent souvent à un mur d’indifférence ou des procédures judiciaires longues et trop chères pour Un Gabonais Normal.
  • L’accès aux soins de qualité est un défi, Il n’y a qu’à se rendre dans les structures hospitalières publiques pour constater que quelque chose (si ce n’est plus) ne va pas. Manque de matériel, personnel insuffisant ou démotivé, délais d’attente interminables… La confiance du public est érodée, poussant ceux qui en ont les moyens vers les cliniques privées, tandis que d’autres subissent une offre de santé précaire.
  • Le transport ferroviaire, souvent le seul moyen de transport pour relier certaines régions le train (on pourrait dire l’avion aussi) est également sujet à des retards chroniques, des pannes inopinées, des déraillements et une qualité de service qui laisse à désirer. Là encore, l’absence d’alternative crédible confère une position de force au prestataire, sans que cela ne se traduise par un engagement envers l’usager.

Ce monopole crée une arrogance chez les fournisseurs de services. Ils savent que les clients dépendent d’eux, et cette certitude se traduit par une légèreté inacceptable quant à la qualité offerte.

Les services publics et privés du Gabon semblent fonctionner selon leur propre logique, sans véritable prise en compte des besoins et des attentes des usagers. Il est temps que les autorités gabonaises prennent des mesures concrètes pour améliorer la qualité des services et garantir la sécurité des usagers. Les citoyens méritent mieux que d’être traités comme des secondes catégories, subissant les caprices et les négligences de leurs prestataires.

Cela passe par une redéfinition des cahiers des charges, des mécanismes de contrôle efficaces et, si possible, l’encouragement d’une saine concurrence là où c’est envisageable. Une véritable révolution dans la gestion des services est nécessaire pour que le Gabon puisse enfin offrir à ses habitants et à ses visiteurs un niveau de service digne de ce nom.

A l’heure de « l’essor vers la félicité » il est temps pour le Gabon des services de passer d’un modèle où le client subit à un modèle où ses droits sont respectés et sa sécurité assurée.

Je te dis tout