Auteur/autrice : La Redac

GabonOpinion

La santé mentale au Gabon : Quand est-ce qu’on va commencer à prendre ça au sérieux ?

Au Gabon, la santé mentale est souvent négligée, comme une blessure que l’on préfère ignorer plutôt que de soigner. Pourtant, les signes sont là. Entre le stress, l’anxiété, la dépression, et autres troubles, nombreux sont ceux qui souffrent en silence.

Mais, étrangement, ce sujet reste souvent négligé. Comme si c’était un « truc de blancs » et que chez nous les noirs, il suffisait de “tenir bon“. Résultat : beaucoup passent à côté d’une aide précieuse.

On met tout sur le dos des “sorciers”

Pour beaucoup d’entre nous, les problèmes de santé mentale sont souvent ignorés ou mis sur le compte des grand-parents ou du mauvais œil. On te dira : « Hein, c’est quoi ces histoires de dépression ? Va prier, ça ira mieux ». Certes, la spiritualité peut avoir un impact positif, mais il y a un moment où il faut comprendre que la dépression ou l’anxiété ne se soignent pas uniquement par des prières, une tisane ou encore une formule de 33. 

Un manque flagrant de structures adaptées

S’il y a un sujet qui pique un peu, c’est bien le manque de structures adaptées pour gérer la santé mentale. Combien de cliniques ou d’hôpitaux au Gabon sont vraiment équipés pour diagnostiquer et traiter les troubles mentaux ? Sans parler des professionnels qualifiés. DANS TOUT LE PAYS ON A QUE MELEN, POUR PLUS DE 2 MILLIONS D’HABITANTS. Il y a un vrai déficit de psychologues et de psychiatres, et même quand on les trouve, consulter coûte souvent trop cher. Du coup, on se dit : « Bah, j’irai quand ça ira vraiment mal ». Mais à ce moment-là, c’est souvent trop tard.

La pression sociale et familiale

L’autre gros problème, c’est la pression sociale. Au Gabon, on a une culture où il faut toujours paraître fort. « Un homme ne pleure pas », « Une femme doit toujours gérer »… Du coup, personne ne veut montrer qu’il va mal mentalement. Les gens ont même peur qu’on utilise leurs soucis contre eux… Le mal est profond, faut pas suivre. Dans nos familles, tu as plus de chance d’être écouté si tu dis que tu as mal à la tête que si tu dis que tu te sens triste ou angoissé. Résultat : beaucoup de jeunes préfèrent souffrir en silence plutôt que d’être jugés comme faibles. 

Les jeunes, premiers touchés

Les jeunes Gabonais, en particulier, sont exposés à cette négligence. Entre la pression pour trouver un boulot, le goumin, le ngué, la difficulté à se projeter dans l’avenir, et les nombreux changements sociaux et économiques, beaucoup sont en détresse mentale. Mais qui les écoute vraiment ? PERSONNENOBODY !!! Les associations qui travaillent sur ces questions sont souvent sous-financées et n’ont pas suffisamment de visibilité. Souvent c’est même sur fonds propres. Quand certaines associations sont reconnues d’utilité publique en même pas 1 an d’existence, d’autres sont délaissées à leur triste sort. Pitié, vraiment pitié hein. 

Changer les mentalités : une priorité

Il est temps qu’on prenne conscience de l’importance de la santé mentale au Gabon. Il faut sensibiliser les populations, former plus de professionnels, et surtout, mettre en place des structures accessibles pour ceux qui en ont besoin. Ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité.Et soyons honnêtes : tout le monde est concerné, parce que la santé mentale, c’est aussi important que la santé physique. Vous vous soignez le corps mais vous êtes malades dans la tête. On vous voit marcher là, on croit que tout va bien alors que c’est juste la coque, la coque. A l’intérieur, vous êtes morts

Alors, Gabonais, Gabonaises, mes chers compatriotes, il est temps de commencer à parler de ce qui se passe dans nos têtes, et de comprendre que demander de l’aide, ce n’est pas un signe de faiblesse, mais de force.

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LogementNtoum

Histoire d’expropriation au Gabon : Déshabiller l’un pour habiller l’autre

La nouvelle puissance Oyé ! Terrain Cadeau pour certaines personnes encore appelées “les eux”, nous qui pensions que cela se serait arrêté le 30 août de l’année dernière.

Hélas, il nous reste que nos yeux pour constater que certains usent de la stratégie de  Robin des bois à l’envers. 

Encore, si c’était pour redonner aux nécessiteux, on comprendrait mais lorsque c’est pour donner à ceux qui ont la possibilité de s’en procurer à coût de dizaines de millions, mon coeur saigne. 

Ceci se passe dans la commune de Ntoum, qui m’a vue grandir. J’ai vu notre terrain familial de plusieurs hectares nous être arraché. J’ai vu ce camion à coup de pelle terrasser notre verger. Même le manguier qui nous a nourri en des saisons depuis plusieurs décennies s’est vu renversé, fruits au sol et racines en l’air. Je repense à tonton Koumba  qui n’a pas pu résister à ce triste spectacle. Pauvre tonton Koumba achevé par sa tension ! 

En interrogeant les ravisseurs, on nous informe qu’il faut retenir qu’il n’y a pas d’autochtones oh! 

C’est clair : “Les hectares de terrain appartenant aux familles depuis des décennies arrachés aux populations seront morcelés en 500m2 et revendus sur le marché. Une famille ne peut détenir à elle seule 2 hectares de terrain. L’État vous cédera 500 m2  sur vos deux hectares, le reste sera morcelés et si vous souhaitez obtenir plus de terres vous devez les racheter auprès des ministères en charge de la question.  Notez que vos enfants bi-nationaux ne pourront pas réclamer les terres cédées par leurs arrières grand-parents”

À croire que nos enfants bi-nationaux n’ont plus droit à rien dans ce pays. Bref. 

Pourtant le Président a dit qu’aucun gabonais ne devrait être exproprié de sa terre puis sur le bitume nous vivons le contraire. 

On nous vole pour faire plaisir aux autres. Remplir une fiche de réclamations nous vaut au préalable un long discours visant à nous décourager à déposer toutes sortes de réclamation. “Nous n’avons plus de formulaire de réclamation”, “De toutes façons, c’est terminé. Si vous voulez vous plaindre allez voir les militaires”

Mboukou ! Tant pis pour nous autres là qui n’avons pas de longs bras espérons que notre plume portera haut notre voix…

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GabonOpinion

Être visionnaire ou être à côté de la plaque ?

Dans notre pays, le temps semble suspendu à un moment décisif, tel un carrefour où se croisent les voies de notre destin collectif. À ce carrefour, les voix se font entendre, chacune proposant une direction à suivre, et c’est là que réside notre dilemme : vers quelle sortie se diriger ?

D’un côté, il y a ceux qui, les yeux tournés vers l’horizon, voient en cette époque troublée une chance rare, presque providentielle, de refaçonner le monde. Ils rêvent d’un avenir où les erreurs du passé seraient effacées, comme des ombres chassées par la lumière nouvelle. Ces esprits idéalistes prônent un changement profond, un nouveau paradigme qui redonnerait à l’humanité une voie plus juste, plus éclairée. Leur discours est empreint d’espérance, et leurs projets semblent déjà élever les fondations d’une société future.

En face, une autre école, moins encline à l’envolée des idées, mais plus attachée aux réalités du moment. Ceux-là voient les choses autrement : « Que valent ces grands idéaux face aux besoins immédiats ? », se demandent-ils. Car pour eux, la faim, la précarité, et les nécessités quotidiennes ne laissent guère de place aux rêveries. Ce sont les besoins urgents qui gouvernent leurs actions, et l’avenir, bien qu’important, ne peut se construire sur des ventres affamés.

La question se pose alors : qui a raison ? Peut-on, sans risque, suivre la voie de l’idéalisme, en ignorant les grincement de ventre de la réalité ? Ou bien, l’attachement au présent nous enferme-t-il dans une vision trop étroite, nous privant des promesses d’un futur meilleur ? Qui l’emportera, de celui pensant voir la lumière, s’arrachant les cheveux de l’inaction de ses pairs face à l’évidence, ou de celui qui semble n’entendre que le bruit de son ventre, et de son âme, en quête de satisfaction des besoins premiers ?

Le débat est ancien, aussi vieux que la société elle-même, et chaque époque a oscillé entre ces deux pôles : l’ambition de bâtir des utopies et la nécessité de survivre au jour le jour.

Mais peut-être cette opposition est-elle, en fin de compte, illusoire. Car l’histoire nous enseigne que les grandes avancées, si elles ont pu naître d’idéaux, se sont toujours ancrées dans la réalité. Et puis, au final, est-ce si grave de se tromper ? Est-ce si grave d’avoir une vision loin de la réalité ?

Le temps nous dira.

Signé, La prose sur l’oreiller

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Trouble dans le consentement. – Madame La Présidente

Vous vous souvenez de ces fameuses femmes qui font ” l’étoile de mer” ? Ça fait des années qu’on entend ce terme – pour dire de certaines femmes qu’elles ne sont pas « bonnes au lit » et s’en moquer. Mais moi, je me suis demandée : pourquoi une femme qui veut vraiment être là se comporterait comme ça ? Pourquoi rester passive, juste s’allonger sur un lit en écartant les jambes comme si elle subissait ? Peut-être qu’au lieu de se plaindre, on pourrait se poser les vraies questions.

La réponse pourrait être bien plus complexe qu’on ne le pense. Si une femme ne participe pas activement, ne serait-ce qu’un minimum, à un rapport sexuel auquel elle aurait consenti, c’est peut-être qu’en vérité, elle ne veut pas être là. Et c’est là que les choses se brouillent. Ce qu’on présente souvent comme un “oui”, peut en réalité cacher un je préfère dire oui plutôt que de risquer pire. On a souvent tendance à imaginer le consentement comme un feu vert clair et net : un “oui” ou un “non”, point. Mais dans la réalité, c’est rarement aussi simple. Je pense que dans les rapports hommes femmes le rapport de domination, perçu ou pas, est tellement implicite qu’il ne nous laisse pas vraiment le choix éclairé finalement. Prenons une situation classique : vous ramenez quelqu’un chez vous après une soirée, ou lui vous ramène. Sur le moment, tout semble ok. Mais une fois arrivée, vous réalisez que vous n’avez plus envie. Là, les pensées défilent. “Et s’il s’énerve ?”, “Et s’il me force ?”, “Il est plus fort que moi…”. Dire “non” devient un risque, donc on finit par dire “oui”, juste pour éviter une situation potentiellement dangereuse parce qu’on a déjà entendu toutes ces histoires de viol qui ont commencé comme ça, et puis on te dira pourquoi tu es venue chez lui ou l’as invité chez toi ? Combien de femmes ont déjà ressenti cette pression à “ne pas décevoir”, à ne pas être celle qui va “casser l’ambiance” ou risquer une dispute qui va peut-être durer des heures avec son partenaire ? 

Ce trouble dans le consentement soulève une question plus large : jusqu’à quel point le consentement est vraiment la responsabilité des femmes ? Dire « oui » ou « non », etc., ok, mais on oublie que les rapports de domination se jouent ici. La notion de danger est ressentie différemment, et la pression aussi. J’en viens donc à penser qu’on devrait plus voir le consentement comme un problème d’hommes. Peut-être que la clé serait, pour les hommes, de reconnaître cette dynamique de domination, même subtile, de se rendre compte de leur responsabilité dans l’égalisation du terrain et de créer les conditions du consentement. Un homme qui dit : “Je veux qu’on passe un moment ensemble, mais si tu n’es pas à l’aise, ou n’a plus envie quel qu’en soient les raisons, on peut tout arrêter” change complètement la donne. Il ouvre un espace où le “non” devient aussi simple que le “oui”. Il permet un vrai choix en désamorçant la pression et qu’est-ce que ça rassure. 

C’est peut-être un peu long, je sais, mais en fin de compte, ces fameuses histoires d’”étoile de mer” qu’on a entendue (et parfois même pour certains, racontées) devraient nous pousser à repenser sérieusement la notion de consentement et comment on le met en pratique. Alors, messieurs, avant de vous lancer dans des discours moqueurs sur celles qui semblent “faire la morte” au lit, un petit moment d’introspection pourrait faire du bien. Parce qu’avouons-le, personne ne se laisse tomber comme une étoile de mer quand elle a vraiment envie de s’amuser. Et si cette passivité est là, c’est souvent le signe que les choses ne vont pas si bien, et le viol qui rôde juste à côté

Madame la Présidente

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Lycée Blaise Pascal : Quand déposer ses enfants devient une affaire nationale sur l’axe Camp de Gaulle-Rond-point Charbonnages !

Ah, le fameux axe Camp de Gaulle-Rond-point Charbonnages ! En temps normal, il est déjà assez compliqué à emprunter. Mais dès qu’il est 7h du matin ou 16h30, on dirait que cet axe est devenu la propriété privée du Lycée Blaise Pascal.

Tu passes par là à ces heures-là ? C’est simple : patience, zenitude, et surtout, prépare-toi à te retrouver coincé dans un embouteillage qui n’a rien à envier aux heures de pointe de New York. La cause ? Les parents d’élèves qui viennent déposer ou récupérer leurs petits génies. Eh oui, apparemment, la voie publique est aussi leur parking.

Les parents d’élèves, nouveaux “gendarmes” de la route ?

On dirait bien que sur cette portion de route, les feux de signalisation et les panneaux de priorité ont été remplacés par les clignotants des voitures garées en vrac. Ils se garent en mode “ça va aller” et “je reviens tout de suite“, sans se soucier des pauvres automobilistes qui, eux, doivent continuer leur chemin vers d’autres destinations.

Les voitures se mettent en double file, en triple file parfois (soyons créatifs !), bloquant tout le monde, sans que personne ne semble trouver ça problématique. Mais qui pourrait les blâmer ? Après tout, ils ne font que déposer leurs enfants dans un établissement très prestigieux, n’est-ce pas ? Peut-être même que cet axe leur appartient en partie, qui sait ?

Le stress des automobilistes : « Qui a signé ça ? »

Si tu es un usager lambda qui emprunte cet axe par obligation, bon courage ! En plein embouteillage, tu te demandes sûrement : « Mais, qui a signé ça ? » Tu pourrais penser qu’il y a une intervention des autorités pour réguler tout ça, mais non, chacun fait ce qu’il veut. On croirait que l’axe Camp de Gaulle-Rond-point Charbonnages est devenu une annexe de l’établissement, avec ses propres règles de circulation… ou plutôt l’absence totale de règles !

Et si tu te plains un peu trop, attention ! Tu pourrais bien être regardé de travers. Parce que visiblement, ce n’est pas toi qui as l’urgence de déposer un enfant à l’école. Ton retard au travail ? Tes rendez-vous manqués ? Ça peut attendre. L’essentiel, c’est que Kevin et Marie-Sophie arrivent à l’heure en cours de maths.

Les solutions ? Peut-être un parking VIP pour les parents

Certains automobilistes proposent des solutions (histoire d’arrêter de souffrir). Pourquoi ne pas construire un “parking VIP” spécial parents d’élèves ? Peut-être même avec un service de voiturier ! Ainsi, on libère la route pour les autres usagers. Sinon, peut-être qu’un petit effort de la part des responsables administratifs du lycée et des autorités locales pour réguler tout ce trafic pourrait sauver des vies… ou au moins sauver la patience des automobilistes.

En attendant, bon courage !

Alors, que faire ? Si vous devez passer par là le matin ou l’après-midi, préparez-vous mentalement. C’est devenu un incontournable du quotidien : comme boire un bon verre d’eau, sauf que là, c’est un embouteillage que vous devez avaler !

Espérons qu’un jour, quelqu’un quelque part aura l’idée lumineuse de résoudre ce problème. Mais en attendant, chers automobilistes, sortez votre meilleure playlist et votre dose de patience. Parce que, visiblement, cet axe appartient encore (et toujours) aux parents du Lycée Blaise Pascal.

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Chronique d’un Gabonais au chômage : VIVE SOBRAGA

Il est 13h, le soleil tape fort à Libreville, mais ce n’est pas la chaleur qui pèse le plus. C’est le poids du chômage, cette espèce de mal silencieux qui étouffe les ambitions et rend les jours longs et vides.

Encore un jour sans appel. Encore un jour où le téléphone ne sonne pas pour annoncer cette opportunité tant attendue. Alors, on fait ce qu’on sait faire de mieux : s’occuper l’esprit avec ce qui ne manque jamais, même quand les poches sont vides… une bonne bière fraîche.

Oui, on est “nguémbé, sans un sou, fauchés comme des rats. Mais mystère de la vie gabonaise, on a toujours les moyens de prendre un pot, une dernière pour la route en fin de journée. C’est comme si, dans l’équation du chômage, il y avait toujours un budget secret, réservé à la bière. On peut galérer à payer le loyer, sauter des repas, mais la bière, elle, est inamovible.

Toujours là. Toujours présente. Et comment ne pas la remercier, cette bière salvatrice, fidèle compagnon de l’inactivité imposée ? VIVE SOBRAGA, hein ! Les promotions n’arrangent rien. À chaque fois qu’on se dit “je vais lever le pied”, Sobraga arrive avec ses offres : « 3 bières à kolo, la formule » « Festival de la bière avec des prix hors du commun », et la tentation devient irrésistible.

Le chômage nous fait tourner en rond, et la bière devient la béquille, la pause dans ce cercle infernal d’attente et de promesses non tenues. On se dit qu’on s’en sortira, que cette dépendance n’est que temporaire. “J’arrêterai de boire quand j’aurai trouvé un boulot“, on se rassure ainsi, tout en levant une autre bouteille.

Le pire, c’est qu’on sait. On sait que ce n’est pas la meilleure solution. On sait que cette bière qu’on boit chaque soir avec les amis du quartier ne règle rien. Mais la vérité est que c’est devenu une habitude. Une fuite douce, un refuge collectif. Parce qu’en réalité, cette bière, c’est le seul luxe que beaucoup d’entre nous peuvent encore s’offrir.

Et si demain, Sobraga devait fermer ses portes, c’est probablement là qu’on se lèverait pour protester. Pas quand le chômage frappe, pas quand les factures s’accumulent ou que les promesses d’emploi ne se réalisent jamais. Non, c’est à la fermeture des brasseries qu’on sortirait dans les rues. Parce que, bizarrement, tant que la bière coule, on arrive à oublier le reste. Le chômage ? Oh, ça va s’arranger.

Voilà ce qu’on se dit, au fond du verre. Mais la réalité, c’est qu’entre les promotions de Sobraga et les difficultés du marché de l’emploi, on devient doucement mais sûrement des alcooliques fonctionnels. On se ment à nous-mêmes, croyant qu’on maîtrise la situation. “Je vais arrêter quand ça ira mieux”, on se le répète.

Mais ça, c’est juste un mensonge pour survivre à la dureté du quotidien. Parce que tant qu’on sera dans cette situation, tant que le travail restera un mirage, la bière, elle, restera une certitude. Et c’est bien là le problème. VIVE SOBRAGA, hein…

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La recherche du boulot, quel calvaire !!!

La recherche d’un emploi au Gabon, c’est tellement un calvaire qu’on en rigole, sur Facebook j’ai lu “chercher le travail c’est déjà un travail”. Pour avoir vécu une période creuse pendant près de 15 mois, je peux vous dire que c’est un boulot à perte.

Je m’explique, “Tenue correcte exigée” est là phrase qu’on nous sert devant chaque administration publique et parfois privée, et les vigiles sont souvent les mecs les plus chiants de la terre, tu es donc obligé de te préparer. Il y en a qui vont dévaliser moutouki pour trouver des tenues appropriées. Tu n’as pas d’argent, tu cherches un emploi, mais il faut avoir la gueule de l’emploi donc tu dois te donner de la valeur et mettre les chances de ton côté, quel pays !!

Pour déposer un dossier, on veut que tu sois vêtu comme si tu allais être reçu par Macron et ça c’est juste le style vestimentaire.

Parlons maintenant de la paperasse, en 2024, il existe encore des entreprises qui prennent des dossiers physiques, qui n’ont pas de mail pro ou de mail tout court. Ce qui signifie que pour autant d’entreprises, il faut avoir autant de CV, autant de lettres de motivation, peut-être que les gens ne s’en rendent pas compte mais ça fait un sacré pactole, sans compter les enveloppes et j’en viens, le transport.

Bien que le Centre Ville se rapproche de notre Wall Street, toutes les entreprises n’y sont pas ou plus implantées, certaines ont été délocalisées, BET241 a par exemple trouvé son bonheur après le ballon d’or en allant à Okala. Il y a des entreprises implantées à Nkok, Owendo, Akanda et d’ici quelques années il y en aura au cap. Imaginez comment la poche souffre lorsqu’une entreprise exige qu’on vienne déposer des dossiers physiques à leur siège ; tu dois être à gauche, à droite, en haut, en bas et à la fin, tu n’es même pas appelé.

C’est cette conclusion qui blesse, tu consacres du temps pour refaire un CV, rédiger une lettre (bon, même si on triche avec chatgpt), tu fais un peu de shopping, tu imprimes des documents, tu te déplaces partout dans la ville avec de l’espoir, à la fin, tu n’as même pas une entreprise qui te relance, tu commences à te poser des questions, c’est moi qui suis bête ? Nul? C’est mon CV qui est mauvais ? Ma lettre est mal écrite ? Mon profil n’intéresse personne ? Tu te poses tout ça et tu entres dans une énorme dépression qui ne va pas interpeller le frangin insensible de l’article précédent.

Et après quelqu’un viendra te dire que si tu ne travailles pas c’est parce que tu n’as pas envie, tu ne fais pas assez d’effort .sinon tu aurais trouvé depuis.

Me bi me ne wa gnu.

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GabonOpinion

Népotisme et piston : c’est mauvais jusqu’au jour où ou c’est toi qui en bénéficies

On dit souvent que le développement d’un pays passe d’abord par la mentalité de sa population. Où voudriez-vous qu’on aille lorsque cette dernière est déjà matrixée ou a banalisé certains actes ?

On aime critiquer le népotisme et le piston sur les réseaux sociaux mais personne ne refusera une nomination si son père est au pouvoir, personne ne refusera d’être pistonné pour un poste à responsabilité dans une entreprise et je suis sûr que parmi les lecteurs, si quelqu’un était appelé à former une équipe, il ferait d’abord appel à des proches et personnes de confiance avant de choisir au mérite.

Maintenant que le décor est planté, j’aimerais surtout partager mon ressenti après que le Président de CESE ait nommé tout son village. J’ai constaté que les gens faisaient juste des comparaisons du genre “Quand c’était Ndong Sima ceci, quand c’était Chambrier cela” et on m’a ressorti le fameux “Si c’était toi tu allais faire pareil, arrête de mentir”.

Je vais être honnête avec vous, si j’ai une nomination et je suis appelé à former mon cabinet, je ne vais faire appel à une agence de placement de personnel, je vais bien fouiller dans mon répertoire, relancer un frangin, qui cherchait le travail, puis je verrai du côté de la famille et une fois entouré de mes proches je vais chercher certains profils et je mettrai ma main au feu que toi, oui, TOI QUI EST TRAIN DE LIRE, tu feras pareil. Tes parents sont-ils plus méritants ? Peut-être pas mais certains ont le profil.

Du coup, qu’est ce qui est choquant ? Qu’une personne préfère d’abord fouiller dans son entourage ou parce que ce n’est juste pas vous qu’on a appelé ? Parce qu’en vérité, derrière les dénonciations de népotisme, il y’a des douloureux pro max.

J’ai l’impression que nombreux ne dénoncent népotisme et piston que parce qu’ils n’en bénéficient guère, ils sont triés de partout.

Votre combat est-il noble ou intéressé ?

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GabonHistoire

Chronique d’un Gabonais en entreprise : Tais-toi quand tu parles

Imagine tu es employé dans une des plus grandes entreprises de la place. Pour avoir ce travail, tu es passé par l’UOB, où tu as essuyé quelques échecs parce qu’un prof ne t’aimait pas, car en concurrence avec toi sur une femme, des mauvaises notes dues à ton manque d’assiduité et les années blanches… Tu en sors finalement à 30 ans avec 2/3 enfants de mères différentes et commence à chercher du travail.

Après 3 années à enchaîner les « bricoles », et à rendre des services à Tonton Jean-Claude, ce dernier prend ton cas au sérieux et donne ton dossier à son ami Hilaire, DG de l’entreprise citée plus haut. Et c’est là que tu découvres le monde de l’entreprise gabonaise.

Tu commences à travailler donc normalement. Puis, au bout de quelques mois, tu te rends compte des frappes sont organisées par la Direction. Et tu te rends surtout compte que tout le monde le sait. Les bruits de couloir sont alimentés par ces informations car les processus de détournements même sont connus de tous. Gaspard, un ancien de la boite, t’explique que ça a toujours fonctionné ainsi. Et que personne ne dit rien parce que « C’est leur entreprise oh ! Pardon ! »

D’abord révolté par la découverte, ton sang ne fait qu’un tour mais très rapidement tu te rappelles de la précarité de ta situation. De plus, la dernière fois que quelqu’un a évoqué cette histoire d’argent et de détournement, il a été viré. C’était y a 4 ans et il est toujours sans emploi… Le silence. C’est tout ce que tu as comme option. Parce que tu ne peux pas te permettre de risquer ce job qui nourrit tes enfants, qui paye ton loyer et te permet, si maigre qu’il soit, de te soigner quand nécessaire.

Et chaque jour passant, tu es de moins en moins sensible à ce qui se passe. Tu te demandes même comment tirer partie de ces processus de détournements utilisés par les chefs. Tu te rapproches d’eux et profites de leurs largesses. De toute façon, « c’est leur entreprise » et tu ne peux rien y faire. Tu es résigné… Mais tu veux ta part du gâteau aussi. Après tout, personne n’est là pour souffrir et de toute façon, c’est sans conséquence. C’est ce que tu te dis…

Ceci n’est pas une fiction… Et c’est loin d’être fini.

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GabonOpinion

Ton indifférence face à la violence n’est pas une solution

Je comprends que chacun a son vécu, et je ne veux pas minimiser ton expérience. Tu as grandi dans un environnement où la violence était banale, une triste réalité pour beaucoup d’entre nous dans certains quartiers. Mais je t’écris pour te dire que ce que tu as vécu ne doit pas définir ta réaction aux atrocités que nous voyons aujourd’hui.

Quand tu dis que tu restes indifférent face à des actes de violence, comme un homme qui frappe sa femme ou un parent qui maltraite son enfant, parce que « tu as déjà vu ça », tu dois réaliser que cette indifférence, c’est aussi une part du problème. 

Tu vois, les gens qui s’indignent sur les réseaux sociaux, ce n’est pas juste pour faire du bruit. Ils veulent du changement. Ces discussions, même si parfois elles paraissent futiles, sont souvent à l’origine de réelles mobilisations, d’enquêtes, et même de procès. Tu as entendu parler de ces grandes causes qui ont débuté sur Twitter, n’est-ce pas ? Des dénonciations qui ont amené des coupables devant les tribunaux. C’est ça le pouvoir de la voix collective. Si on reste tous dans nos coins en se disant « ce n’est pas mon problème », eh bien, rien ne changera jamais. 

Dire que « quand un homme bat sa femme, ça ne te fait rien » ou que quand un parent maltraite son enfant, tu trouves ça normal, ce n’est pas juste une opinion. C’est dangereux. C’est toi qui choisis de fermer les yeux sur quelque chose d’injuste, alors que tu sais très bien, au fond de toi, que ça ne devrait pas arriver. Parce que, mani, si on attend que la violence frappe nos proches pour se sentir concernés, alors il sera trop tard.

La guerre en Irak dure depuis des années, mais ceux qui y vivent continuent de vouloir que ça s’arrête. Ils ne disent pas que c’est devenu normal juste parce qu’ils y sont habitués. Nous ne devons jamais nous résigner face à la violence ou à l’injustice.

Alors frangin, je t’invite à réfléchir à une chose : ton silence ne te protège pas. Ça ne protège pas non plus les victimes. Et en vérité, ça ne fait que renforcer les injustices. Nous avons tous le devoir de réagir, même quand cela ne nous touche pas directement. Parce que ce que tu juges comme normal aujourd’hui pourrait affecter quelqu’un que tu aimes demain.

Être insensible à la douleur des autres ne rend pas la société plus forte, bien au contraire, ça nous affaiblit tous. Ensemble, en prenant position, on peut changer les choses.

J’espère que ce message atteint le cœur de la personne, et qu’elle prendra le temps de réfléchir à la gravité de son indifférence. Si tu ne veux pas aussi, je m’en fous.

Je te dis tout