Auteur/autrice : La Redac

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Ce n’est pas toujours un shade — Biais cognitifs, identification et projection

Il y a quelques jours, j’ai publié un texte. Un parmi tant d’autres. Mais dans les minutes qui ont suivi, des réactions ont surgi : “C’est un shade, on sait de qui tu parles.” Peut-être. Peut-être pas. Et c’est justement cette certitude, souvent hâtive, qui mérite d’être interrogée.

Sur les réseaux sociaux — Twitter en tête — on a pris l’habitude de chercher qui est visé. Comme si chaque mot publié était une balle perdue. Pourtant, ce réflexe de traquer la cible cache autre chose : un biais d’identification.

Prenons un exemple simple. Je décris dans un texte une situation où une personne prend la parole publiquement mais agit à l’opposé en privé. Quelqu’un lit ça, pense immédiatement à une figure connue de son cercle ou de l’actualité, et s’écrie : “C’est elle, c’est lui, c’est forcément eux !”

Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que cette impression de reconnaissance vient souvent de soi. Ce n’est pas le texte qui parle d’une personne précise — c’est le lecteur qui projette une personne sur le texte.

Ce phénomène est connu en psychologie : on appelle ça un biais cognitif, notamment un mélange entre biais de confirmation et attribution erronée. On croit reconnaître une personne parce que l’on connaît quelqu’un qui agit à peu près comme ça. Et ça suffit à notre cerveau pour faire un raccourci : “Si ça ressemble, c’est que c’est.”

Mais non. Ce n’est pas si simple.

Ce qu’on prend pour un shade, c’est parfois juste une illustration d’un fait social global.
Quand on parle d’opportunisme, d’hypocrisie, de récupération politique, ce ne sont pas des concepts neufs. Ce sont des dynamiques bien connues, observables ici comme ailleurs.
Le texte ne vise pas forcément quelqu’un — il décrit un phénomène. Et si quelqu’un se sent visé, peut-être que le miroir social fonctionne. Mais ce n’est pas une preuve d’intention.

Il est donc essentiel, surtout dans cette période d’hyper-exposition et de suspicion, d’apprendre à faire la part des choses entre ressenti personnel et réalité objective.
Reconnaître un comportement n’est pas reconnaître une personne. Ce n’est pas parce que “ça lui ressemble” que “c’est lui”.
Et ce n’est pas parce qu’on se sent attaqué qu’on est attaqué.

En fin de compte, nous devons à nous-mêmes — et aux autres — un minimum d’honnêteté intellectuelle : celle d’admettre que parfois, ce que nous croyons lire dans les mots… vient surtout de ce que nous avons en tête.

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Et certains se lèchent les doigts…

Il y a des phrases qui me retournent l’estomac. « Le partage du gâteau » en fait partie. Tout comme ce fameux « si tu m’achètes ça, ça te fait quoi ? ». Ces expressions anodines en apparence cachent une vérité beaucoup plus crue : une vision pourrie du pouvoir, de la gestion publique, de notre vivre-ensemble.

Quand on parle de “partager le gâteau”, on ne parle pas de justice sociale, encore moins de développement collectif. Non. On parle de se partager un butin. Comme si l’État n’était qu’une prise de guerre, un coffre-fort qu’on ouvre après un braquage réussi. Comme si les nominations, les fonctions, les marchés publics, les budgets… n’étaient que des récompenses personnelles. Une affaire de clans. Une affaire de deals.

Mais il faut le dire clairement : le seul partage légitime, c’est celui qui se traduit en écoles ouvertes, en hôpitaux qui fonctionnent, en routes praticables, en services publics accessibles à tous. C’est ça, le vrai gâteau. Et celui-là, on ne le partage pas entre individus, on l’offre au peuple.

Or, dans ce fameux “partage”, 1 Gabonais sur 3 n’est même pas concerné. Oui, 1 sur 3 est pauvre. Et parmi les deux autres, il y en a au moins un qui vit chaque jour avec la corde au cou, tirant le diable par la queue, tout en ayant la tête sous l’eau. Ces gens-là, nos gens, savent-ils seulement qu’il y a un gâteau à partager ? Non. Ils ne sont pas à table. Ils sont trop occupés à se demander ce qu’ils vont manger ce soir.

Et c’est bien ça, le comble.

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Les rois de la sous table

Après le Banquet des Illusions, les rats quittèrent la grande table, repus, le ventre bombé comme s’ils avaient mangé les plats principaux alors qu’ils n’avaient fait que grignoter les miettes tombées par terre.

Mais qu’importe ! Dans leur tête, ils étaient désormais les rois du festin.
« Nous étions au banquet des puissants ! Nous avons mangé à la table du Lion ! » criaient-ils à qui voulait bien les écouter — et surtout à ceux qui n’avaient pas été invités.

Ils avaient tellement bien menti à eux-mêmes qu’ils en avaient oublié qu’ils n’étaient que des rats. Plus aucun ne rampait, non… désormais, ils paradaient ! Un reste de feuille de bananier sur le dos, un bout de ficelle autour du cou, et hop ! Les voilà transformés en chefs d’apparat.

Ils croisèrent un groupe de gazelles, fatiguées mais dignes, toujours en quête de liberté et de justice dans cette savane déséquilibrée.

Les rats, le museau en l’air, les toisaient du regard.
« Vos cornes ne sont pas assez affûtées pour diriger la savane, mesdemoiselles… » lâcha l’un d’eux avec un sourire narquois.
Un autre renchérit : « Le pouvoir se mange avec les dents, pas avec des rêves. »

Les gazelles, surprises, clignèrent des yeux. Elles, qui avaient toujours évité les rats pour éviter les puces, voyaient désormais ces mêmes créatures se donner des airs de rois.

L’une d’elles, plus vive que les autres, s’approcha et dit calmement :
« Mais vous… avez-vous seulement des cornes ? Ou même une colonne vertébrale ? »
Le silence fut long. Même le vent sembla retenir son souffle.

Un vieux caméléon, qui observait la scène depuis une branche, hocha la tête lentement et murmura :
« Il y a ceux qui mangent dans l’ombre, et ceux qui brillent de leur propre lumière. Les rats croient qu’en léchant la sauce, ils deviennent cuisiniers. »

Les gazelles s’éloignèrent, le cœur un peu plus lourd mais l’esprit clair.
Quant aux rats, ils se mirent à répéter cette phrase étrange :
« Nous étions au banquet, nous étions au banquet… »
Mais à force de le répéter, ils finirent par croire que c’était eux qui l’avaient organisé.

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Tisser l’équilibre : Mars, Vénus et l’avenir du Gabon

Quand je réfléchis à ce qui fait avancer les individus ou les nations, je vois deux forces distinctes, mais inséparables : une énergie d’action, de courage, de rupture, celle de Mars ; et une autre, plus douce, faite d’écoute, de lien et d’harmonie, celle de Vénus.

L’élan de la rupture

Ces deux dynamiques, loin de s’opposer, se nourrissent mutuellement. Leur équilibre, fragile et vivant, est au cœur de toute transformation durable, qu’il s’agisse de nos vies personnelles ou d’un pays comme le Gabon, où la victoire de Brice Oligui Nguema à l’élection présidentielle du 12 avril 2025 avec 94.85 % des voix, incarne ce défi.

Mars : la force en action

La victoire d’Oligui Nguema est un symbole puissant de l’énergie martienne. Après avoir renversé la dynastie Bongo en 2023, il a promis de redonner espoir à un Gabon riche en pétrole, mais où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. À Libreville, les célébrations dans les rues, relayées sur les réseaux sociaux, montraient une ferveur presque tangible : des klaxons, des danses, une vague d’enthousiasme pour un homme perçu comme un bâtisseur, prêt à secouer un système entier. Cette force – celle de trancher, de réformer, de construire – est essentielle. Elle porte l’ambition de nouvelles infrastructures, d’une économie diversifiée, d’un pays qui ne repose plus seulement sur l’or noir. C’est l’élan d’un peuple qui veut tourner la page.

Vénus : le souffle de l’unité

Mais cette énergie, aussi puissante soit-elle, ne suffit pas seule. Les critiques de l’opposition, comme celles d’Alain Claude Bilie-By-Nze, qui a dénoncé un scrutin opaque, rappellent une vérité : aucun changement ne dure s’il ignore les voix discordantes. Vénus, c’est cette capacité à écouter, à fédérer, à soigner les fractures d’une société marquée par des décennies d’inégalités. Le Gabon a besoin de réformes audacieuses, mais aussi de gestes qui touchent le quotidien : des écoles équipées, des hôpitaux fonctionnels, des opportunités pour une jeunesse qui rêve grand. Je pense à des initiatives comme les centres numériques, évoquées récemment dans des discussions sur l’accès à l’éducation. Ces projets, modestes en apparence, peuvent tisser des liens, donner aux jeunes de Port-Gentil ou de Franceville les outils pour se connecter au monde. C’est Vénus qui transforme une vision en un projet partagé.

Une navigation permanente

Cette idée d’équilibre résonne aussi dans ma propre expérience. J’ai souvent été tenté de foncer tête baissée, porté par une idée ou une ambition, en oubliant parfois de m’arrêter pour écouter ceux autour de moi. Une fois, dans un projet collectif, j’ai poussé pour imposer une direction qui me semblait évidente, mais j’ai vite vu les limites : sans l’adhésion des autres, le résultat manquait de vie. J’ai appris à mieux naviguer entre l’élan de l’action et la patience du dialogue. Au Gabon, cet équilibre est tout aussi crucial. Oligui Nguema a une chance historique, mais son succès dépendra de sa capacité à marier la force des réformes à l’attention portée aux besoins de tous. Les richesses du pays doivent irriguer les écoles, les villages, les espoirs de la jeunesse, et non se perdre dans les circuits d’une élite.

Ce qui me marque, c’est que cet équilibre n’est jamais acquis. C’est un mouvement, une danse entre deux forces qui se répondent. Pour le Gabon, comme pour chacun de nous, il s’agit d’apprendre à avancer avec audace tout en restant ancré dans l’écoute, de bâtir avec force tout en prenant soin des liens qui nous unissent. C’est peut-être dans cette tension, dans cet art de l’ajustement, que se dessine un avenir qui ne sacrifie ni l’ambition ni l’humanité.

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L’humain a-t-il perdu son humanité ?

Il y a un jour ou deux, je suis tombée sur un post qui disait que l’une des voitures transportant des membres de l’équipe de campagne d’un des candidats à la présidentielle avait fait un accident. La voiture avait l’air tellement amochée…

Face à cela, je me suis rendue dans les commentaires pour en savoir plus, savoir si les personnes impliquées s’en étaient sorties.

À ma grande surprise, les gens en commentaires se réjouissaient de cette situation. Ils étaient contents, pour la plupart, tout simplement parce qu’ils comptent voter pour un autre candidat que celui à qui appartient cette équipe.

Je ne suis pas très politique — j’en parle d’ailleurs très peu — mais j’ai du mal à comprendre comment des humains peuvent se réjouir du malheur d’autres êtres humains par pure divergence d’opinion. C’est juste… incroyable !

Quand je croyais avoir tout vu, hier soir, je tombe sur un autre post. Celui-ci montrait un jeune artiste gabonais avec de graves brûlures provoquées par de l’eau bouillante. Je me suis demandé : « A-t-il braqué ? Tué ? Violé ? » — bien que, soyons clairs, aucune de ces raisons ne justifie qu’on fasse du mal à quelqu’un.

J’ai ensuite lu qu’il serait instable mentalement, et qu’il aurait simplement dormi sur la terrasse d’une voisine. Cette dame, en le voyant au réveil, a jugé bon de lui verser de l’eau bouillante… pour le “réveiller”.

Plus choquant encore : en partageant ce post, beaucoup de personnes se moquaient ou trouvaient que la dame avait bien fait.

Alors je pose cette question : à quel moment allons-nous retrouver un minimum d’empathie ?

J’ai l’impression que depuis l’arrivée des réseaux sociaux — et encore plus avec la génération Z — ce qui compte désormais, ce sont les likes, les partages, les commentaires. Peu importe ce que l’autre peut ressentir, peu importe les conséquences… tant que ça fait du buzz, ça passe.

On ne peut pas éduquer tout le monde à avoir de l’empathie ou à respecter la vie d’autrui, mais on peut continuer à jouer aux gendarmes. Recadrer quand c’est nécessaire, sensibiliser, et surtout, ne pas participer au cyberharcèlement.

Parce qu’au final, notre silence ou notre inaction peuvent nous rendre complices.

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Quand le chantage électoral devient un sport national

À l’approche de l’élection présidentielle, un étrange virus semble se propager à vitesse grand V dans le pays : le chantage électoral. Non, ce n’est pas une épidémie importée ni une mutation génétique. C’est du 100 % made in Gabon.

Une espèce de fièvre qui pousse certains citoyens, entre deux files d’attente à la caisse du Trésor Public, à brandir leur carte d’électeur comme une grenade dégoupillée : « Si tu ne me donnes pas ce que je veux, je vote contre toi. ».

Le dernier épisode de cette tragi-comédie nationale a eu pour décor le Trésor Public. Des agents publics, apparemment fatigués de faire la cour à leur propre rappel salarial, ont décidé de hausser le ton. Mais pas en invoquant la justice sociale ou la responsabilité de l’État. Non, ça c’est trop ringard. Eux, ils sont passés à l’étape supérieure : le chantage politique. « Rendez-nous nos sous sinon on vote Billie-By-Nze ! » Une déclaration plus percutante qu’un slogan de campagne.

L’ironie, c’est que dans cette République en pleine refondation, où l’on aspire à « un nouveau départ », certains citoyens pensent encore que leur bulletin de vote est un jeton de casino qu’ils peuvent troquer contre des faveurs immédiates. Une prime, une route, un poste, ou un rappel impayé, tout est bon pour transformer l’élection en marché de dupes.

Soyons clairs : le vote n’est pas une faveur que l’on accorde à celui qui a le chéquier le plus fourni. C’est un acte civique. Un engagement pour l’avenir. Une responsabilité. Voter en échange d’un avantage personnel, c’est comme construire une maison sur du sable en espérant qu’elle tienne pendant la saison des pluies.

Le chantage électoral est un cancer démocratique. Et comme tout cancer, il commence petit : un murmure dans une file d’attente, une menace entre collègues, un soupir devant un écran de télé. Puis il se propage. Il gangrène les consciences. Il normalise l’idée qu’on peut troquer le destin collectif contre un intérêt personnel.

Ce comportement est d’autant plus inquiétant que l’élection présidentielle ne concerne pas uniquement ceux qui ont des rappels à percevoir ou des factures à éponger. Elle concerne les retraités sans pension, les jeunes en quête d’avenir, les agriculteurs oubliés de la politique, les enfants qui n’ont pas encore l’âge de voter mais qui en subiront les conséquences pendant les sept prochaines années. En résumé : tout le pays.

Alors, chers compatriotes, à tous ceux qui s’improvisent vendeurs de bulletins ou marchands d’influence, un petit rappel et pas celui du Trésor : votre voix n’a pas de prix. Elle a une valeur. Et cette valeur, c’est celle du pays que vous voulez léguer. Si vous votez pour le plus offrant, ne vous étonnez pas que demain, ce même “offrant” transforme vos droits en options payantes.

Oui, la frustration est légitime. Oui, réclamer ce qui vous est dû est une exigence normale. Mais non, on ne règle pas ses comptes dans les urnes en menaçant de voter pour « l’autre camp » comme on choisit un plat au restaurant parce que le serveur a tardé à vous répondre.

Le Gabon mérite mieux. Il mérite des citoyens exigeants, pas des électeurs en solde.

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Vote contre billets ou vote pour ta vie ?

Vous soutenez un candidat, vous le suivez, vous scandez son nom, vous relayez ses slogans… jusqu’au jour où il n’y a plus d’argent, plus de gadgets, plus de kits alimentaires. Là, comme par magie, l’engagement s’effondre. La conviction s’évapore. Et vous menacez de donner vos voix à « quelqu’un d’autre ». N’importe qui. Pourvu qu’il paie.

Quel pays, oui. Mais surtout : quels électeurs !

Quand avez-vous décidé que votre avenir valait un tee-shirt et un paquet de riz ? À quel moment avez-vous accepté d’être réduits à des bœufs qu’on mène à l’abattoir électoral à coups de billets sales et de dons intéressés ? Les élections sont une arme, un levier, un outil de transformation. Un rendez-vous crucial où l’on ne joue pas seulement à la politique : on décide de son pain quotidien, de l’école de ses enfants, de la route qu’on empruntera demain, ou du courant qu’on n’aura toujours pas dans deux ans.

Et vous ? Vous attendez des goodies.

Chaque période électorale, c’est la même scène grotesque. Des foules prêtes à vendre leur voix à celui qui donne le plus. Pas celui qui promet des réformes crédibles. Pas celui qui propose un projet pour la nation. Non. Celui qui arrose le mieux. Et demain, quand le prix du pain grimpe, quand l’hôpital vous ferme ses portes, quand les promesses s’envolent, vous criez au scandale ? Soyez sérieux.

Il est temps de vous réveiller. De voter en conscience. De lire, d’écouter, de comparer. Pas d’applaudir celui qui distribue des sacs de riz mais celui qui vous parle comme à des citoyens. Le vote, ce n’est pas un troc. C’est un engagement. Ce n’est pas une aumône. C’est un pouvoir.

À force de voter pour ceux qui vous achètent, ne vous étonnez plus d’être gouvernés par ceux qui vous méprisent.

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L’heure est à la décision. Encore une fois.

On nous demande de voter. De “faire notre part”.
Comme si cette part n’avait pas déjà été mille fois trahie par ceux-là mêmes qui la réclament aujourd’hui.

Mais toi…
Toi, pour quoi tu votes ?

On parle beaucoup des kounabelistes.
Ceux qui ont renoncé. Ceux qui ne se battent plus pour les idées, mais pour la survie.
Ils échangent leur dignité contre une enveloppe. Leur bulletin contre un plat de riz. Ils appellent ça du réalisme. Et rient de ceux qui rêvent encore.

Mais on parle moins de ces familles bien installées dans le système.
Celles pour qui le vote n’est pas un choix politique, mais une dette familiale.
On ne vote pas pour un projet.
On vote pour ne pas être celui qui a trahi, celui qui a tourné le dos quand “la famille avait besoin”. Peu importe que l’élu soit un voleur. Au moins, il pense à nous. Il partage les miettes de ses milliards.

On parle encore moins de ces jeunes sans repères, qui n’ont plus que des exemples corrompus à imiter.
Ils savent que ces gens volent. Ils le disent. Mais ils veulent faire pareil.
Parce qu’ils ont compris que dans ce pays, c’est souvent le vice qui gagne. Et que le mérite ne paie plus.

Et puis il y a ceux dont on ne parle jamais.
Ceux qui voient leurs libertés grignotées, jour après jour.
Ceux qui ont des convictions, mais aucune option.
Pris en étau entre des candidats qui ne leur ressemblent pas.
Ils ne veulent pas choisir entre la peste et le choléra. Mais on leur dit qu’ils doivent choisir. Pour la paix. Pour la stabilité. Pour la forme.

Et maintenant, il y a cette nouvelle diversion :
La guerre des diplômes.
Une guerre de classes déguisée, où l’on méprise celui qui a étudié.
On entend : “Les intellectuels ont fait quoi ?”, comme si comprendre le système rendait complice.

Et s’il faut reconnaître que des générations de hauts cadres diplômés ont failli,
mettre leur échec sur le dos du diplôme reste une stupidité sans nom.

La vérité, c’est que là où on parle de diplôme, ce sont toujours les mêmes qui se partagent le gâteau.
Les riches veulent rester riches, et ils sont prêts à tout pour le rester.
Mais croyez-moi : le moins nanti qui rêve d’avoir sa place… rêve aussi d’y rester à vie.

Ce n’est donc ni une question de diplôme,
ni même une question de classe.
Le vrai combat, c’est celui de la probité.
De cette valeur que beaucoup revendiquent mais que très peu incarnent.

On se bat pas contre des noms.
On se bat contre un imaginaire rongé.
Contre des générations d’arrangements, de renoncements, d’habitudes et de silences qui nous étouffent.

Et quand on essaie de rappeler les faits, de remettre un peu de clarté dans le brouillard,
on nous oppose des slogans, des postures, des réflexes conditionnés.
Mais non :
ce n’est pas parce qu’un homme parle bien qu’il ment.
Et ce n’est pas parce qu’un autre parle mal qu’on doit lui donner le bon Dieu sans confession.

Alors une dernière fois :
Toi… pour quoi tu votes ?

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Fake it till you make it !

Nous observons actuellement une mobilisation croissante des agents des Forces l’ordre pour démanteler des réseaux de revente de drogues, de stupéfiants, etc. D’un autre côté, les adeptes des placements, ces femmes/filles dont les secrets étaient cachés autrefois, sont désormais connues. On sait, on voit, mais on ne parle pas seulement, chacun porte son gaz !

Tout ceci est louable, mais y’a un petit souci. Pourquoi personne ne se demande pourquoi beaucoup de jeunes trempent dans ces choses-là ? Ou on aime juste dire qu’on aime l’argent facile ?

Parce que beaucoup cherchent, beaucoup veulent travailler, mais où ?

Étant une femme, dans beaucoup de familles, quand tu as déjà le bac, et même souvent avant, tes parents estiment qu’ils ont assez fait, tu es livrée à toi-même !

Nous ne sommes pas en Europe. Il n’y a pas d’alternances, pas de job étudiant, pas de job saisonnier connu de tous. Partout c’est le piston !

Fake it till you make it.

C’est très souvent un mauvais conseil, mais je vais vous le donner aujourd’hui car ça marche pour moi. Je ne vous demande pas non plus d’être des Anna Delvey, mais sachez jouer vos cartes !

« Offre d’emploi : recherche assistante de direction sachant manier l’outil informatique. »
Postule !!! Si tu es retenue, tu vas dormir devant les tutos YouTube et tu apprendras !

« Tu sais saisir un document ? » Oui !!! Ensuite tu vas te documenter et essayer d’apprendre.

Y’a pas de boulot, donc on va tous mentir et apprendre sur le tas !

Il m’arrive que des clients me demandent d’élaborer un planning éditorial. Je suis community manager et non social media manager. Mais lorsqu’on me demande si je sais le faire, je dis oui, et toute la nuit je vais apprendre, poser des questions aux autres du domaine.
On ne peut plus se permettre de juste rester assis et attendre que la chance nous sourit, ça n’arrivera pas !

Tout le monde se bat pour avoir une place au soleil, tu n’es le Messi de personne pour que le soleil vienne à toi !

Néanmoins, une fois que vous avez trouvé une source de revenus, formez-vous ! C’est très bien d’apprendre sur le tas, mais se former, c’est toujours important. En plus, lorsque la formation est certifiante, ça vous donne plus de poids devant votre employeur.

Oser, se former et se bouger, c’est ce que nous devrions tous faire parce que personne ne le fera à notre place.

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Et tout à coup, ils devinrent apolitiques

Il fut un temps, pas si lointain, où certains d’entre vous étaient des références en matière d’analyse politique. Rien n’échappait à votre œil aguerri : les décisions du gouvernement, les dérapages des membres du PDG, les comportements douteux des uns et des autres. Vous exigiez un pays nouveau, un pays juste, un pays où la morale guiderait enfin l’action publique. Vous étiez l’arme ultime contre l’hypocrisie et la compromission. Mais ça, c’était avant.

Aujourd’hui, vous êtes devenus amnésiques. Pire, vous êtes devenus apolitiques. Ce qui était une abomination hier est une « réalité complexe » aujourd’hui. Ce que vous combattiez avec ferveur est maintenant une “nuance” que vous expliquez avec des pirouettes linguistiques. Tout ça pourquoi ? Parce que, subitement, ce n’est plus l’ennemi qui agit ainsi, c’est votre ami, votre cousin, votre voisin, votre mentor.

Hier encore, vous étiez les hérauts de la transparence, de l’équité et de la déontologie. Vous scrutiez les moindres faits et gestes des politiques comme un professeur vérifiant une copie truffée de fautes. Mais aujourd’hui, quand les mêmes erreurs sont commises par vos proches, vous avez soudainement perdu la vue. Vous ne voyez plus rien, vous n’entendez plus rien, vous ne dites plus rien, vous ne tweetez plus rien.

Lorsque les partisans du PDG adoptaient une telle attitude envers leur leader, on les accusait de cultiver des comportements archaïques. Mais désormais, la complaisance a changé de camp, et les justifications pleuvent comme des feuilles mortes en saison sèche. Au final, respectons les choix politiques de chacun et ne cultivons pas la dictature de la pensée unique. Ils doivent bien rire de vous, ceux que vous critiquez autrefois.

Votre indignation était-elle sincère ou juste une posture ? Vos combats d’hier étaient-ils un engagement ou un prétexte pour mieux occuper le terrain politique jusqu’à ce que les vôtres soient en place ? Le changement que vous prêchiez, était-il un vrai projet ou juste un slogan de campagne ?

Le problème, ce n’est pas seulement que vous avez changé d’avis. C’est que vous devenez ce que vous dénonciez. À force de fermer les yeux sur les travers de votre camp, vous cautionnez ce que vous condamn(i)ez. À force de justifier l’injustifiable, vous transformez votre combat en comédie.

La vérité, c’est que si vous êtes honnêtes avec vous-mêmes, vous savez que vous avez trahi vos propres convictions. Mais il n’est jamais trop tard pour revenir à l’essentiel : ce n’était pas une question de personnes, mais de principes. Ce n’était pas une lutte contre un parti, mais contre un système. Ce n’était pas une question de qui est au pouvoir, mais de comment on l’exerce.

Alors, réveillez-vous. Rappelez-vous pourquoi vous vous êtes levés un matin avec la conviction qu’il fallait du changement. Ne laissez pas l’amitié, la parenté ou l’opportunisme détourner votre boussole morale. Parce que sinon, vous aurez juste été un de plus dans cette longue liste de militants saisonniers, ceux qui s’indignent un jour et se taisent le lendemain. Et franchement, le pays a déjà assez de girouettes comme ça, on devrait songer à investir dans l’énergie éolienne.

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