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Les pages gabonaises et la promotion du cyberharcèlement

Au Gabon, qui veut peut. Une personne lambda, fatiguée par la routine imposée par le chômage et la SEEG, entre coupures de courant et recherche de 1 000 FCFA pour une formule de bières, peut facilement se lever et créer une page.

Nous sommes heureux pour eux : au moins, ils ont un passe-temps en attendant qu’on réponde à leurs « J’ai l’honneur… ». Mais le problème, c’est que ces pages, qui à la base se présentent comme des plateformes destinées à promouvoir la culture gabonaise, la femme gabonaise, ou à mettre en avant les entrepreneurs et organismes locaux, dévient de leur objectif. Un matin, on y trouve la photo d’une influenceuse ou d’un influenceur « dans la sauce », ou encore celle d’un artiste en situation compliquée.

Récemment, le cas de l’influenceuse congolaise Dachi, victime de revenge porn (et qui n’est même pas gabonaise), a fait le tour de ces pages. Une page censée promouvoir la beauté et la culture du pays a relayé son histoire, poussant les internautes à participer à un lynchage déjà en cours sur TikTok. Dans ce genre de cas, la victime finit très souvent dénigrée ou ridiculisée.

Le pire, c’est que parfois, les personnes ciblées n’ont absolument rien fait. La danseuse Laumonie en est un parfait exemple. Cette jeune femme n’a rien fait, si ce n’est danser, comme elle le fait depuis longtemps sur TikTok. Mais son succès a déplu à certains internautes, et elle a fini par subir un cyberharcèlement injustifié.

Le cyberharcèlement tue. Ce n’est pas une blague, ce n’est pas « juste un post drôle ». C’est mille personnes qui publient des contenus « drôles » pour dénigrer quelqu’un. C’est de l’acharnement, et cela pousse au suicide.

Les gossips et les moqueries ont toujours existé. C’est même la niche de certains créateurs de contenus ou blogueurs. Mais il est temps d’arrêter de normaliser le cyberharcèlement, simplement pour récolter des likes, des partages et des commentaires. Ces pages exposent des personnes, puis jouent les étonnées lorsque celles-ci sont insultées et oppressées.

Le harcèlement n’est pas normal, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire. C’est cruel, et il faut en être conscient. Un jour, une personne fragile mettra fin à ses jours, et vous en porterez une part de responsabilité.

Je te dis tout

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Quand les Gabonais ne sont pas assez bons pour l’État

Tu es tranquille pour toi dans ton coin en train de chercher les marchés à la loupe et là tu lis dans les médias que le gouvernement est en train de vouloir digitaliser les services publics. On ne peut que se réjouir d’une telle nouvelle quand on est une jeune entreprise locale qui opère dans le milieu. On se dit que c’est l’opportunité de faire un peu de chiffres et peut-être manger à sa faim désormais. Peut-être quitter chez les parents qui supportent nos projets depuis qu’on a décidé de se lancer… Mais niet ! Les Gabonais ne sont pas assez bons pour le Gabon.

Comment expliquez-vous qu’après avoir payé des bourses à des étudiants dans des domaines comme les technologies de l’information, par exemple, l’Etat lui même snobe ses propres rejetons pour aller chercher des expertises qui existent localement en dehors du pays ? C’est à n’y rien comprendre. Pourquoi payer pour la formation de personnes qu’on ne veut pas utiliser ? Nous avons plusieurs entreprises dans la digitalisation des services qui ont du mal à joindre les 2 bouts faute de contrats. Non pas qu’elles soient incompétentes mais le parcours du combattant qui leur est imposé n’a simplement pas de sens. 

Déjà, je me rappelle de l’appel d’offres pour la Banque pour le Commerce et l’Entrepreneuriat du Gabon (BCEG) qu’on a pu voir sur les réseaux sociaux :

  • L’offre n’a été disponible que pendant 1 jour au public… On dirait qu’elle a été supprimée après
  • Il fallait soumissionner dans le délai d’une semaine 
  • Aucun cahier de charges n’a été fourni
  • Ils n’ont même pas pris la peine de répondre aux emails envoyés

Voilà déjà les conditions de travail en partant. Ceux qui ont déjà répondu à un appel d’offres savent le travail que ça demande. Parfois il faut même régulariser sa situation en tant qu’entreprise (c’est faisable en 1 semaine en général). Et finalement, il faut constituer le dossier de candidature qui comporte en général : une solution technique, une solution financière ainsi qu’une description de votre entreprise. Le dernier est le plus simple. Toute entreprise sérieuse a forcément une description de ce qu’elle fait. Pour les 2 autres éléments, il faut TRAVAILLER. Et croyez-moi, 2 jours ce n’est pas suffisant DU TOUT

Une fois cela dit, lorsqu’il y a des appels d’offres, certains sont critères sont clairement discriminants pour nos jeunes entreprises.  « L’entreprise a déjà réalisé ce type de solution pour un gouvernement : 20 points » 🫠 En gros, on nous demande d’être des entreprises d’envergures internationales alors que la plupart d’entre nous est jeune et juste au niveau de startup nationale qui n’arrive pas à décoller à cause de carnets de commandes vides. Comme pour les BTP, et aussi pour des questions de sécurité évidente, le Gouvernement devrait privilégier les entreprises locales

L’utilisation d’une application développée à l’étranger, c’est un cas que l’on connait bien dans certains ministères :

  • L’application ne matche pas avec l’utilisation qu’on en fait localement
  • Elle nécessite des modifications coûteuses qu’il faudra maintenir
  • Elle est susceptible de diverger de sa version de base et de devenir ingérable par le fournisseur
  • On observe une augmentation des risques d’Anomalies + un temps de correction forcément plus grand car les ressources ne sont pas sur place
  • Le fournisseur n’est pas toujours transparent sur les processus. J’ai vu une fois une application mise à jour pendant qu’on travaillait dessus. Puis crasher parce que la mise à jour avait échoué.

L’impact sur le travail ? On se retrouve avec des usagers qui ne comprennent rien à l’application pour laquelle la formation (souvent chère) ne peut-être faite qu’avec des formateurs qui sont moins disponibles. La prise en main est donc longue et parfois déléguée aux Informaticiens alors qu’elle est réservée à des Administrateurs (problème de sécurité là aussi). Concernant les coûts, on ne va pas se mentir. J’ai vu des applications facturées des MILLIARDS où une entreprise gabonais ne demandait pas le 1/5e. Inquiétant. 

Tout ça pour dire, je ne sais pas si c’est un problème de compétences réellement ou un manque de confiance entre nous mais avec des entreprises comme CAPAY, POSI, et j’en passe, il y a moyen de confier certains projets aux Gabonais en toute confiance SI au lieu de donner les marchés aux petits copains incompétents, on essayait de voir qui réellement réalise ses projets de bout en bout. Donnez-nous notre chance, on n’est pas pire que les autres. 

Je te dis tout