Digital

DigitalGabonServices

cnamgs.ga, On est sur le bon chemin !

La semaine dernière, dans un de nos fameux groupes WhatsApp, j’ai vu un message transféré qui parlait du site de la CNAMGS. Un peu dubitatif au début, je me suis penché finalement dessus dès que j’ai eu un peu de temps et j’ai été plutôt agréablement surpris en terme d’apparence… Mouais !

Déjà, avoir la CNAMGS en service dématérialisé et accessible à distance, on peut dire que c’est un confort dont les Gabonais avaient besoin. Éviter les longues files d’attente, et parfois même des voyages pour ceux qui étaient en province. Voici donc un acte salutaire pour le Gabonais Normal que je suis et qui a la nécessité du service.

Qu’est-ce qui est bien ? Le site que vous pouvez retrouver à l’adresse cnamgs.ga est en .ga. C’est vrai que la plupart des sites de l’administration le sont mais l’utilisation de cette extension pour les sites gabonais de manière générale n’étant pas très populaire, ça fait toujours chaud au cœur d’en voir. Ouais, je fais mon chauvin, un peu. Bref, je suis sur le site et là… Sobriété, simplicité

Peu d’éléments sur la page d’accueil :

  • La top bar est propre et va à l’essentiel : logo, contact, bouton vers eCNAMGS. Petit bémol : l’icône de téléphone pour un message « Laissez-nous un mail » prête à confusion. Une enveloppe serait plus appropriée. Mais dans l’ensemble, c’est cohérent et fonctionnel. C’est probablement l’élément le plus réussi du site.
  • Le menu est lisible et compréhensible dès le premier coup d’œil. La section « Assurés » présente un message descriptif suivi de liens directs vers les prestations disponibles. C’est efficace. Cependant, le design du menu pourrait être amélioré : hiérarchisation visuelle, espacement, et mise en valeur des éléments actifs. Une meilleure structuration aiderait à la navigation.
  • La bannière semble être là par convention, sans réelle utilité. Pourtant, elle pourrait mettre en avant des informations importantes ou proposer des appels à l’action vers des pages clés. En UX, réduire le nombre de clics nécessaires est essentiel. Une bannière bien pensée pourrait améliorer l’expérience utilisateur.

Sans entrer dans le détail de chaque page, on sent vite que le site n’est pas très riche. Les pages sont souvent légères, peu chargées en contenu, et ne répondent clairement pas à toutes les questions d’un usager. C’est un vrai manque, surtout pour une structure censée informer et accompagner.

Il y a aussi un problème de cohérence dans le design : certaines pages sont bien construites, avec des éléments graphiques enrichis, pendant que d’autres donnent l’impression d’un simple copier-coller depuis Word. Ce contraste nuit à l’expérience globale et donne une impression de travail inachevé.

Autre souci récurrent : de nombreux liens sont morts ou non cliquables, ce qui casse complètement la navigation. La barre de recherche ne semble pas fonctionner — un vrai frein quand on cherche une info précise.

Le footer n’est pas toujours “collé” en bas de l’écran quand la page est courte. Il flotte au milieu, ce qui casse l’harmonie visuelle et donne une impression de vide ou de travail bâclé. Un petit détail, certes, mais en UI, ces petits détails comptent dans la perception de qualité.

En somme, tout cela donne l’impression que le site est encore en chantier. Et c’est dommage, car sur ce genre de plateforme publique, l’information bien structurée est la clé pour inciter les gens à faire leurs démarches en ligne, depuis chez eux.

Cela dit, petit point positif : même si tous les services ne sont pas encore disponibles, ceux qui le sont semblent bien fonctionner. C’est déjà ça.

C’est un bon début, mais c’est loin d’être la fin.

Je te dis tout

CommunicationDigitalGabonOpinion

Le Gabon des Services : Trois piliers qui vacillent

Au Gabon, l’expérience des services est souvent une épreuve, une véritable odyssée où le client, loin d’être roi, se retrouve relégué au rang de simple figurant. Contraint de subir les caprices et les dysfonctionnements des prestataires, le gabonais normal ne sait jamais vraiment à qui rapporter les manquements qu’il subit.

Qu’il s’agisse d’entreprises privées, parapubliques ou d’entités étatiques, le constat est unanime : le non-respect de la clientèle est monnaie courante, et l’impunité semble régner en maître. Cette indifférence envers les usagers se manifeste à travers une panoplie de désagréments, allant de l’absence de ponctualité, à la négligence des consignes de sécurité les plus élémentaires, en passant par l’inexistence des « Services après-vente » ou « service client » et le comportement désagréable des opérateurs.

Pilier I : Le Client, l’éternel subissant.

On parle souvent du comportement des gens dans les Administrations (Ministères et Directions Générales), les Restaurants et les Compagnies Aériennes, mais je pense qu’on oublie trop souvent les « sauvageons » (si vous me le permettez) qui sont au Port-môle.

Je suis récemment partie en voyage professionnel à Port-Gentil. Mon assistante s’étant chargée de l’achat de mon billet de bateau, lorsque je l’ai reçu, j’ai remarqué l’heure de la convocation surlignée en jaune, 05h45. Soucieuse de ponctualité, parce que c’est une forme de respect envers moi-même et autrui, et surtout parce que j’espérais un enregistrement rapide et le choix d’une place stratégique, je me présente au port à 05h30, un dimanche matin. Je précise le jour de la semaine pour que vous mesuriez la rareté des moyens de transport à pareille heure.

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que le départ n’était en réalité planifié que pour 11h40. En gros, le billet avait été mal renseigné, bien qu’il comportait toutes les informations du trajet Libreville – Port-Gentil, il tenait compte des horaires du trajet Port-Gentil – Libreville. J’ai tenté de le faire constater aux agents présents de la compagnie qui m’ont répondu sur un ton bien « qu’en a-t-on à foutre ??? » bien « tu gaz !!! » qu’en fait « vous auriez dû savoir qu’aucun bateau ne part de Libreville à l’heure-là. »… J’ai ravalé ma colère en attendant de pouvoir embarquer.

Mais l’absurdité ne s’arrête pas là. Non seulement l’heure du billet était erronée, mais le navire n’est arrivé au Port de Libreville qu’à 14h47. L’embarquement s’est fait une quinzaine de minutes plus tard. Ce sont donc des heures d’attente vaines, une journée sans rien manger pour éviter le mal de mer et une matinée entière sacrifiée pour un bateau qui, après un premier voyage, n’a visiblement subi aucun contrôle avant d’entamer le second.

Cette anecdote est un exemple criant du mépris pour le temps et le confort du client, transformant un simple déplacement facturé au prix d’une âme, en une épreuve de patience et d’incertitude.

En parlant du prix d’une âme, je veux comprendre… A l’époque on pouvait aller à Port-Gentil avec des billets allant de 17000 à 25000 FCFA, puis la COVID-19 a frappé et les prix ont flambé jusqu’à 40-50000 FCFA parce que les places étaient limitées, on a accepté. Mais depuis que le phénomène COVID-19 est fini là, les prix ne reviennent plus à 25000 ??? Sachant que les navires vieillissent, que les contrôles sont zappés et qu’on ne peut pour la plupart du temps jamais demander de remboursement ??? Bref !

Pilier II : L’Etat, le policier endormi.

Au-delà de la frustration engendrée par ces retards et ces informations erronées, mon expérience met en lumière une problématique bien plus grave : le survol des consignes de sécurité.

Je vous rassure, aucun incident n’a été répertorié, mon voyage a été long mais s’est bien achevé. Mais la « déformation professionnelle » m’oblige à m’interroger… Comment un bateau voué au transport de personnes peut-il effectuer un deuxième voyage sans subir de réels contrôles après le premier ? Le contrôle d’un navire consiste-t-il simplement à cocher les cases d’une checklist monotone ou peut-il être effectué correctement en moins d’une quinzaine de minutes ? Ou est-ce que ce contrôle n’est pas nécessaire vu qu’il n’est effectué qu’en interne et qu’aucune structure externe n’a de droit de regard dessus ? Mais, bon il fallait rattraper le retard, donc, on peut survoler la feuille de contrôle, mba ???

Cette négligence flagrante soulève de sérieuses interrogations quant à la maintenance des équipements, la vérification des normes de sécurité et la qualification du personnel, mais encore et surtout l’inactivité, l’impuissance ou le manque d’implication d’entités telles que l’OPRAG ou la Marine Marchande. Dans un contexte où les activités économiques priment souvent sur la sécurité des personnes, les conséquences peuvent être dramatiques.

Le scandale d’Esther Miracle résonne encore douloureusement dans les mémoires gabonaises. Ce drame, qui a coûté la vie à de nombreux passagers, est une illustration tragique des dangers inhérents à ce laxisme ambiant. Il a révélé au grand jour les défaillances systémiques en matière de sécurité maritime, de l’état des embarcations à la surcharge, en passant par l’absence de gilets de sauvetage ou leur obsolescence. L’indignation publique qui a suivi n’a malheureusement pas toujours suffi à instaurer des changements durables et radicaux dans les pratiques. L’Etat dort !

Pilier III : Le Fournisseur de Services, l’arrogant intouchable.

Les fournisseurs de Services jouent souvent sur l’état de somnolence des entités étatiques censées les superviser. Cette impunité encourage la médiocrité des services et perpétue un cycle de frustration et de mécontentement.

Les prestataires de tous bords, toutes activités confondues, semblent opérer dans une zone de non-droit où la responsabilité est diluée et les recours, quasi inexistants. Mais un facteur aggravant majeur dans le contexte gabonais est l’omniprésence du monopole, ou du quasi-monopole, dans des secteurs vitaux.

Cette absence de concurrence anesthésie toute incitation à l’amélioration de la qualité. Pourquoi s’efforcer d’offrir un service irréprochable quand le client n’a pas d’autre choix ? Prenons des exemples concrets qui parlent à tous les Gabonais :

  • Les coupures d’électricité et d’eau sont monnaie courante, parfois sans préavis ni explication. Les factures, elles, continuent d’arriver, souvent salées, même en cas de service défaillant. Le client, captif, ne peut pas se tourner vers un autre fournisseur, et les réclamations se heurtent souvent à un mur d’indifférence ou des procédures judiciaires longues et trop chères pour Un Gabonais Normal.
  • L’accès aux soins de qualité est un défi, Il n’y a qu’à se rendre dans les structures hospitalières publiques pour constater que quelque chose (si ce n’est plus) ne va pas. Manque de matériel, personnel insuffisant ou démotivé, délais d’attente interminables… La confiance du public est érodée, poussant ceux qui en ont les moyens vers les cliniques privées, tandis que d’autres subissent une offre de santé précaire.
  • Le transport ferroviaire, souvent le seul moyen de transport pour relier certaines régions le train (on pourrait dire l’avion aussi) est également sujet à des retards chroniques, des pannes inopinées, des déraillements et une qualité de service qui laisse à désirer. Là encore, l’absence d’alternative crédible confère une position de force au prestataire, sans que cela ne se traduise par un engagement envers l’usager.

Ce monopole crée une arrogance chez les fournisseurs de services. Ils savent que les clients dépendent d’eux, et cette certitude se traduit par une légèreté inacceptable quant à la qualité offerte.

Les services publics et privés du Gabon semblent fonctionner selon leur propre logique, sans véritable prise en compte des besoins et des attentes des usagers. Il est temps que les autorités gabonaises prennent des mesures concrètes pour améliorer la qualité des services et garantir la sécurité des usagers. Les citoyens méritent mieux que d’être traités comme des secondes catégories, subissant les caprices et les négligences de leurs prestataires.

Cela passe par une redéfinition des cahiers des charges, des mécanismes de contrôle efficaces et, si possible, l’encouragement d’une saine concurrence là où c’est envisageable. Une véritable révolution dans la gestion des services est nécessaire pour que le Gabon puisse enfin offrir à ses habitants et à ses visiteurs un niveau de service digne de ce nom.

A l’heure de « l’essor vers la félicité » il est temps pour le Gabon des services de passer d’un modèle où le client subit à un modèle où ses droits sont respectés et sa sécurité assurée.

Je te dis tout

DigitalGabon

Digitalisation de l’administration : et si, pour une fois, c’était sérieux ?

Depuis des années, on parle de numérique au Gabon. On en parle beaucoup. Et on gesticule pas mal aussi. Mais c’est la première fois qu’un ministre ose mettre les pieds dans le plat : digitaliser tous les services administratifs.

Et franchement, en tant qu’entrepreneur local, j’apprécie.

C’est peut-être un nouveau souffle pour notre économie. Peut-être. Mais au moins, on va enfin dans la bonne direction.

Je me souviens encore, à mon arrivée dans l’administration, de ce qu’on me disait quand je parlais de dématérialisation :
« Hum… Jamais tu ne pourras faire ça, c’est le mangement de quelqu’un. »
Traduction : le désordre profite à quelqu’un.

Car digitaliser, c’est aussi suivre le circuit de l’argent. Automatiser. Laisser des traces. En clair, ça court-circuite les pratiques bien rodées de la corruption ordinaire.

Et ça, c’est gênant pour certains.

Le Gabon, mouroir des talents.

Il faut le dire clairement : cette digitalisation agit aussi comme une bouffée d’oxygène pour la santé mentale de nos développeurs.

Pendant trop longtemps, les “informaticiens” — pourtant formés au développement — ont été cantonnés à des tâches absurdes :
Faire de la lecture fonctionnelle sur des solutions achetées à prix d’or.
Remplacer des cartouches d’encre.

Oui, cinq ans d’études pour devenir prestataire de photocopieur ou assistant d’éditeur étranger.

Résultat : les compétences s’érodent, les vocations meurent, et ceux qui arrivent à exercer leur métier le font souvent sur des outils obsolètes, imposés par des logiques d’achat sans vision technique.

Alors oui, cette dynamique actuelle, si elle est sincère et structurée, pourrait enfin redonner de la valeur à nos talents — et éviter qu’ils continuent de fuir ou de se faner à petit feu.

Mais ne nous emballons pas trop vite.

Comme mentionné plus tôt, cette transition ne pourra réussir sans un accompagnement solide et de vraies formations.
Nos équipes doivent être mises à niveau sur les technologies actuelles, non seulement pour produire des solutions de qualité, mais aussi pour en limiter les risques.

Imaginez une application censée gérer les cartes nationales d’identité, mais construite sans les bases minimales de sécurité…
Ce serait une catastrophe.

Il faudra aussi des moyens techniques, humains et financiers, sans quoi cette belle ambition restera une vitrine vide — une de plus.

Tout ce que j’espère, c’est que cette énergie soit utilisée à bon escient.
Que ce ne soit pas une énième flamme qu’on souffle avant qu’elle ne prenne.

D’autres ont essayé… On a vu.

Mais restons confiants. Parce que cette fois, il y a peut-être une vraie chance d’écrire une nouvelle page.

Je te dis tout

DigitalGabon

ChatGPT, mon accélérateur de productivité

Depuis quelques semaines, j’ai intégré ChatGPT à mes tâches quotidiennes au travail. Mon employeur a pris une licence pro pour l’équipe, histoire de tester notre efficacité avec ce nouvel outil. Et franchement ? Disons-le clairement : si TikTok est un accélérateur de tendances, ChatGPT est un accélérateur de productivité.

Dit comme ça, on dirait presque une phrase toute faite. Mais ce que j’ai vécu ce week-end dépasse clairement ce genre de punchline.

Un samedi, un projet, zéro budget

Je suis développeur. Et c’est plus qu’un métier, c’est une vraie passion. Ce samedi, plutôt que de sortir (je suis fauché comme les blés), j’ai décidé d’apprendre quelque chose de nouveau. J’ai ouvert mon carnet à idées, et j’ai choisi un projet perso.

L’idée ? Créer un service à destination des Gabonais, voire des Africains… Mais j’en parlerai plus tard. Pour exploiter ce service, il me fallait une interface où les utilisateurs pourraient saisir leurs informations.

Petit souci : je sais faire du front, mais ce n’est pas ma spécialité. D’habitude, dans le cadre de mon activité en freelance, je fais appel à un expert pour ça. Mais là, j’ai voulu relever le défi moi-même.

Maquettes, code, et assistant IA

Je me suis souvenu d’un post vu sur Twitter (oui, Twitter, pas “X”) : quelqu’un montrait comment ChatGPT pouvait transformer une maquette en HTML/CSS. J’aurais pu aller sur Dribbble ou Pinterest, mais j’aime bien les challenges. Direction Figma.

Une heure plus tard, j’avais trois écrans designés. Et j’ai utilisé mon compte perso ChatGPT (pas la version Pro, hein), avec ses limitations. Je lui ai envoyé mes maquettes pour qu’il me les transforme en code.

Résultat ? En quelques secondes, j’avais un premier rendu fonctionnel. Bon, pas parfait — certains éléments étaient mal placés — mais 80% du travail était fait. J’ai corrigé ce qui clochait, puis renvoyé le code corrigé à ChatGPT pour qu’il s’appuie dessus pour les maquettes suivantes.

La deuxième vue ? Réalisée avec à peine deux ou trois ajustements à faire. La troisième ? Codée directement par ChatGPT à partir d’une description textuelle enrichie. Et là, j’ai carrément pu produire une dizaine de pages PHP/HTML/CSS/JS en une après-midi. Ce même travail m’aurait pris trois jours minimum sans aide.

Un cours à la demande

Mais ce n’est pas tout. Pendant que je lisais le code, je posais des questions à ChatGPT sur ses choix techniques. Il me répondait, me formaît. Je me suis même tapé un cours complet sur la propriété flex de CSS. Résultat : la maquette du dimanche, je l’ai codée entièrement seul, sans aide.

Quand travailler devient un kiff

En deux jours, j’ai monté tout le front de mon projet, sans galérer. J’ai appris. J’ai gagné du temps. J’ai progressé. Et le plus fou ? À la fin, ChatGPT m’a même listé les étapes restantes pour finaliser mon projet. C’était motivant. Presque trop : j’avais du mal à m’arrêter tant le travail avançait vite.

Conclusion ?

TikTok inspire, ChatGPT exécute. L’un te montre ce qui buzze. L’autre t’aide à concrétiser tes idées.

Et moi ? J’ai gagné un week-end, un projet qui avance à fond, et un sentiment de productivité que je n’avais pas ressenti depuis longtemps.

Je te dis tout

DigitalÉconomieGabon

La Digitalisation au Cœur des Enjeux du Financement du Développement Post-Transition

Du 17 au 18 Mars 2025, j’ai eu l’honneur de participer aux Assises Nationales sur le Financement du Développement Post-Transition au Gabon, organisées par le Ministère de l’Économie et des Participations en partenariat avec le PNUD.

Durant ces deux jours d’échanges intenses, ministres, agences des Nations Unies, hauts cadres de l’administration et chefs d’entreprises ont unanimement souligné l’importance cruciale de la digitalisation dans ce processus de transformation économique.

Le numérique représente un levier stratégique pour le développement, d’autant plus que le Gabon dispose déjà d’atouts majeurs : une infrastructure numérique en place, une forte pénétration du digital parmi la population et un réseau de fibre optique déployé sur l’ensemble du territoire. Toutefois, des défis subsistent, notamment la nécessité de construire un datacenter national pour assurer le stockage et la sécurisation des données.

Une Politique Digitale Aggressive pour un Nouveau Modèle Économique

Le Ministre Mark Doumba l’a bien résumé : “Nous n’avons pas d’autre choix que de faire d’autres choix.” Dans cette optique, il est impératif que le gouvernement adopte une politique digitale ambitieuse afin de développer une industrie des services performante, à l’image du modèle rwandais avec Irembo. Cette dynamique a déjà été amorcée à travers le programme Gabon Digital soutenu par la Banque Mondiale. Un projet structurant est en cours : la mise en place d’un identifiant unique pour chaque citoyen et résident étranger. Cet identifiant constituera la pierre angulaire d’un écosystème interconnecté entre les administrations, facilitant la gestion des données liées à l’état civil, l’éducation, l’emploi, les cotisations sociales, les crédits, les assurances et les pensions.

Au-delà de la modernisation administrative, la digitalisation est un catalyseur essentiel pour la transition d’une économie de rente vers une économie de production. L’adoption généralisée des paiements électroniques offrirait une traçabilité des transactions, et l’État doit l’imposer à tous les commerces, renforçant ainsi la capacité des banques à évaluer les risques et à financer les PME. Toutefois, l’absence de structuration financière représente un obstacle pour ces entreprises. La création d’un Centre de Gestion Agréé au sein de la Chambre de Commerce, comme proposé par le Directeur Général de l’ANPI, serait une solution efficace pour accompagner les PME dans leur gestion comptable et financière.

Optimisation des Recettes Fiscales et Réduction de la Corruption

Le financement du développement repose d’abord sur l’optimisation des recettes avant le recours à l’endettement. La digitalisation permettrait une meilleure gestion des ressources fiscales et une transparence accrue, limitant ainsi les risques de corruption. De même, pour les petites entreprises et les ménages, des mécanismes de financement adaptés doivent être mis en place afin de favoriser leur inclusion économique.

Dans cette perspective, l’État doit créer un environnement propice aux affaires en levant les contraintes administratives, en remboursant la dette domestique et en encourageant une politique pro-business axée sur l’entrepreneuriat. L’exemple du Nigeria montre que le développement de champions nationaux est possible avec une approche stratégique, comme l’illustrent des figures emblématiques telles qu’Aliko Dangote, qui a bâti un empire industriel avec sa cimenterie et aujourd’hui sa raffinerie, ou encore Tony Elumelu, PDG de UBA, qui incarne l’entrepreneuriat africain moderne. Malheureusement, au Gabon, nous n’avons pas encore assez mis en avant ces success stories et pourtant nous avons des exemples. Des figures telles que M. Bikalou (Petrogabon), M. Kouakoua (Mika Services) et Henri Claude Oyima (BGFI) ont démontré qu’avec une bonne structuration, il est possible de mobiliser des financements à travers le système bancaire.

Un Financement Inclusif pour les Petites Entreprises

Enfin, il est essentiel de penser aux plus petites entreprises en leur offrant des mécanismes de financement adaptés. Des fonds d’amorçage doivent être mis en place par des institutions telles que la CDC, le FGIS, Okoume Capital et la SGG (pour la garantie), et former ces entrepreneurs sur la gestion à travers des incubateurs. L’expérience pilote menée par COMILOG avec les microfinances a prouvé l’efficacité d’un tel dispositif : sur un fonds de 2 milliards FCFA, une centaine de projets ont été financés et il reste encore 700 millions FCFA disponibles.

Le Gabon a l’opportunité de se transformer en un véritable hub digital en Afrique centrale. Pour cela, nous devons faire de la digitalisation une priorité absolue, en soutenant l’innovation, en simplifiant les procédures administratives et en développant un cadre financier inclusif pour tous les acteurs économiques. Ce n’est qu’à travers cette synergie entre technologie, gouvernance et entrepreneuriat que nous pourrons bâtir une économie durable et compétitive.

Le défi est grand, mais l’opportunité est immense. Ensemble, accélérons la transformation digitale du Gabon !

Mouhamed SANNI, Chef d’entreprise

Je te dis tout

CommunicationDigitalGabonOpinion

Chroniques d’un optimiste en voie d’extinction

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai essayé pourtant. Je me suis installé, carnet en main, prêt à chanter les louanges de mon beau pays. J’ai commencé par l’électricité, mais au moment où j’écrivais “nous avançons vers une stabilité énergétique“, le courant a sauté. Silence total. J’ai attendu, le ventilo s’est arrêté, la chaleur s’est installée. Trois heures plus tard, toujours rien. Un voisin a crié “Mettez nous même les groupes, allumez !” et j’ai compris qu’il fallait abandonner l’idée d’un pays électrifié en continu. J’ai griffonné dans mon carnet : Nous sommes passés de l’énergie renouvelable à l’énergie intermittente. C’est une transition écologique… forcée.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler des opportunités pour les jeunes. À la télé, on nous dit que le chômage baisse, que l’économie se porte mieux, que les entreprises recrutent. Puis, j’ai croisé mon cousin, master en poche, qui fait des livraisons à moto. “Faut bien manger, hein !” m’a-t-il lancé avant de repartir sous la pluie, casque à moitié cassé. J’ai aussi pensé à mon ami qui a envoyé 100 CV et n’a reçu que des refus polis, ou pire, un silence radio. Alors j’ai noté : Les jeunes ont des diplômes, des compétences et de l’ambition. Il ne leur manque plus qu’une chose : un pays qui leur donne leur chance.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler de la santé. Je suis allé à l’hôpital. À l’entrée, des files d’attente interminables. J’ai vu une femme enceinte attendre des heures, un vieil homme allongé sur un banc, faute de lit disponible. La pharmacie n’avait plus les médicaments nécessaires, mais “on peut vous aider si vous avez quelqu’un en ville pour les acheter en pharmacie privée“. Et si t’es fauché, que tu crèves en silence ? J’ai noté : On dit que la santé n’a pas de prix… Mais ici, elle a un coût, et tout le monde ne peut pas se l’offrir.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler de l’amour. Mais le goumin m’a rattrapé. Elle est partie. Pourquoi ? “Tu n’as pas de projet”, “Les temps sont durs”, “Un homme doit être stable“. J’ai repensé aux loyers exorbitants des faux agents immobiliers qui réclament leur fameux “100% de commission” avant même que tu signes un bail. J’ai aussi pensé à l’inflation, au prix du poisson qui a triplé, aux légumes qui coûtent une fortune, et aux “commérages financiers” dans les couples. J’ai écrit : L’amour, c’est beau. Mais sans argent, c’est juste une relation d’amitié avec des obligations.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler des routes. Puis j’ai pris un taxi et me suis retrouvé coincé dans un embouteillage monstre. Pourquoi ? Parce qu’une autorité a décidé de bloquer une route pour son passage. On voit arriver des motards sifflant comme des policiers en plein marathon, des agents de sécurité nerveux, et une file de voitures climatisées roulant à toute vitesse pendant que nous, pauvres mortels, transpirons sous un soleil impitoyable. J’ai noté : Ici, les routes sont à tout le monde. Mais certains sont plus “tout le monde” que d’autres.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

J’ai voulu parler de la liberté d’expression. Puis j’ai vu un gars critiquer une situation sur Facebook. Deux jours plus tard, il était porté disparu. On apprend plus tard qu’il “collabore avec la justice“. En clair, il est au ngata. J’ai effacé ce que je voulais écrire et noté : Ici, la liberté d’expression est un mythe. Si tu veux parler, assure-toi d’avoir un bon avocat.

J’aimerais bien écrire des choses positives, mais je ne peux pas écrire ce que je ne vis pas.

Alors, peut-être qu’un jour, je pourrai enfin écrire un article joyeux. Peut-être qu’un jour, mon stylo tracera des lignes où l’espoir ne sera pas une blague. Peut-être qu’un jour, je cesserai d’avoir l’impression d’écrire un recueil de plaintes.

Mais pour l’instant, la lumière vient de s’éteindre. Le réservoir d’eau est vide. Mon cousin cherche un autre boulot. Une femme a encore été tuée.

Et moi, je me demande si l’optimisme n’est pas un sport extrême réservé aux inconscients.

Je te dis tout

DigitalGabonOpinion

Les pages gabonaises et la promotion du cyberharcèlement

Au Gabon, qui veut peut. Une personne lambda, fatiguée par la routine imposée par le chômage et la SEEG, entre coupures de courant et recherche de 1 000 FCFA pour une formule de bières, peut facilement se lever et créer une page.

Nous sommes heureux pour eux : au moins, ils ont un passe-temps en attendant qu’on réponde à leurs « J’ai l’honneur… ». Mais le problème, c’est que ces pages, qui à la base se présentent comme des plateformes destinées à promouvoir la culture gabonaise, la femme gabonaise, ou à mettre en avant les entrepreneurs et organismes locaux, dévient de leur objectif. Un matin, on y trouve la photo d’une influenceuse ou d’un influenceur « dans la sauce », ou encore celle d’un artiste en situation compliquée.

Récemment, le cas de l’influenceuse congolaise Dachi, victime de revenge porn (et qui n’est même pas gabonaise), a fait le tour de ces pages. Une page censée promouvoir la beauté et la culture du pays a relayé son histoire, poussant les internautes à participer à un lynchage déjà en cours sur TikTok. Dans ce genre de cas, la victime finit très souvent dénigrée ou ridiculisée.

Le pire, c’est que parfois, les personnes ciblées n’ont absolument rien fait. La danseuse Laumonie en est un parfait exemple. Cette jeune femme n’a rien fait, si ce n’est danser, comme elle le fait depuis longtemps sur TikTok. Mais son succès a déplu à certains internautes, et elle a fini par subir un cyberharcèlement injustifié.

Le cyberharcèlement tue. Ce n’est pas une blague, ce n’est pas « juste un post drôle ». C’est mille personnes qui publient des contenus « drôles » pour dénigrer quelqu’un. C’est de l’acharnement, et cela pousse au suicide.

Les gossips et les moqueries ont toujours existé. C’est même la niche de certains créateurs de contenus ou blogueurs. Mais il est temps d’arrêter de normaliser le cyberharcèlement, simplement pour récolter des likes, des partages et des commentaires. Ces pages exposent des personnes, puis jouent les étonnées lorsque celles-ci sont insultées et oppressées.

Le harcèlement n’est pas normal, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire. C’est cruel, et il faut en être conscient. Un jour, une personne fragile mettra fin à ses jours, et vous en porterez une part de responsabilité.

Je te dis tout

DigitalGabon

Quand les Gabonais ne sont pas assez bons pour l’État

Tu es tranquille pour toi dans ton coin en train de chercher les marchés à la loupe et là tu lis dans les médias que le gouvernement est en train de vouloir digitaliser les services publics. On ne peut que se réjouir d’une telle nouvelle quand on est une jeune entreprise locale qui opère dans le milieu. On se dit que c’est l’opportunité de faire un peu de chiffres et peut-être manger à sa faim désormais. Peut-être quitter chez les parents qui supportent nos projets depuis qu’on a décidé de se lancer… Mais niet ! Les Gabonais ne sont pas assez bons pour le Gabon.

Comment expliquez-vous qu’après avoir payé des bourses à des étudiants dans des domaines comme les technologies de l’information, par exemple, l’Etat lui même snobe ses propres rejetons pour aller chercher des expertises qui existent localement en dehors du pays ? C’est à n’y rien comprendre. Pourquoi payer pour la formation de personnes qu’on ne veut pas utiliser ? Nous avons plusieurs entreprises dans la digitalisation des services qui ont du mal à joindre les 2 bouts faute de contrats. Non pas qu’elles soient incompétentes mais le parcours du combattant qui leur est imposé n’a simplement pas de sens. 

Déjà, je me rappelle de l’appel d’offres pour la Banque pour le Commerce et l’Entrepreneuriat du Gabon (BCEG) qu’on a pu voir sur les réseaux sociaux :

  • L’offre n’a été disponible que pendant 1 jour au public… On dirait qu’elle a été supprimée après
  • Il fallait soumissionner dans le délai d’une semaine 
  • Aucun cahier de charges n’a été fourni
  • Ils n’ont même pas pris la peine de répondre aux emails envoyés

Voilà déjà les conditions de travail en partant. Ceux qui ont déjà répondu à un appel d’offres savent le travail que ça demande. Parfois il faut même régulariser sa situation en tant qu’entreprise (c’est faisable en 1 semaine en général). Et finalement, il faut constituer le dossier de candidature qui comporte en général : une solution technique, une solution financière ainsi qu’une description de votre entreprise. Le dernier est le plus simple. Toute entreprise sérieuse a forcément une description de ce qu’elle fait. Pour les 2 autres éléments, il faut TRAVAILLER. Et croyez-moi, 2 jours ce n’est pas suffisant DU TOUT

Une fois cela dit, lorsqu’il y a des appels d’offres, certains sont critères sont clairement discriminants pour nos jeunes entreprises.  « L’entreprise a déjà réalisé ce type de solution pour un gouvernement : 20 points » 🫠 En gros, on nous demande d’être des entreprises d’envergures internationales alors que la plupart d’entre nous est jeune et juste au niveau de startup nationale qui n’arrive pas à décoller à cause de carnets de commandes vides. Comme pour les BTP, et aussi pour des questions de sécurité évidente, le Gouvernement devrait privilégier les entreprises locales

L’utilisation d’une application développée à l’étranger, c’est un cas que l’on connait bien dans certains ministères :

  • L’application ne matche pas avec l’utilisation qu’on en fait localement
  • Elle nécessite des modifications coûteuses qu’il faudra maintenir
  • Elle est susceptible de diverger de sa version de base et de devenir ingérable par le fournisseur
  • On observe une augmentation des risques d’Anomalies + un temps de correction forcément plus grand car les ressources ne sont pas sur place
  • Le fournisseur n’est pas toujours transparent sur les processus. J’ai vu une fois une application mise à jour pendant qu’on travaillait dessus. Puis crasher parce que la mise à jour avait échoué.

L’impact sur le travail ? On se retrouve avec des usagers qui ne comprennent rien à l’application pour laquelle la formation (souvent chère) ne peut-être faite qu’avec des formateurs qui sont moins disponibles. La prise en main est donc longue et parfois déléguée aux Informaticiens alors qu’elle est réservée à des Administrateurs (problème de sécurité là aussi). Concernant les coûts, on ne va pas se mentir. J’ai vu des applications facturées des MILLIARDS où une entreprise gabonais ne demandait pas le 1/5e. Inquiétant. 

Tout ça pour dire, je ne sais pas si c’est un problème de compétences réellement ou un manque de confiance entre nous mais avec des entreprises comme CAPAY, POSI, et j’en passe, il y a moyen de confier certains projets aux Gabonais en toute confiance SI au lieu de donner les marchés aux petits copains incompétents, on essayait de voir qui réellement réalise ses projets de bout en bout. Donnez-nous notre chance, on n’est pas pire que les autres. 

Je te dis tout