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Le marché de l’emploi au Gabon : Que de Rêves Brisés

Au Gabon, la quête d’un emploi est souvent une véritable épopée semée d’embûches. Pour nombre de jeunes professionnels, elle se solde par des rêves brisés. Derrière chaque curriculum vitae se cachent des aspirations profondes, des sacrifices, des années d’études et de travail acharné, ainsi que l’espoir sincère d’une carrière épanouissante. Malheureusement, la réalité du marché du travail gabonais peut rapidement transformer ces rêves en de profondes désillusions.

Il y a de fortes chances que beaucoup d’entre vous se souviennent d’une vidéo devenue virale. Celle que j’ai postée sur tous mes réseaux sociaux le 22 septembre 2023 – une date que je garde gravée en tête, haha – alors que je venais de démissionner. Je criais de toutes mes forces : « Je suis au chômage !!! », alors que j’étais encore sur le pas du portail de mon ancien employeur. Si beaucoup m’ont félicitée, d’autres se sont étonnés de me voir célébrer ce nouveau statut avec autant d’entrain. Pourtant, près de deux ans plus tard, et bien que je n’avais ni projets ni solution de rechange à l’époque, je ne regrette absolument pas mon choix.

Comme moi, beaucoup de jeunes ont commencé leur parcours professionnel avec l’excitation de rejoindre une entreprise de renom, un idéal longuement nourri. Je ne citerai aucun nom aujourd’hui – je n’ai pas d’argent pour me prendre un avocat – mais quand j’ai commencé dans le monde du transport d’hydrocarbures, l’entreprise que j’ai quittée en 2023 était mon rêve. Je voulais tellement l’intégrer pour y apprendre et la faire profiter de ma petite expérience. Quand après avoir entendu mes échos, ils ont fini par me proposer un emploi, le rêve est devenu réalité… Mais il a très vite viré au cauchemar. Environnement de travail toxique, harcèlement moral, propos dégradants et racistes, pression excessive, manque de reconnaissance. Ai-je encore besoin de vous dire que les conséquences sur ma santé mentale ont été lourdes ??? Si lourdes que j’ai fini par développer une véritable phobie du travail.

Pendant les six mois que j’ai fait au chômage, je ne parvenais ni à postuler spontanément, ni même à répondre à des appels à candidature sans en avoir l’esprit retourné. Le travail, cette activité censée apporter sécurité et épanouissement était devenue une source d’angoisse profonde.

Après de telles épreuves, se reconstruire est un défi. On cherche un nouveau départ, une entreprise qui semble « raisonnable » à première vue. On espère y trouver un refuge, un lieu où l’on pourra enfin s’épanouir, mettre de l’argent de côté, se projeter. Pourtant, même dans ces contextes, les difficultés organisationnelles quotidiennes peuvent étouffer toute tentative d’épanouissement. Un manque de clarté dans les rôles, une surcharge de travail, une communication interne défaillante, ou encore une absence de perspectives d’évolution peuvent transformer un environnement de travail a priori sain en un lieu de stagnation, voire de régression.

À ces défis s’ajoute une problématique encore plus insidieuse : celle de la rémunération. Dans de nombreuses entreprises gabonaises, le versement des salaires est loin d’être une certitude à la fin du mois. Les retards sont monnaie courante, plongeant les employés dans une précarité financière constante. Pire encore, le salaire est parfois utilisé comme un véritable moyen de pression par les employeurs, brandi comme une épée de Damoclès pour exiger une obéissance aveugle, une disponibilité sans limite, ou pour dissuader toute contestation des conditions de travail. Cette instrumentalisation du revenu essentiel à la survie de chacun est non seulement inacceptable, mais elle accentue la vulnérabilité des travailleurs, les privant de toute marge de manœuvre et de dignité.

À un moment, je me suis dit que c’était peut-être moi le problème, outrée par ce que je vis depuis bientôt une dizaine d’années que je suis diplômée. Les entreprises que j’ai fréquentées se trouvent être pires les unes que les autres, et ce n’est pas faute d’avoir cherché mieux, c’est juste qu’il ne semble avoir que ça… Mais je suis certaine que si tu vis au Gabon, que tu y travailles depuis quelques années, tu peux toi aussi raconter ton histoire en utilisant mes mots. Beaucoup n’osent pas, ils se taisent de peur de perdre leur bout de pain, de n’avoir plus rien, parce que de toute façon, « On va encore faire comment ? »… Face à ces abus et ces injustices, les recours sont rares et souvent inefficaces. L’Inspection du Travail, censée être le garant du respect du Code du Travail, se révèle bien souvent impuissante ou partiale. La Fonction Publique ne recrute pas, enfin, si… mais il faut être bien né. Avoir un parent, un oncle par alliance ou un bon grand des bons petits pour se voir octroyer un poste au sein d’une administration publique.

Et c’est dans ces conditions que parallèlement, un discours récurrent émane de l’État : celui qui reproche aux jeunes Gabonais de s’expatrier ou ceux partis étudier à l’étranger, particulièrement en Occident, de ne pas revenir au pays. On les exhorte à mettre leurs compétences au service de la nation. Cependant, ce reproche sonne creux lorsque l’on constate qu’aucune mesure concrète n’est mise en place pour les accueillir et les intégrer dignement à leur retour. Qu’il s’agisse de l’accès à l’emploi, de la valorisation de leurs diplômes ou de la création d’un environnement propice à l’innovation, le vide est flagrant. Taxis, tricycles et box de commerce semblent être la solution ultime pour nos dirigeants… Et détrompez-vous, pour avoir fait plein de petits boulots pendant toutes les années où je recherchais du travail, je sais qu’il n’y a pas de sots métiers. Mais je suis aussi persuadée que peu de ceux qui, après avoir investi des années et des ressources considérables dans leur formation, se retrouvent face à ces seules propositions peuvent s’en satisfaire.

Comment peut-on blâmer quelqu’un de ne pas revenir quand le pays ne lui offre ni perspectives ni sécurité ?

Ces expériences répétées forgent une réalité où l’emploi n’est plus synonyme de croissance personnelle et professionnelle, mais plutôt de survie. Les compétences acquises se fanent, l’enthousiasme initial s’éteint, et la passion pour le métier s’effrite. Les rêves de contribution significative, d’innovation et de progression se heurtent à un mur de contraintes structurelles, de gestions parfois archaïques, et d’un environnement légal qui ne protège pas toujours les plus vulnérables.

On nous taxe de paresseux ; il semble qu’aucun de nous ne veuille travailler ou n’aime le faire. Mais comment parvenir à aimer travailler quand on subit du harcèlement, quand le salaire n’arrive pas, ou quand ledit travail ne permet pas de maintenir sa santé, celle des personnes à sa charge, ou sa dignité ? Il est temps de se poser les bonnes questions et de chercher à redonner espoir à cette jeunesse gabonaise pleine de potentiel. Comment transformer ce tableau sombre en une opportunité de croissance et d’épanouissement pour tous ? La réforme des pratiques de gestion, l’investissement dans des environnements de travail sains, la mise en place de mécanismes efficaces pour le paiement des salaires, un réel plan d’intégration pour les diplômés de la diaspora, et une Inspection du Travail impartiale et accessible à tous sont des étapes cruciales pour panser ces rêves brisés et en forger de nouveaux, plus solides et plus prometteurs.

La Fière Trentenaire 😘

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Rêves brisés, talents exilés : quand le Gabon oublie ses enfants

Il y a des histoires qu’on n’écrit pas dans les livres, mais qu’on porte en silence dans les regards fatigués. Celle d’un juriste devenu journaliste, d’un étudiant devenu vigile. D’un ingénieur devenu livreur. D’un médecin devenu vendeur ambulant. Pas par manque de compétence. Mais parce qu’un jour, le pays qu’ils aimaient leur a gentiment demandé de rentrer… sans jamais vraiment les accueillir.

On les appelle la “diaspora”, comme si ce mot suffisait à justifier l’exil. Des jeunes, brillants, formés dans les meilleures universités, qui rentrent chez eux pleins d’espoir, les bras chargés de projets, le cœur gonflé de patriotisme. Et qui trouvent… des portes closes. Pas de postes. Pas de soutien. Pas même une chaise où s’asseoir pour expliquer ce qu’ils peuvent apporter.

Alors ils font ce que beaucoup font dans le silence : ils se “cherchent“. Ils acceptent ce qu’ils trouvent. Ils deviennent multitâches dans un pays où la survie est un sport de haut niveau. Parce qu’au-delà du diplôme, il faut affronter les coupures d’électricité qui paralysent les idées, les délestages d’eau qui sapent la dignité, les routes défoncées qui cassent les reins et les espoirs. Et puis il y a les taxes… imposées même aux rêves en gestation.

Il y a une violence invisible dans tout cela. Une violence qui fait qu’un pharmacien gère aujourd’hui une buvette. Qu’un enseignant brillant conduit un taxi pour nourrir sa famille. Et pendant qu’il fait ça, il prend peut-être la place d’un autre, quelqu’un qui aurait pu faire ce métier avec fierté, mais qui lui non plus, n’a pas eu le choix.

Il faut en parler. Parce que derrière chaque reconversion imposée, il y a un sacrifice. Derrière chaque talent parti, un vide. Derrière chaque retour manqué, un pays qui perd une chance de se reconstruire.

On ne généralise pas. Il y a des réussites, oui. Des jeunes qui entreprennent, qui innovent, qui changent les choses à leur échelle. Mais même eux, ils rament. Ils rament à contre-courant dans un pays qui ne leur tend pas la rame.

Ce n’est pas une plainte, c’est un cri. Un cri de ceux qui aiment ce pays, mais qui se sentent étrangers chez eux. Un cri de ceux qui veulent juste exister sans s’excuser d’avoir rêvé.

Il est temps de remettre l’église au centre du village. De cesser de demander aux jeunes de rentrer si c’est pour les laisser s’écraser contre les murs de la réalité. Il ne suffit pas d’aimer le Gabon. Il faut aussi que le Gabon aime ses enfants.

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Pourquoi sommes-nous si négligents entre nous ?

Pourquoi, lorsque nous devons faire un travail avec d’autres Gabonais, devenons-nous subitement mous, laxistes, négligents ? J’abuse peut-être. Ou peut-être pas. C’est en tout cas le constat que je fais. Et j’essaie de comprendre.

Peut-être que nous ne nous aimons pas assez. Je ne sais pas…

Dans ma vie professionnelle, j’ai croisé beaucoup de profils. Autant au Gabon qu’à l’international.
Je vais volontairement passer sur la partie internationale – ce n’est pas le sujet.
Ce qui m’intéresse ici, c’est cette dynamique étrange qui s’installe lorsqu’on travaille entre Gabonais.

Et je pèse mes mots : nous sommes capables de rigueur, tant que nous ne sommes pas entre nous.

Prenons un exemple banal. Une procédure à suivre pour une demande de visa :
Aucune ambiguïté. Aucun passe-droit. Aucun retard.
On réunit les documents, on prend rendez-vous en ligne, on respecte le protocole.
Sérieux. Efficacité. Respect des règles.

Mais dans une administration locale ?
Tout change.
Même pour l’opération la plus basique, on cherche un contact ou un “piston”.
Pourquoi ? Parce que bien souvent :
les procédures sont mal définies, mal communiquées, ou inexistantes,
les agents censés nous orienter sont absents, injoignables ou occupés à faire tout sauf leur travail,
la norme devient l’arrangement, l’exception devient la règle.

Et ici, on ne peut pas parler seulement des agents.
Les managers aussi ont une lourde part de responsabilité.
Ceux qui sont payés pour organiser le travail, mais qui ne sont jamais disponibles.
Ceux qui n’expliquent rien mais attendent tout.
Ceux qui t’accueillent dans une entreprise sans même prendre cinq minutes pour te former ou t’orienter.
Leur seule attente : “que tu fasses le travail” – comme par magie, sans outil, sans cadre.

Peut-être que tout cela tient à une chose plus profonde.
Peut-être que nous ne nous aimons pas assez.
Ou, dit autrement : peut-être que nous ne nous respectons pas assez.

J’ai souvent entendu cette phrase glaçante lors de mes échanges avec des prospects :
“Je ne savais pas que des Gabonais pouvaient faire ça.”

Ce n’est pas seulement blessant. C’est révélateur.
On ne croit pas en nous-mêmes.
On valorise davantage ce qui vient de l’étranger, non pas parce que c’est forcément mieux, mais parce que ça nous semble plus crédible. Plus sérieux. Plus contractuel.
Et pourtant, dès qu’un Gabonais ose appliquer cette même rigueur, on le taxe de “compliqué”.
On le met à l’écart.
Parce que la médiocrité est devenue la norme attendue.
Parce que trop bien faire dérange.

Alors non, je ne pense pas exagérer.

Ce n’est pas une affaire de compétence.
C’est une affaire de mentalité collective, de respect mutuel, de structures absentes et de confiance trahie.
C’est ce que nous devons combattre.
Pas demain. Maintenant.

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Femme au foyer ou pas, il faut travailler !

Travailler ce n’est pas seulement aller dans un bureau ou être directrice quelque part. Travailler c’est vendre, entreprendre, se débrouiller pour pouvoir s’en sortir.

Pourquoi le Féminisme encourage les femmes à travailler ? Ou même pourquoi moi je recommanderai toujours à mes sœurs, amies de travailler ?

1/ Un être humain a besoin de vie sociale, d’accomplir des choses, de mettre son énergie et sa passion dans quelque chose de rentable. Je ne doute pas du fait que pour certaines, être femme au foyer c’est un accomplissement pour elles, mais je dis juste que avoir une vie sociale, des collègues, des amis, prendre un verre avec des potes le soir, tout ça contribue à l’épanouissement d’un être humain.
Sauf que beaucoup de femmes en couple ou mariées ne sont plus des humains à part entière mais juste des épouses et mères.

2/ C’est dangereux de dépendre financièrement de quelqu’un. On a vu, on a entendu et même vécu ces histoires dans lesquelles les femmes ont choisi d’être femmes au foyer et, à la mort du mari, se sont retrouvées à pleurer car au final il fallait assumer toutes les charges seules sans travail.
Le travail sécurise la femme, il permet de lui garantir une porte de sortie également en cas de mariage abusif.
Si tu as 0f et que la personne qui te traumatise est aussi ta source de revenu, c’est très dur de sortir de là.

Bref, je vous vois venir avec vos « Arrêtez d’imposer, chacun fait ce qu’il veut. »
Je n’impose pas, je donne mon avis : cherchez l’argent, laissez d’abord les hommes, construisez-vous, soyez des femmes accomplies.
Vous passez votre temps à mettre votre énergie sur vos enfants, et quand ils grandissent vous attendez d’eux qu’ils mettent la même énergie sur vous.
Au final vous êtes déçues et les traitez d’égoïstes. Non, ils veulent juste faire le choix que vous n’avez pas su faire.

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Bonne fête du travail (fais ton travail)

Esclavagisés. Oui, c’est bien le mot. Dans bien des entreprises au Gabon, les travailleurs ne sont pas employés : ils sont tenus en laisse par des patrons qui ont « le bras long » à l’Inspection du travail. Le Code du travail ? Bafoué sans honte. Les droits des salariés ? Ignorés ou piétinés.

Et pendant ce temps, les travailleurs – souvent mal informés, souvent apeurés – acceptent les miettes qu’on leur tend. Pourquoi ? Parce que la peur est devenue une norme. Et que dans ce pays, la lâcheté s’exprime en une phrase devenue presque proverbiale : « On va encore faire comment ? »

Les employeurs, eux, s’en donnent à cœur joie. Faux bulletins de paie, manipulation d’horaires, magouilles administratives, intimidations en coulisses. Certains vont jusqu’à falsifier les fiches de salaires, font du trafic d’influence leur sport favori, mentent, trompent, et se croient au-dessus des lois. Intouchables. Inatteignables. Et toujours confortablement enrichis, pendant que leurs employés – ou devrions-nous dire leurs “employés-esclaves” – s’enfoncent dans la précarité.

Ce qu’on observe dans beaucoup d’entreprises au Gabon, c’est un enrichissement illicite masqué sous des titres ronflants de “direction”, “management”, ou “performance”. Une dynamique toxique qui empêche les Gabonais de vivre dignement, de s’occuper de leurs familles, de faire face à leurs responsabilités. Travailler, oui. Mais à quel prix ?

Alors il faut poser la question qui fâche : les travailleurs se sont-ils habitués à leurs chaînes ? Ont-ils fini par accepter l’inacceptable comme un destin ? Car tant que les autorités compétentes ne se pencheront pas, sincèrement et rigoureusement, sur cette réalité ; tant que les inspections du travail ne joueront pas leur rôle ; tant que les syndicalistes ne chercheront pas à entendre les deux versions – celle des employeurs et celle des employés – pour faire la lumière sur les abus, rien ne changera. On continuera à se souhaiter « bonne fête du travail » dans l’hypocrisie.

Alors oui : bonne fête du travail.
Mais surtout, fais ton travail.

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On ne se fait pas tout seul

Je sais combien la légende du self Made man est tenace mais voici une vérité : on ne se fait pas seul.

Une carrière professionnelle, comme une vie, est faite de rencontres et de circonstances.
Un expert, dans un podcast, le disait très justement : « Un talent qui n’est pas exploité, ou qu’on n’aide pas à éclore, reste à jamais un simple potentiel. »

Les rencontres dessinent notre histoire. Elles changent une trajectoire, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Mais seuls, vraiment seuls, on se fait rarement.

Une idée, sans quelqu’un pour y croire et s’y investir, ne va jamais bien loin.
Un potentiel, sans la main tendue pour le révéler, s’endort et se dissipe.

Les carrières se construisent au fil de ces rencontres, surtout de celles qui créent des opportunités.
Ces personnes qui nous accordent leur confiance, partagent leur savoir, leur réseau, leur expérience, et nous permettent, nous aussi, d’évoluer.

On n’obtient pas une promotion parce qu’on l’a décidé.
Même avec toute la volonté du monde, cela reste souvent un vote de confiance.
Quelqu’un, quelque part, a cru en nous.
Quelqu’un nous a encouragé, conseillé, parfois recadré.

Finalement, on se construit en saisissant les mains qu’on nous tend.
Et c’est cela qui est beau.

Je vois la réussite comme une courte échelle que d’autres nous tendent pour nous hisser plus haut.

Aujourd’hui, je dédie ce texte à ma première tutrice de stage.
Un jour de juillet 2015, alors que je songeais à abandonner mes études de Droit, elle m’a tendu la main et m’a dit :
« Viens faire un stage. Tu verras, la Banque c’est intéressant. Tu réussiras là-dedans. »

Merci d’avoir cru en moi.
Qu’elle repose en paix.

Et merci aussi à tous les managers croisés sur mon chemin,
à ceux qui m’ont fait confiance,
qui m’ont permis d’apprendre,
d’avancer,
et de grandir.

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La jalousie professionnelle : quand l’excellence devient une menace

Dans un monde idéal, être compétent, rigoureux et efficace devrait être une source d’inspiration pour les autres. Malheureusement, dans bien des environnements professionnels, exceller attire autant l’admiration que l’animosité.

Vous êtes ce collègue qui arrive à l’heure, qui respecte les délais, qui anticipe les problèmes et propose des solutions. Celui ou celle qui, sans fanfaronnade, fait son travail avec sérieux et constance. Et pourtant, au lieu d’être perçu comme un atout, vous devenez une cible. On vous soupçonne de vouloir “briller”, de chercher à “vous faire voir“, voire de menacer un équilibre invisible où la médiocrité est un refuge confortable.

Et derrière ces regards en biais, ces remarques faussement anodines, ces silences qui en disent long, il y a une injonction silencieuse mais oppressante : “Fais-toi plus discret. Moins visible. Que ta compétence ne nous rappelle pas nos propres limites.”

C’est à chaque fois une invitation à essayer d’être plus silencieux, histoire que la prétendue intelligence se voit moins et cesse donc d’intimider les éventuels vis-à-vis. Ou alors un avertissement à peine voilé : “Ne sois pas surpris si on ne veut plus ou pas du tout de toi.”

Ce conditionnement est insidieux. Il pousse à s’effacer pour ne pas déranger, jusqu’à faire croire que le problème vient de soi alors qu’il est dans le regard des autres. On apprend, souvent trop tôt, que briller dérange. Que trop d’assurance fait peur. Que trop de compétences mettent mal à l’aise. Alors, pour éviter les conflits, on rogne, on lisse, on édulcore. On devient une version atténuée de soi-même, persuadé que c’est la seule façon d’être accepté.

Mais à quel prix ?

Parce qu’à force de plier, on se casse. À force de taire ce qui fait notre force, on finit par ne plus savoir qui on est sans ce filtre d’auto-censure. Et c’est là que le piège se referme : en croyant éviter le rejet, on s’enferme dans des relations, des environnements où l’on doit sans cesse se justifier d’exister pleinement.

De la frustration à la malveillance : quand la jalousie se transforme en danger

Il faut être lucide : certains ne se contenteront pas de murmurer dans votre dos. Ils vont nourrir une frustration silencieuse qui peut se transformer en haine pure. Ils vont ruminer, vous observer, s’empoisonner eux-mêmes de jalousie jusqu’à tenter de vous empoisonner pour de vrai.

On parle ici de malveillance active. De ces collègues ou supérieurs qui ne reculeront devant rien pour vous nuire. D’abord en douce, par des rumeurs, des sabotages, des blocages de promotion. Puis parfois, par des moyens plus sombres : intimidation, accidents “arrangés”, attaques spirituelles, voire violences physiques.

Et le plus ironique ? Vous ne faites pas tout cela pour de l’argent. Vous ne travaillez pas plus dur parce que vous espérez une augmentation chaque matin. Vous le faites par conscience professionnelle. Parce que vous aimez bien faire les choses. Parce que le travail bien fait est une récompense en soi. Mais certains ne comprendront jamais ça.

Dans leur logique, si vous êtes autant impliqué, c’est que vous avez un plan caché. Ils ne peuvent pas concevoir qu’on puisse simplement aimer bien faire son travail, même sans contrepartie immédiate. Alors, ils chercheront à vous briser, juste parce que vous êtes une personne consciencieuse.

NE SOYEZ PAS NAÏF : TRAVAILLEZ, MAIS PROTÉGEZ-VOUS AUSSI

Il y a des endroits où croire en soi ne suffit pas. L’effort, l’intelligence, la rigueur sont indispensables, mais ils ne font pas tout. Dans certains environnements, il faut ajouter Dieu ou les ancêtres à l’équation.

Il faut prier. Il faut se protéger. Il faut écouter son instinct et ne négliger aucun signe, aucun conseil. Un malaise en présence de quelqu’un, un avertissement venu d’une personne bienveillante, une sensation étrange devant une boisson qu’on vous offre… rien n’est anodin.

Soyez méfiant. Travaillez bien, mais sachez que tout le monde ne veut pas vous voir réussir. Certains veulent vous voir tomber. Ne leur en donnez pas l’occasion.

Ne changez pas, mais soyez prêts

Il serait tentant de ralentir, d’en faire moins, de se fondre dans la masse pour éviter les tensions. Mais une question se pose : que vaut une acceptation qui repose sur un effacement de soi ? Quelle est la valeur d’une place qu’on ne peut garder qu’à condition de ne pas être entièrement soi-même ?

Ceux qui vous envient ne vous donneront jamais la validation que vous cherchez. Même si vous baissiez votre niveau, ils trouveraient autre chose à critiquer.

La meilleure réponse ? CONTINUER. Travailler avec la même rigueur, ne pas s’excuser d’être performant, et surtout, ne pas chercher à plaire à ceux qui ont choisi de voir en vous un problème plutôt qu’une inspiration.

Mais tout en avançant, priez. Protégez-vous. Restez vigilants. Ceux qui doivent reconnaître votre mérite le feront, tôt ou tard. Quant aux autres… eh bien, qu’ils essayent seulement.

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Les heures supplémentaires au Gabon : un esclavage moderne déguisé ?

Au Gabon, travailler au-delà des horaires officiels est rarement une exception. C’est une habitude, une norme tacite, une attente déguisée en “engagement professionnel”. Pire encore, ces heures supplémentaires ne sont ni payées ni reconnues. Mais elles sont exigées, imposées et parfois même brandies comme un critère de loyauté envers l’entreprise.

Si vous osez rappeler vos horaires contractuels, on vous qualifiera d’individualiste, de fainéant, voire de mauvais élément. Pourtant, travailler gratuitement en dehors de ses heures n’est pas un acte de bravoure, mais une exploitation subtilement maquillée. C’est le paradoxe de la ponctualité à géométrie variable.

Il y a une ironie cruelle dans cette culture du travail extensible à l’infini. Ceux qui vous appellent à pas d’heure pour exiger un rapport, un fichier ou une intervention d’urgence sont les mêmes qui exigeront de vous une ponctualité militaire à l’arrivée au bureau.

Votre manager peut vous solliciter à 22h, un dimanche, pour “un petit truc rapide” qui prendra finalement deux heures. Mais si vous arrivez cinq minutes en retard le lundi matin, il vous fera un sermon sur la rigueur et la discipline. Où est la logique ?

La réalité, c’est que le respect des horaires ne fonctionne que dans un seul sens : en faveur de l’employeur. Le salarié, lui, est censé être disponible à toute heure, mais doit éviter à tout prix d’être en retard ou de quitter le bureau à l’heure pile.

Un climat de stress permanent

Ce genre de pratiques crée un environnement anxiogène, où le salarié n’a jamais vraiment de temps pour lui. Impossible de se détendre après le travail, car son téléphone peut sonner à tout moment avec une “petite urgence”. Ce harcèlement déguisé en exigence professionnelle a des conséquences graves :

  • Fatigue mentale et physique
  • Manque de sommeil dû aux sollicitations nocturnes
  • Anxiété chronique liée à la pression permanente
  • Perte de motivation et burn-out

Et pourtant, personne ne voit ça comme un problème. On préfère se convaincre que c’est “normal” ou “partie du jeu”. Mais quel jeu ? Celui où seul l’employeur gagne, pendant que l’employé perd en qualité de vie et en santé mentale ?

ET C’EST PIRE DANS LES STARTUPS ET ENTREPRISES TOXIQUES où l’abus devient un modèle économique

Certaines entreprises et startups, notamment dans le digital, la communication et les médias, sont les pires dans ce domaine. Elles vendent une image “cool” avec des bureaux modernes et une ambiance “start-up nation”, mais leurs pratiques sont dignes du servage.

Les horaires flous : “On commence à 8h, mais on ne sait jamais à quelle heure on termine.”

Les obligations déguisées : “C’est pas obligatoire, mais si tu refuses, on va le noter.”

Les week-ends sacrifiés : “On a un événement samedi, donc tout le monde est mobilisé.”

Les WhatsApp nocturnes : “On va faire un point rapide, il est juste 23h.”

Dans ces structures, le droit à la déconnexion n’existe pas, et revendiquer une limite est vu comme un manque d’implication. Pourtant, ailleurs dans le monde, ces pratiques sont sanctionnées.

Il est temps de dire non

Travailler, oui. Se faire exploiter, non. Il est grand temps que les employés gabonais prennent conscience de leurs droits et arrêtent de normaliser ces abus. APPRENEZ VOS DROITS.

Les employeurs doivent comprendre que le respect du temps de travail est une obligation légale et morale. Et si les salariés continuent de subir en silence, alors rien ne changera.

La question est simple : jusqu’à quand allons-nous accepter d’être des employés corvéables à merci surtout quand le salaire ne suit pas ?

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Ces nouveaux “contrats” : les stages interminables et les emplois précaires

Le marché du travail est cet endroit où se rencontre la demande effectuée par les employeurs qui recherchent des compétences et de la force de travail, et l’offre disponible auprès des chercheurs d’emploi.

Aujourd’hui, le contexte économique difficile & l’inadéquation formation-emploi rendent ce marché totalement déséquilibré. C’est un fait. 

Mais à mon sens cela n’excuse pas totalement le comportement véreux des entreprises et des employeurs. Aujourd’hui dans notre pays le Gabon, des entreprises proposent à des personnes compétentes et expérimentées des stages à peine rémunérés au SMIG d’une durée de 6 à 18 mois, ou encore des prestations rémunérées au SMIG sans perspective d’évolution de carrière ni de salaire

Mais les plus pernicieux dans cette situation restent les entreprises qui passent par des sociétés d’intérim. Ces dernières proposant des contrats de prestations renouvelable chaque mois et souvent sans assurance maladie ni congés payés.

On peut nous dire quelle est l’utilité de ces sociétés d’intérim ? Et pourquoi pullulent-elles en ce moment ?

Ces phénomènes qui gangrènent le marché de l’emploi gabonais sont la cause principale de la précarité chez les jeunes adultes qui aujourd’hui n’arrivent pas à se prendre en charge à 100%. Ils sont sujets à l’endettement, à la mendicité et pire font face au stress quotidien et à une dépression sans nom.

Cet article décrit les faits et situations actuelles dans le marché du travail gabonais mais de nombreuses questions se posent : 

  • Quelle politique réelle est mise en place pour diminuer le déséquilibre entre « offreurs » et « demandeurs » ?
  • Les politiques publiques en termes d’emploi ne devraient-elles pas s’associer à l’éducation nationale et à l’enseignement supérieur pour trouver des solutions concrètes ?
  • Quid d’une politique de réorientation professionnelle facile ?

– Miss Ka

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