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« Demande-toi ce que tu fais pour ton pays », Puis quoi encore ?

C’est souvent ce qu’on nous balance dès qu’on ose rappeler à l’État ses responsabilités. Comme si les impôts et les taxes collectés ne servaient qu’à nourrir une oligarchie, pendant que le reste du peuple peine à respirer.

Cette phrase est tellement ancrée dans notre culture que beaucoup, aujourd’hui, ne réclament plus rien à l’État. Pire : ils reprochent à ceux qui connaissent leurs droits et osent les revendiquer, d’en demander trop.

On nous répète que si ce que l’État propose ne nous satisfait pas, alors on n’a qu’à le créer nous-mêmes, avec les miettes qu’il nous reste. Et pourtant, certains continuent d’essayer, avec presque rien, de bâtir quelque chose pour leurs compatriotes — que ce soit des emplois, des espaces culturels ou de simples moments de respiration collective.

Mais au lieu de reconnaître les échecs et de corriger le tir, l’État persiste dans la gabegie : il offre des véhicules hors de prix à certains, pendant qu’il supprime les bourses, en invoquant un prétendu manque de moyens.

Et lorsque certains arrivent à s’en sortir malgré tout, l’État revient les taxer, comme s’il avait été là au départ. Beaucoup finissent par abandonner, lessivés par un système qui ne leur donne rien mais leur prend tout.

Et puis il y a ce paradoxe : on te dit de « faire pour ton pays ». Très bien. Mais quand tu t’y essaies, l’État devrait t’encourager. Au lieu de ça, ce sont parfois les mêmes hauts cadres, gonflés de salaires et d’avantages, qui se transforment en concurrents directs, en utilisant les moyens publics pour tuer dans l’œuf ce que d’autres essaient de construire à la sueur de leur front.

C’est ça, aussi, le découragement.

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Femme au foyer ou pas, il faut travailler !

Travailler ce n’est pas seulement aller dans un bureau ou être directrice quelque part. Travailler c’est vendre, entreprendre, se débrouiller pour pouvoir s’en sortir.

Pourquoi le Féminisme encourage les femmes à travailler ? Ou même pourquoi moi je recommanderai toujours à mes sœurs, amies de travailler ?

1/ Un être humain a besoin de vie sociale, d’accomplir des choses, de mettre son énergie et sa passion dans quelque chose de rentable. Je ne doute pas du fait que pour certaines, être femme au foyer c’est un accomplissement pour elles, mais je dis juste que avoir une vie sociale, des collègues, des amis, prendre un verre avec des potes le soir, tout ça contribue à l’épanouissement d’un être humain.
Sauf que beaucoup de femmes en couple ou mariées ne sont plus des humains à part entière mais juste des épouses et mères.

2/ C’est dangereux de dépendre financièrement de quelqu’un. On a vu, on a entendu et même vécu ces histoires dans lesquelles les femmes ont choisi d’être femmes au foyer et, à la mort du mari, se sont retrouvées à pleurer car au final il fallait assumer toutes les charges seules sans travail.
Le travail sécurise la femme, il permet de lui garantir une porte de sortie également en cas de mariage abusif.
Si tu as 0f et que la personne qui te traumatise est aussi ta source de revenu, c’est très dur de sortir de là.

Bref, je vous vois venir avec vos « Arrêtez d’imposer, chacun fait ce qu’il veut. »
Je n’impose pas, je donne mon avis : cherchez l’argent, laissez d’abord les hommes, construisez-vous, soyez des femmes accomplies.
Vous passez votre temps à mettre votre énergie sur vos enfants, et quand ils grandissent vous attendez d’eux qu’ils mettent la même énergie sur vous.
Au final vous êtes déçues et les traitez d’égoïstes. Non, ils veulent juste faire le choix que vous n’avez pas su faire.

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Une mallette pleine de papiers

Je me suis récemment surpris à essayer de me souvenir des entrepreneurs que j’ai connus dans mon enfance. À vrai dire, il y en avait très peu. Très, très peu. Autour de moi, les modèles de réussite étaient clairs : obtenir un bon diplôme, intégrer la fonction publique ou une grande entreprise, et y faire carrière jusqu’à la retraite.

L’entrepreneuriat ? C’était un mot flou. Une idée un peu farfelue. Parfois même un synonyme d’échec.

Il faut comprendre le contexte. Le Gabon des années 80-90 baignait encore dans une relative opulence, soutenue par la manne pétrolière. Le pays offrait alors à une minorité des emplois stables, bien rémunérés, et surtout perçus comme des ascenseurs sociaux sûrs. Travailler à la SEEG, à la CNSS, ou au Trésor Public, c’était “réussir”. Dans l’imaginaire collectif, ce n’était pas seulement respectable, c’était rassurant. Quitter ces postes-là pour “se mettre à son compte”, c’était incompréhensible.

Je me souviens d’un ami de la famille. Il avait quitté un poste confortable à la SEEG – il était chef de service, ingénieur, cadre. Autant dire une valeur sûre. Il voulait “monter sa boîte”. Personne ne comprenait. À voix basse, certains le prenaient pour un fou, d’autres pour un flemmard qui ne voulait plus “se lever tôt pour aller bosser”.

Dans la famille, quelques oncles et tantes étaient “dans les affaires”. Mais on ne comprenait jamais vraiment ce qu’ils faisaient. Ils parlaient d’investissements, de “projets à venir”, de “rentrées d’argent” hypothétiques. Il y en avait un en particulier qui traînait toujours une mallette pleine de papiers. Il faisait le tour de la famille pour proposer d’investir dans son idée, sans que personne ne sache trop dans quoi il voulait vraiment se lancer. Pour les anciens, ce genre de profil n’était pas un entrepreneur, mais un rêveur, voire un parasite.

Et pourtant, derrière ces regards moqueurs ou méfiants, il y avait une autre réalité, beaucoup plus rude. Ces “entrepreneurs” tentaient d’exister dans un pays où le système ne leur laissait presque aucune chance. Il n’y avait ni structure d’accompagnement digne de ce nom, ni écosystème solide, encore moins de culture du risque ou de l’innovation. Il fallait se battre contre l’administration, la lenteur des processus, le manque de financements, et l’absence totale de reconnaissance sociale.

Aujourd’hui encore, malgré les discours sur “l’auto-emploi” et “la jeunesse entreprenante”, cette perception persiste. Être entrepreneur au Gabon, c’est souvent être regardé avec suspicion, comme si c’était un plan B pour ceux qui n’ont pas trouvé de “vrai travail”.

Mais peut-être que notre génération peut changer cette image. En racontant nos histoires. En valorisant nos parcours, nos réussites comme nos échecs. En montrant que ce qu’on appelle “l’entrepreneuriat” n’est pas une fuite, mais une construction – parfois chaotique, souvent solitaire, mais profondément nécessaire.

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Quand l’entrepreneuriat au Gabon devient un test de cardio pour les braves

On aime bien dire que les Gabonais sont paresseux, n’est-ce pas ? Qu’on aime le bureau et qu’on considère les ” petits métiers” comme étant des faux ways. Pourtant, dès qu’on parle d’entrepreneuriat, c’est le marathon et il faut du cardio. Pas d’accompagnement, tout est compliqué, et à chaque virage, une nouvelle taxe surgit. Le parcours est tellement semé d’embûches que beaucoup finissent par jeter l’éponge. Vous l’avez deviné, aujourd’hui on va parler des « Falamen et Falawomen ».

Si seulement se lancer en affaires au Gabon était aussi simple qu’on le prétend, tout le monde serait patron, non ? Mais la réalité, c’est que l’entrepreneur Gabonais, avant même de réaliser son premier bénéfice, doit d’abord survivre à un véritable parcours du combattant. Entre démarches administratives interminables, absence de financement, et harcèlement fiscal, ceux qui s’aventurent sur ce chemin ont besoin d’un cœur solide et d’une détermination à toute épreuve. On n’est pas ici pour les faibles du mental. D’ailleurs même parfois ton ennemi n’est pas loin, c’est net ta famille 😭😭, ils veulent le ngori ou alors petit bénéfice que tu fais, on va dire que l’enfant a avalé la pointe tok

Prenons l’exemple de Mariama. Elle avait lancé TuberChips, une marque qui faisait plaisir aux papilles des Gabonais. Mais faute de soutien, elle a dû mettre la clé sous la porte et malheureusement des cas comme ça sont légions. 

Et que dire des jeunes à la gare routière qui vendent du « Moutouki » ? Ces braves, qui veulent juste se débrouiller, sont sans cesse chassés ou taxés, sans qu’aucune place décente ne leur soit accordée. On leur complique la vie au lieu de les aider alors que beaucoup sont des étudiants et grâce à ce commerce ils arrivent à joindre les deux bouts. Je ne dis pas qu’ils sont parfaits, eux aussi parfois ils ne sont pas à jour, parfois ils n’ont pas l’information, parfois ils vendent plus cher qu’en magasin (mais les gars vous êtes fous hein ? 😭😭 Vous faites les chemises à 15.000 au moutouki ? Non frangin si tu me lis sache que tu n’iras pas vite au paradis).

Alors oui, félicitons l’État pour les projets comme « un Gabonais, un taxi » et la création de la banque de l’entrepreneuriat qui devrait financièrement aider plein de projets. Mais il faut aussi dire les choses comme elles sont : cette fameuse banque, qui en a vraiment entendu parler ? La communication laisse franchement à désirer. Comment on obtient un financement ? Qui y a droit ? Quels sont les mécanismes de contrôle ? Tout ça on veut et on doit savoir. En fait hein, mettez tout ça sur le net, ne faites pas les choses comme si c’était la loge et qu’on devait cacher certaines pratiques. On dirait les parents qui demandent d’envoyer les CV après ils ne donnent plus de nouvelles. 

TU VEUX ABANDONNER ? EST-CE QUE TU VEUX ABANDONNER ?

Les Gabonais qui font des « petits métiers » sont nombreux, mais qui les met en avant ? Ils vivent au jour le jour, parce que l’entrepreneuriat, c’est du cardio, et tout le monde n’a pas les poumons pour tenir la distance. Moi qui vous parle là, moins 1 j’étais asthmatique, je ne vais pas me lancer dans un truc qui va en plus me donner la tension. Pardon, je ne suis pas patient. Je veux bien faire les choses mais entre les gens qui demandent le prix alors que c’est écrit et ceux qui pensent que le « client est roi » signifie être impoli, zélé, je ne suis pas dedans. Mais sincèrement, j’admire le courage de ceux qui se mettent dans ça. 

À tous les « Falamen » et « Falawomen » qui se battent chaque jour, ne lâchez rien. Abandonner, c’est laisser la porte ouverte au nguembé. On reste debout, toujours. Par contre, faites aussi des études de marché, ne lancez pas les mêmes activités que les autres juste parce que c’est trendy, faites semblant de réfléchir. Mettez le paquet sur la communication et si le produit est bon, vous aurez notre soutien et notre argent. Par contre, quand l’entreprise marche et que vous commencez à embaucher les gens, traitez les comme des humains, les gens qui travaillent pour vous sont des humains et méritent du respect. Les “ patrons” “lady boss” “Self Made man” qui traitent mal leurs employés sont nombreux mais bon, ça, on en parlera une prochaine fois. 

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